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 calcio proletario

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buenaventura
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buenaventura


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Date d'inscription : 17/02/2005

calcio proletario Empty
MessageSujet: calcio proletario   calcio proletario EmptySam 23 Avr - 15:45

du foooooot, à nos mesures...

mixte, anticap/patrirca/faf...



Histoire/article
Le franquisme utilisait le foot pour gagner sa respectabilité


SÉBASTIEN FARRÉ*

Paru le Mardi 05 Avril 2005



. OBSERVATOIRE - Dimanche aura lieu une énième confrontation entre Real Madrid et Barcelone. Leur rivalité dépasse largement le cadre sportif.

Een Espagne, ce dimanche n'est pas un jour comme les autres. A l'heure du dîner, les principales avenues des grandes villes seront étrangement vides, alors que bars et restaurants connaîtront une affluence inhabituelle. Deux fois par année, à l'occasion du grand «classique» opposant le FCBarcelone au Real Madrid, les Espagnols se réunissent avec enthousiasme pour célébrer leur dévotion au ballon rond.
Durant quelques heures, le destin de la nation semble dépendre de l'issue incertaine d'une rencontre de football. Ce moment de communion collective donne l'occasion à la société espagnole de revendiquer la vitalité et le succès économique d'un pays, longtemps frustré de sa grandeur passée. Sur la scène médiatique mondiale, chaque équipe présentera ses mercenaires, les plus chers et les plus cotisés.
Toutefois, la particularité de cet affrontement tient essentiellement à sa dimension symbolique. Les deux clubs, relayés par les médias, mobiliseront, les jours précédant la rencontre, leurs supporters en rappelant les nombreux antagonismes qui les opposent irrémédiablement. Le Real évoquera le caractère universel de son institution, le club des stars, le plus titré, le plus prestigieux. Le Barça affirmera sa dimension sociale, avec plus de 105000 adhérents («socis») et l'identité d'une équipe offrant traditionnellement un jeu offensif et collectif. Dans la presse, d'autres associations seront tissées: le Madrid, le club de tous les Espagnols, de l'administration centrale, d'Aznar, de Franco, contre le Barça, l'équipe de tous les Catalans, de la périphérie, de Zapatero. On le comprend, l'impact social de cet événement sportif tient essentiellement à sa capacité d'incarner les divisions qui continuent de partager les Espagnols, de permettre la projection des imaginaires collectifs, bref, de mettre en scène l'affrontement entre les deux Espagne.
AVANT 1950, LE FOOTBALL INTÉRESSAIT PEU LE RÉGIME FRANQUISTE

Paradigme de la vie collective espagnole, le succès démesuré du football trouve son origine durant la période franquiste. Certes, depuis les années 1920, le football était devenu un spectacle populaire, qui rassemblait d'importantes foules, qui faisait l'objet d'une presse spécialisée. Cependant, ce n'est pas avant les années 1950 que les clubs espagnols s'imposèrent sur la scène internationale. Avant cette date, le football n'avait suscité qu'un intérêt limité au sein du régime franquiste. Il s'agissait finalement d'un sport d'origine étrangère, au contraire notamment de la corrida, spectacle «authentiquement» espagnol.
A l'opposé des régimes fasciste ou nazi, le franquisme était réticent face aux grandes mobilisations sociales. L'Espagne sortait profondément divisée de la guerre civile et le football avait été utilisé comme moyen de propagande par la République. Celle-ci avait notamment organisé des tournées internationales durant la guerre civile. Enfin, le terrain du Barça avait été, dans le passé, un lieu de manifestations catalanistes contre l'administration centrale. En 1925, le club avait été notamment suspendu pour une période de six mois après des incidents (l'hymne espagnol avait été sifflé par le public). Aussi, durant les années 1940, le régime se limita à imposer des dirigeants dans les différents clubs afin de garantir leur épuration politique et leur soumission au pouvoir. Exceptée la presse sportive sous le contrôle des milieux phalangistes (notamment le journal Marca), le football et le sport en général furent longtemps placés sous la tutelle des militaires. Le général Moscardo, héros de l'Alcazar durant la guerre civile, occupait le poste de délégué national aux sports et de président du Comité olympique espagnol. L'ordre et la stabilité sociale primaient sur d'autres considérations de caractère politique et de propagande.
Depuis la moitié des années 1950 jusqu'au début des années 1960, trois facteurs modifièrent fondamentalement les relations entre le régime et le football. Premièrement, la popularité de ce sport restait intacte. Il avait notamment joué, depuis la fin de la guerre civile, un rôle de remède social pour une population plongée dans la misère et les restrictions alimentaires. En outre, après de longues années de paralysie, la croissance progressive de l'économie espagnole offrait une nouvelle légitimité au régime. Sous le slogan «25 années de paix», le franquisme revendiquait un modèle garantissant la stabilité politique, mais aussi modernité et progrès aux foyers espagnols. Le football traduisait le développement des loisirs dans la péninsule et l'existence de grands stades devait symboliser la vitalité d'une société urbaine et moderne.
Deuxièmement, le football participa à la réintégration progressive de l'Espagne franquiste dans le bloc occidental. Longtemps isolé pour ses liens avec Mussolini et Hitler, le régime réussit à s'adapter à la nouvelle conjoncture de la guerre froide. Allié de Washington, l'Espagne de Franco fut réadmise en 1955 à l'ONU. Dès lors, on comprend que l'organisation, cette même année, d'une compétition entre les principaux clubs européens représentait une opportunité unique pour poursuivre ce processus de normalisation diplomatique. Bénéficiant des meilleurs joueurs (Di Stefano, Puskas), le Real s'affirma rapidement comme «le meilleur ambassadeur du pays». Ses performances sportives (le club remporta les cinq premières éditions de la Coupe d'Europe) l'imposèrent comme une référence sportive, tout en offrant au régime une image séduisante, associée au succès. Il n'est pas étonnant qu'aujourd'hui encore le président du Real utilise Di Stefano et cette période comme une référence identitaire pour son projet médiatico-sportif, qui aspire à imposer le Real comme le club le plus puissant de la planète.

UN TÉMOIGNAGE DE LA DIMENSION POLYMORPHE DU FOOTBALL

Alors que le club madrilène devenait l'icône du régime, l'équipe catalane bénéficiait du réveil des revendications nationalistes contre la tutelle du régime. Le Barça représenta à partir des années 1950 à la fois un exutoire, mais aussi un instrument privilégié de résistance et de reconstruction de l'identité catalane. Dès lors, les couleurs bleu et grenat de l'équipe (un héritage laissé par le fondateur du club, le bâlois Hans Gamper) remplacèrent les couleurs rouges et or du drapeau catalan. La participation croissante des «socis» à la vie et aux élections présidentielles du club permettait de recréer un espace d'expression collective. Enfin la rivalité avec le club de Franco offrait, en cas de victoire, la possibilité de prendre une revanche sur le cours de l'histoire, ou au contraire, en cas de défaite, de voir là une nouvelle démonstration du statut de victime du peuple catalan contre l'imposition centrale. Le souvenir de l'exécution, durant la guerre civile, du président du Barça par les troupes nationalistes, de la défaite contre le Real 11-1 (en 1943), endossée suite à une visite de la police franquiste au vestiaire catalan et des décisions litigieuses de certains arbitres ne fit qu'alimenter ce discours, qui explique que le Barça représente l'un des piliers de l'identité catalane.
Au-delà de la rivalité sportive, cette rencontre constitue un témoignage de la dimension polymorphe du football. Illusion compensatoire, révélateur des antagonismes politiques, catalyseur des revendications nationalistes, enjeu de lutte économique et représentation allégorique des valeurs collectives contemporaines, il représente un phénomène complexe qui offre un observatoire privilégié pour comprendre nos sociétés.
*Historien
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