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 Karl Korsch

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kamchatk
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MessageSujet: Karl Korsch   Karl Korsch EmptyLun 16 Oct - 13:13

Ce texte sur Karl Korsch, un marxiste révolutionnaire hétérodoxe, a été
trouvé en
anglais sur internet. Un compagnon du SIA en a assuré la traduction. Il
a été
publié dans le N° 25 (juin 2006) de « Solidarité », le journal du
Syndicat
Intercorporatif Anarchosyndicaliste de Caen.
On peut s’abonner à « Solidarité » pour 8 euros par an (4 numéros par
an, chèque à
l’ordre du SIA) à l’adresse suivante : SIA BP 257 14013 Caen cedex.
Toute reproduction/diffusion de ce texte est la bienvenue. On demande
simplement
d’indiquer la source. Bonne lecture.

KARL KORSCH : UN AMI MARXISTE DE L’ANARCHISME

Par A.R. Giles-Peters

Publié pour la première fois dans RED AND BLACK N°5 (Australie), avril
1973.

Karl Korsch (1886-1961), qui est aujourd’hui redécouvert par la «
nouvelle gauche
», était l’un des théoriciens majeurs du communisme de gauche. Des
trois
théoriciens majeurs du marxisme des années 1920 – Gramsci, Lukacs et
Korsch –
Korsch est immédiatement celui qui a le plus d’intérêt pour les
anarchistes et
également, je crois, le marxiste supérieur.
Les marxistes des années 20 ont un intérêt pour les anarchistes qui est
d’un ordre
très différent de ceux de toutes les autres périodes. La raison en est
que, durant
une brève période après la première guerre mondiale, le marxisme fut
une théorie
révolutionnaire comme il ne l’avait plus été depuis Marx et comme il ne
l’a plus
été ensuite (en laissant de coté son usage comme idéologie pour des
révolutions,
basiquement, de paysans nationalistes). Durant cette brève période, la
révolution
russe servit de point de ralliement pour des
intellectuels de gauche de toutes les nuances du rouge et du noir et
ceux-ci se
joignirent à des travailleurs anarchistes et socialistes d’une trempe
syndicaliste
pour former les bases des nouveaux partis de la Troisième
Internationale. A
l’exception de l’Espagne, les organisations anarchistes et
syndicalistes perdirent
partout du terrain face à ces nouveaux partis qui évoluèrent rapidement
vers des
organisation socialistes d’Etat bureaucratiques intéressées par le
contrôle du
mouvement de la classe ouvrière. Durant cette évolution les
anarchistes, les
syndicalistes et les socialistes de gauche qui avaient considéré comme
vraie la
promesse initiale de la Révolution Russe furent isolés, éliminés et
écartés par
l’organisation
supérieure du Parti de l’accès à la classe ouvrière qui seule pouvait
soutenir un
mouvement révolutionnaire. Karl Korsch fut l’une des victimes de ce
processus.
Bien que Gramsci ait été un partisan des conseils ouvriers, et qu’en
prison il ait
eu tendance à s’associer avec des syndicalistes, il ne devint pas un
opposant de
gauche au Komintern. Les raisons semblent être, premièrement, que le
problème
italien n’était pas la révolution mais la défense contre le fascisme ;
deuxièmement, que Gramsci était opposé au gauchisme abstrait de
Bordigua qui était
connecté avec l’ultra-gauche allemande ; et troisièmement, que
l’emprisonnement de
Gramsci l’ait gardé en sûreté et l’ait isolé des convulsions du
mouvement
international. Les cas de Korsch et Lukacs sont plus clairs. Lukacs
était membre
d’un groupe bourgeois marginal (l’intelligentsia juive) dans un pays
semi-féodal
(la Hongrie). Antérieurement à 1917 ses centres d’intérêts étaient
primitivement la
littérature bien qu’il ait été influencé par Szabo – un intellectuel
qui tenait son
syndicalisme de Sorel. Il n’est pas étonnant que sa position initiale
en tant que
révolutionnaire ait été utopique et abstraitement d’ultra-gauche, plus
tard son
évolution vers une position « droitière », presque sociale-démocrate («
Thèses de
Blum » 1929) était très raisonnable étant donné que la Hongrie cessa
d’être féodale
seulement en 1945. D’un autre coté, son compromis avec le stalinisme,
tout
partiel et « non sincère » qu’il ait prétendu avoir été, est dur à
pardonner.
La connaissance du mouvement ouvrier par Korsch était, à la fin de la
guerre, d’un
tout autre ordre que celui de Lukacs. Formé dans plusieurs universités
en économie,
droit, sociologie et philosophie, il devint docteur en jurisprudence en
1911 et
alla en Angleterre où il rejoignit la société Fabienne et étudia les
mouvements
syndicalistes et celui des associations socialistes. Il était déjà
opposé à
l’orthodoxie marxiste qui définissait le socialisme comme une négation
du
capitalisme par la nationalisation, voyait la venue du socialisme comme
inévitable
et concevait le marxisme comme une pure « science » séparée de la
pratique du
mouvement ouvrier. Son opposition à cette orthodoxie orienta
l’attention de Korsch
vers la préoccupation Fabienne pour la préparation des individus au
socialisme à
travers l’éducation et vers l’accent syndicaliste mis sur l’activité
consciente des
travailleurs comme base à la fois de la révolution et de la gestion
d’une
économie socialiste. Depuis ses tout premiers articles il mit
l’accent sur le
rôle de la conscience dans la lutte pour le socialisme et sur
l’importance de
l’auto-activité de la classe ouvrière. Après la guerre il développa ses
idées
plus avant en mettant au point des projets pour la socialisation
couplés avec le
contrôle ouvrier.
Au début de la guerre de 14-18, Korsch fut enrôlé dans l’armée
allemande et alla au
front, mais il était contre la guerre et, bien que blessé deux fois,
il ne porta
jamais d’armes lui-même. Il accueillit favorablement la formation du
mouvement
socialiste anti- guerre et rejoignit après la guerre le Parti
Socialiste
Indépendant (USPD). Toujours opposé au marxisme « orthodoxe » ou «
révisionniste
», il croyait à cette époque qu’un troisième courant, le « socialisme
pratique »,
avait été formé et était représenté par Luxembourg et Lénine. Pour
cette tendance
la transition au socialisme était un « acte humain conscient ». Korsch
devint
suffisamment léniniste en 1924 pour voir l’acte révolutionnaire comme
celui d’un
parti révolutionnaire de masse mais il voyait toujours le parti comme
un moyen
pour aboutir à une démocratie directe des conseils ouvriers. Bien qu’il
rejoignit
avec la majorité de l’USPD le Parti Communiste (KPD), il argumenta
contre les 21
conditions d’affiliation de Moscou ; en particulier il s’opposa à la
demande d’une
organisation parallèle illégale qui aurait été hors du contrôle des
masses du
parti. Malgré ses réserves, Korsch devint rapidement un leader du KPD.
Il devint
l’éditeur du journal du parti et député au Reichstag. Cela il le devait
à sa
prééminence théorique issue du fait, bien qu’il ait toujours rejeté le
« marxisme »
social-démocratique, qu’il avait été conduit au cours de ses études
de droit à
voir la société et l’économie comme les bases de systèmes légaux et,
durant la
brève libération du marxisme de l’orthodoxie, ses études
philosophiques,
sociologiques et économiques préalables lui servirent bien. Toutefois
la situation
changea bientôt ; après 1923 il était évidemment dans l’aile gauche du
KPD ;
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kamchatk
Invité




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MessageSujet: ...   Karl Korsch EmptyLun 16 Oct - 13:14

en
1924 son livre de 1923, Marxisme et Philosophie, fut dénoncé à la
réunion de
l’exécutif de l’Internationale Communiste et il fut écarté de sa
position
éditoriale en 1925 ; en 1926 il fut exclu du KPD. Selon Mattick,
Korsch avait
toujours une attitude critique envers l’Etat russe
émergeant mais dans les débuts de la révolution russe, quand toutes
les forces de
la réaction étaient déployées contre lui, il croyait qu’un
révolutionnaire devait
le soutenir. En outre, quoique la
révolution russe devait être une révolution capitaliste (i.e., sa
mission était de
développer le capital et le prolétariat dans la Russie
sous-développée), cela
avait encore une signification révolutionnaire si la brèche dans le
système mondial
pouvait être étendue vers l’ouest, en Allemagne. Dés que la Russie
eut atteint
son compromis avec l’Allemagne et d’autres pouvoirs capitalistes et
eut
transformé l’Internationale Communiste en un instrument à l’étranger
pour ses
propres objectifs nationaux, un révolutionnaire devait
rompre avec la Russie. Ainsi en 1926 il rejoignit la « Gauche Résolue
» - un
groupe d’ultra-gauche opposé à la nouvelle bureaucratie russe et à
son allié
allemand, le KPD. Plus tôt même il avait été en contact avec Sapranov
du groupe «
Centralisme démocratique » à l’intérieur du Parti russe qui croyait que
le
prolétariat russe devait rompre avec les bolchéviques. (Les vues de
Korsch sur ces
questions peuvent être trouvé dans l’article en français de Mattick.
Des vues
très similaires peuvent être trouvées dans La Société du Spectacle de
Guy Debord
dans la section « Le prolétariat comme sujet et comme représentation
».)
Malheureusement les articles politiques de Korsch sur le bolchévisme
ne sont pas
encore disponibles en anglais (1). D’un autre coté nous avons la
plupart de ses
articles sur la théorie marxiste et ceux-ci rendent évident pourquoi la
rupture
devait se produire. Dans son travail de 1923, Marxisme et philosophie,
Korsch
prétendait tenter de « restaurer » la position marxiste sur le sujet de
la même
manière, et pour les mêmes objectifs révolutionnaires, que Lénine
avait restaurer
la position marxiste sur l’Etat dans L’Etat et la
Révolution (un pamphlet dénoncé comme « anarchiste » par les autres
bolchéviques).
En fait ce qu’il fit ce fut montrer comment le marxisme était devenu
une idéologie
du mouvement ouvrier : pour
Korsch le marxisme, que ce soit avant 1848 dans sa forme philosophique
ou après
1848 dans sa forme « scientifique », ne fut ni une science ni une
philosophie, il
était la conscience théorique d’une pratique révolutionnaire
prolétarienne ou
bien il était une idéologie « marxiste » non reliée à une pratique ou
bien
dissimulant une pratique contre-révolutionnaire. Tout ceci était
placé dans un
contexte de violente attaque contre le marxisme orthodoxe de Kautsky,
et par
conséquent, disait Korsch, était contre la seconde
Internationale et pour la troisième Internationale. En disant ces
choses, Korsch
piétinait complètement cette orthodoxie marxiste, allemande ou russe,
sociale-démocratique ou bolchévique, prenant cela très à cœur.
En 1930 quand Korsch revint à la question d’écrire une anti-critique
il était
bien au fait de ce qui s’était produit. A son insu, il avait été «
coupable » de
déviation vis à vis de l’orthodoxie marxiste- léniniste émergeante,
basée sur
Kautsky et Plekhanov. Ainsi pour les russes il y avait une philosophie
marxiste
matérialiste (donnée dans « Matérialisme et empiro-criticisme » de
Lénine) et
aussi une science marxiste qui, suivant Kautsky, devait être apportée
au
prolétariat de l’extérieur par des intellectuels bourgeois (comme
exposé dans le «
Que faire ?» de Lénine). Ainsi ce que Korsch avait pensé être un
nouveau,
troisième, courant dans le marxisme était juste une nouvelle variante
idéologique
de la vieille orthodoxie marxiste. Les caractéristiques spéciales du
bolchévisme
étaient simplement un reflet des tâches spéciales que l’idéologie avait
à accomplir
dans la Russie sous-développée. La découverte de la nature
idéologique de la
théorie communiste et l’effondrement de tous les mouvements ouvriers
marxistes
révolutionnaires face à la contre-révolution impliquaient une
ré-évaluation du
marxisme.
Pour Korsch la théorie marxiste était l’expression générale du
mouvement
révolutionnaire existant. Lors de périodes contre-révolutionnaires le
marxisme
pouvait être davantage développé dans son contenu scientifique mais dés
que le
marxisme était développé comme une pure science séparée de sa
connexion avec le
mouvement prolétarien, il tendait à devenir une idéologie. Ainsi le
lien entre la
théorie et la pratique n’avait rien à voir avec l’application d’une
science mais
signifiait simplement que la théorie était la conscience articulée
d’un mouvement
révolutionnaire pratique. Ré-établir le lien requérait l’existence d’un
mouvement
révolutionnaire prolétarien et la purge du marxisme de tous ses
éléments
idéologiques et bourgeois. Le seul mouvement qui répondait à la
description dans
l’Europe des années 30 était le mouvement anarchiste espagnol aussi
Korsch, tout en
continuant son travail sur la théorie marxiste,
étudia également Bakounine et le mouvement anarchiste.
Dans son ouvrage de 1923 Korsch avait insisté sur le fait que le
marxisme
primitif était une continuation, dans un nouveau contexte, de la
théorie
révolutionnaire de la bourgeoisie, principalement de la tradition
idéaliste
allemande. Dans ses « Thèses sur Hegel et la révolution » de 1930, il
revint sur
cette question et il ré-évalua à la fois les théories hégéliennes et
marxistes. La
philosophie hégélienne n’était pas que la philosophie révolutionnaire
de la
bourgeoisie ; c’était la philosophie de la phase finale de la
révolution et donc également une philosophie de la restauration.
Ainsi la méthode
dialectique n’est pas le principe purement révolutionnaire que les
marxistes
imaginaient. Ainsi également la création d’une théorie de la
révolution
prolétarienne sur la base d’une dialectique « matérialisée » est
seulement une
phase
transitoire du mouvement ouvrier. Le marxisme n’est pas la théorie
d’une
révolution prolétarienne indépendante mais la théorie d’une
révolution
prolétarienne telle qu’elle se développe en dehors de la révolution
bourgeoise et
cette théorie montre ses origines : elle est encore teinté de théorie
révolutionnaire bourgeoise, c’est à dire de jacobinisme. Cela
signifie que la
politique marxiste demeure à
l’intérieur de l’orbite de la politique bourgeoise. Comme Korsch le
dit dans ses
« Dix thèses sur le marxisme aujourd’hui » de 1950, le marxisme
adhère
inconditionnellement aux formes politiques de la révolution
bourgeoise. La
rupture avec la politique bourgeoise a été portée seulement par les
mouvements
anarchiste et syndicaliste, dans la forme de la rupture avec la
politique en tant
que telle.
Seuls ces mouvements étaient encore révolutionnaires dans la pratique.
Pour Korsch
leur importance était qu’ils maintenaient encore l’idéal, sacrifié
partout
ailleurs, de la solidarité de classe au delà des intérêts matériels
immédiats et
qu’ils se basaient eux- mêmes sur l’auto-activité de la classe
ouvrière comme
exprimée dans le principe de l’action directe.
Quand la guerre civile espagnole éclata en 1936, Korsch soutint les
tentatives des
militants de la CNT pour introduire l’autogestion ouvrière en
opposition avec la
ligne politique des socialistes de droite, des staliniens et des
républicains
bourgeois. Ce développement d’une position syndicaliste opposé à la
position de
l’orthodoxie socialiste marxiste était parallèle à une
ré-interprétation du
marxisme.
Bien que Korsch demeura un marxiste, sa vision du marxisme devenait
de plus en
plus critique. En 1960 il avait complètement rejeté le marxisme comme
seule
théorie de la révolution prolétarienne et avait fait de Marx l’un,
parmi
d’autres, des nombreux précurseurs, fondateurs et promoteurs du
mouvement
socialiste ouvrier. En 1961 il travaillait sur une étude de Bakounine
et croyait
alors que la base d’une attitude révolutionnaire dans l’époque
bourgeoise moderne
serait une éthique que Marx aurait rejeté comme « anarchiste ». Dans
ses « Dix
thèses » de 1950 il avait aussi critiqué la surestimation marxiste de
l’Etat
comme un instrument de la révolution sociale et la théorie du
socialisme en 2
phases par laquelle l’émancipation réelle de la classe ouvrière est
remise à un
futur indéfini. Ainsi il rejetait explicitement les éléments du
marxisme qui
séparaient celui-ci de l’anarchisme.
L’œuvre de sa vie est à la fois une exposition et une critique du
marxisme depuis
une position politique proche de l’anarchisme. Bien que, comme Korsch
lui-même l’a
montré, le marxisme ne soit pas
suffisant pour un mouvement révolutionnaire moderne, une étude du
propre marxisme
de Korsch permet de préserver les meilleurs éléments de l’héritage du
mouvement
ouvrier classique.


NOTES

(1) Alors que cela était certainement vrai au moment où l’article fut
écrit, entre
temps plusieurs collections des ouvrages de Korsch sont apparus en
anglais. Voir
particulièrement le numéro spécial de TELOS dédié à Korsch et
l’anthologie de
Korsch de Douglas Kellner, qui est encore à l’impression en 1997- Note
de
Collective Action Note)


BIBLIOGRAPHIE
GERLACH, Erick: "Karl Korsch's Undogmatic Marxism," International
Socialism, V,
19, hiver 1964/5.
HALLIDAY, Fred: "Introduction" in Karl Korsch's Marxism and Philosophy.
(New Left
Books edition, 1970).
KORSCH, Karl: Karl Marx, Chapman and Hall, 1938. (Réédité par Russel
& Russel,
1963).
Ten Theses on Marxism Today. Traduction à paraître dans Arena 29.
MATTICK, Paul: "The Marxism of Karl Korsch." Survey, 1964, pp 86-97.
"Karl
Korsch," institut de Science Economique Appliquée, Cahiers, Séries 7,
Supp. 140,
août 1963.
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