LES PAYS DE COCAGNE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

LES PAYS DE COCAGNE

les pays de dedans toi
 
AccueilAccueil  PortailPortail  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

 

 Emeute

Aller en bas 
AuteurMessage
kamchatka
Langue pendue
kamchatka


Nombre de messages : 530
Date d'inscription : 17/12/2006

Emeute Empty
MessageSujet: Emeute   Emeute EmptySam 23 Déc - 11:49

E M E U T E


" Mais toutes les émeutes, sans exception aucune, n'éclatent-elles pas
dans
l'isolement funeste qui sépare les hommes de la Gemeinwesen
(communauté) ? "

Karl Marx, 1844



Oui, toutes les émeutes, les rébellions, les troubles1, les
soulèvements,
les insurrections, les révolutions, depuis des milliers d'années sans
jamais, durant tout ce temps, parvenir à retrouver la Gemeinwesen, à
retrouver la continuité. Tel est pour moi le constat au sujet de ce qui
est
advenu en France, et je puis ajouter: rejouement de l'impossibilité de
sortir de l'exclusion, de l'isolement, de l'enfermement, de la
répression.

Etant donné que nous n'attendons rien de ce monde2, nous n'avons pas à
rechercher quelle peut-être la signification des troubles qui ont
affecté
les banlieues dans diverses villes en France en novembre 2005. Une
telle
recherche relèverait d'une herméneutique révolutionnaire couplée avec
l'essai de prévoir l'éventualité de ce qui était nommé "reprise
révolutionnaire", ou bien la prolongation d'une phase de
contre-révolution.
Or une telle approche de ce qui advient révélait la dépendance où l'on
se
trouvait par rapport au devenir de la société-communauté du capital;
dépendance qui ne pouvait que renforcer la spéciose-ontose. Ce type
d'herméneutique n'était pas le propre des révolutionnaires, on le
retrouvait
chez tous ceux qui cherchaient à trouver, au sein d'un événement donné,
un
sens, une signification devant permettre en quelque sorte de conjurer
un
devenir redouté, en un mot la catastrophe.

Rechercher des signes pour fonder un sens, une signification, relève de
l'incertitude au monde, de l'angoisse à cause d'une menace
inconsciente. La
rupture avec la dépendance implique une dynamique de l'affirmation où
ceux
qui se distancient de ce monde essaient de vivre une autre réalité. Dés
lors
ils agissent et ne se limitent pas à réagir.

Ajoutons que la mise en jeu effective de ces deux herméneutiques
contribua
(et contribue), en définitive, à la récupération de ce qui avait pu
menacer
la société en place.

Pour exposer cela, je rappelle, d'abord, les thèmes fondamentaux de mon
cheminement:le procès révolution est fini, nécessité d'abandonner ce
monde,
nécessité d'entreprendre un cheminement de libération-émergence, échec
de la
dynamique de sortie de la nature, échec des divers recouvrements, comme
l'est de façon percutante le capital, déploiement de l'ontose-spéciose,
le
réel est inaccessible.

Le procès révolution est fini et la dynamique de lutter contre un
pouvoir,
qui domine et tend à structurer la société est également finie, du fait
de
la perception du mécanisme infernal qui a besoin d'oppresseurs et
d'opprimés
pour pouvoir se réaliser. En outre le désir de libération n'est pas
l'apanage d'un groupe d'hommes et de femmes constituant la majorité de
la
population, les dominés, mais il existe aussi chez ceux qui dominent et
forment la minorité. Disons qu'ils représentent le pôle de la
domination au
sein du mécanisme infernal. Dés lors il est important de percevoir
comment
une puissante dynamique de libération-émergence peut prendre de
l'ampleur
sans qu'il y ait un procès révolution conçu et vécu jusqu'à naguère
comme
celui par excellence de la libération. Je dis prendre de l'ampleur
parce que
ce procès est déjà enclenché depuis bien longtemps et devient plus
manifeste
depuis deux siècles mais lesté, et donc inhibé par la dynamique
révolutionnaire.

C'est un devenir où il n'y pas d'ennemis, pas de violence sous quelque
forme
que ce soit, ni de réconciliation qui escamote les horreurs commises.
C'est
un devenir où s'impose une immense investigation sur les modalités de
réalisation de ces horreurs qui dérivent de la répression sociale,
parentale.

A partir de là je peux me rapporter à ce qui advient et est advenu en
France. Il s'agit de constater et non d'interpréter comme dit
précédemment.
Et ce qu'on constate, dans l'immédiat, c'est une manifestation de
violence
où hommes et femmes rejouent celle qu'ils ont subie individuellement au
cours de leur ontogenèse (en élargissant quelque peu les limites du
concept
biologique) et collectivement au cours de millénaires. On a pu
constater
également auparavant une oscillation entre une mise en déréliction avec
des
mesures répressives portant sur les possibilités de survivre (baisse de
revenus, suppression de garanties diverses) et des mesures réformistes
s'efforçant en quelque sorte de panser des blessures. Les émeutes
explosent
à la suite d'un retour vers la déréliction, induisant à se poser la
question
de savoir pourquoi la dynamique réformiste ne peut pas être maintenue.
La
réponse est évidente. On a la manifestation d'un rejouement d'un point
de
vue positif, actif, les répresseurs ont besoin de remettre les réprimés
dans
la situation de déréliction où eux-mêmes furent placés et dont ils ont
refoulé la souffrance qui en fut induite, d'où leur oubli d'une telle
situation. De telles émeutes se sont produites auparavant en
Grande-Bretagne
ainsi qu'aux Etats-Unis. En ce qui concerne les jeunes, le phénomène
est
récurrent depuis 1956 (Stockholm).

Mais s'il n'y a pas à interpréter il y a nécessité de tenir compte des
phénomènes dans toute leur dimension historique qui traversent la
société-communauté actuelle. Un premier exemple est celui de
l'assimilation,
en France surtout, puis de l'intégration un peu partout dans le monde.
En
effet la mondialisation dont on parle tant s'opère dans le fait que
beaucoup
de villes ont une population mondialisée. Dans un article du Monde du
10
novembre 2005 concernant la ville de Francfort, il est indiqué que
"Cette
ville allemande où résident 27,4 % d'étrangers originaires de 169 pays,
mène
des politiques actives en faveur de l'intégration et du logement". On
constate que depuis le milieu du siècle dernier l'assimilation a dû
plus ou
moins être abandonnée et laisser place à l'intégration, ce qui fait
que, par
exemple aux USA, l'espagnol devienne la seconde langue du pays. Mais
cette
faillite de l'assimilation s'accompagne d'une rigidification, au sein
de
divers groupements, sur l'identité et donc d'une augmentation des
tensions.
Derrière tout cela on va vers la perte de plus en plus de la concrétude
et
le fait que tout homme, toute femme, n'est défini(e), déterminé(e) que
juridiquement, par l'Etat. Or, comme celui-ci tend à devenir
évanescent,
cela augmente l'insécurité de ceux qui sont intégrés. Cette
insécurisation,
dans un autre contexte, a été bien vue par Hanna Arendt lors de son
étude
sur le totalitarisme.

Lié à ce phénomène on doit voir celui du rapport à l'Islam. Et là il
faut
repartir de l'origine de celui-ci. On peut être assez d'accord avec
Dante
pour considérer que Mahomet provoqua un schisme au sein d'un immense
espace
social correspondant approximativement à celui occupé par l'empire
romain et
dominé par le christianisme. Toutefois, la compulsion de répétition
fait
qu'au cours du devenir de l'Islam se mit en place une récupération de
ce qui
avait été produit auparavant au sein du mode de production
esclavagiste,
récupération de la philosophie et de ce qui est nommé "science". Ce que
les
catholiques avaient opéré avec la philosophie et qu'ils opérèrent,
ultérieurement, lors de la Renaissance, en ce qui concerne la
"science". La
solution de Mahomet consista à intégrer le mouvement de la valeur, à le
limiter. Toutefois, au cours du temps ce qui s'imposa c'est une
certaine
régression de ce mouvement avec la réaffirmation d'une unité supérieure
avec
la formation des divers empires musulmans. L'Occident sortit de son
impasse
en passant au mode de production capitaliste. Par là, il dépassa l'aire
islamique et en vint à la menacer totalement. Ce qui s'imposerait donc
aux
musulmans c'est d'opérer à la façon de Mahomet une intégration du
capital
afin de sauver l'Umma. Mais le capital ayant accédé à la communauté
matérielle, s'étant autonomisé, ne peut pas être intégré. En
conséquence les
musulmans doivent "faire" avec le capital, comme le montre d'ailleurs
l'activité des divers groupements islamistes. Autrement dit le capital
a
provoqué une réunification de l'aire qui avait été fragmentée par le
schisme, mais toutes les tensions accumulées au cours du temps sont
maintenues, et aggravées.

Cette réunification résulte d'une sorte de convergence entre aire
occidentale, productrice du capital, et aire musulmane. En effet au
niveau
du pays où le mode de production capitaliste s'est le plus développé
s'impose de façon irrémédiable, non plus une nation, comme en Europe,
mais
une union qui est une forme de communauté tendant à intégrer toutes
sortes
d'ethnies, maioù, simultanément, les déterminations ethniques tendent à
être
niées (enrayer le communautarisme) et, de ce fait, la communauté tend à
être
abstraite et despotique, le despote se nommant le capital. Cependant,
en
rapport à sa mort potentielle, la nécessité d'une unité supérieure
transcendante refait amplement surface. En conséquence l'aire
occidentale
représentée par les USA et l'aire musulmane représentée par les pays du
Moyen-Orient présentent chacune une communauté et une unité supérieure
transcendante, qu'il faut puissamment réactiver (donnée mystique) pour
assurer le salut. A partir de là on peut percevoir que pointe la
compulsion
à retourner à ce qui exista avant la coupure. Dés lors la présence,
particulièrement, des étasuniens en Irak termine un cycle historique.
Les
européens, bloqués par les arabes et les mongols dans leur expansion
vers
l'est, contournèrent ceux-ci et découvrirent l'Amérique. A partir du
moment
où leur implantation en ce nouveau continent fut accomplie, ils
revinrent
début du XIX° siècle s'opposer aux gens de l'aire musulmane en
s'attaquant
aux pays africains, puis aux pays arabes , surtout ceux du
Moyen-Orient,
début du XX° siècle et, à la fin de ce siècle, l'intervention
occidentale
prend la tournure décisive dont nous voyons de nos jours le
développement
considérable3.

Le problème de l'intégration de la Turquie à l'Union européenne (ici
aussi
la nation tend à être supplantée par l'union) se présente comme un cas
particulier, exemplaire, de la relation de l'aire occidentale avec
l'aire
musulmane. Avant l'Islam, ce pays participe pleinement à la formation
de ce
qui sera appelé l'Occident. On peut remonter aux Hittites, au Mittani,
mais
j'insisterai sur l'importance de la Lydie, dans la genèse du mouvement
de la
valeur dans sa dimension horizontale, de la Phrygie et, évidemment des
cités
comme Milet en rapport avec le déploiement de la philosophie. On peut
ajouter l'importance du mouvement chrétien, par exemple les
Cappadociens,
mais aussi les divers courants hérétiques, gnostiques. Donc le désir de
la
Turquie d'entrer dans la communauté européenne, ne participe-t-il pas
d'un
désir de rejoindre une unité perdue, une dynamique abandonnée?

Cela certes ne joue pas directement sur le comportement des français
d'origine musulmane, comme d'ailleurs sur celui des autres français,
mais
cela intervient, ne serait-ce qu'à cause des peurs, et du phénomène
inconscient de l'activation de la menace, dont les rapports entre
musulmans
et occidentaux sont les supports.

Il convient de tenir compte également de la tendance, déjà signalée, à
l'évanescence de l'Etat, ce qui facilitera un retour à ce que les
juristes
et les philosophes décrivaient sous le nom de l'état naturel. Et là
nous
avons une grande contradiction avec l'autre tendance qui est celle de
tout
assurer. La contradiction se révèle en même temps convergence.
Convergence
parce que cela signale que nous sommes dans l'insécurité totale, celle
que
se représentaient les philosophes et juristes, et qu'il faut,
constamment
nous assurer, nous rassurer. L'Etat avait d'autant plus d'importance
que du
fait de son rôle répressif il participait amplement au mécanisme
infernal,
et que par ses interventions réformistes, conciliatrices (conciliation
et
harmonisation entre les classes) il opérait comme un palliatif à ce
mécanisme, exprimant l'utopie de pouvoir lui échapper. Ceci s'est
fortement
affirmé au siècle dernier avec l'Etat-Providence.

Plus en profondeur se manifeste le phénomène de
régression-dégénérescence de
l'espèce. La régression veut dire le fait que chacun d'entre nous tend
à
revivre les traumatismes originels et de ce fait tend à redevenir,
enfant,
bébé, voire embryon4. Cela opère également en ce qui concerne l'espèce.
Ainsi on peut citer comme exemples: l'extension de l'obésité
(l'individu
devient poupon qui désire être pris en charge par la maman), le Sida
qui
signale la situation de déréliction, l'absence de défense, de
protection,
mais aussi les troubles dentaires avec la perte des dents de sagesse,
leur
mauvaise implantation, le rétrécissement de la mandibule, son avancée
ou son
recul par rapport au maxillaire supérieur, les troubles au niveau
respiratoire qui peuvent être liés à tout cela, tandis que les troubles
de
l'occlusion peuvent entraver la réalisation de la station verticale.
Tout
cela affecte de plus en plus de monde. Mais ce n'est pas récent. Weston
A.
Price dans son livre, Nutrition and physical degeneration, paru en 1938
et
faisant état d'études remontant à vingt en arrière parle de tous ces
troubles dentaires, et mentionne l'orthodontie. Il montre que tous ces
troubles sont liés à la perte d'un mode de vie traditionnel et, en
particulier, à l'adoption de l'alimentation occidentale. Il accorde
donc
beaucoup d'importance à la nutrition. Mais à mon avis il occulte
totalement
le traumatisme provoqué par le contact avec la civilisation
occidentale. Et
là nous retrouvons les émeutiers, fils et filles d'hommes et de femmes
qui
participaient à un autre monde que celui occidental. W. Price insiste
sur un
rapport entre ces phénomènes de dégénérescence et l'accroissement de la
délinquance...Mais la délinquance n'est-elle pas une forme primaire,
immédiatiste, d'émeute, exprimant l'enfermement dans le rejouement. Je
pense
que la régression n'est qu'un point de départ pour le développement
d'une
dégénérescence qui se présente comme un possible.
Revenir en haut Aller en bas
kamchatka
Langue pendue
kamchatka


Nombre de messages : 530
Date d'inscription : 17/12/2006

Emeute Empty
MessageSujet: ...   Emeute EmptySam 23 Déc - 11:50

A la base de tout, se trouve la perception de l'ennemi, je veux dire
par là
l'affirmation d'un vécu où celui-ci non seulement opère mais est
déterminant, tant sur le plan de l'individu, du groupe, de l'ethnie, de
la
nation, de l'espèce. L'ennemi peut être vécu réel, ou fantasmé ! Dans
tous
les cas il est nécessaire, parce qu'il est le tout autre (das ganze
Anderes,
sa dimension mystique), l'inconnu. Il l'est parce que la dynamique
spécio-ontosique fait qu'on existe à partir d'un refus, d'une négation.
Or
l'existence de l'ennemi découle de la répression parentale. Tout ennemi
concret ou fantasmé est en fait le support pour signifier l'ennemi
fondamental, originaire, l'être naturel, la naturalité. Nous sommes
fondés
par la répression de notre naturalité, posée comme l'ennemie,
l'obstacle à
l'accession à l'être domestiqué, se plaçant hors nature.
Réciproquement,
nous sommes amenés à interpréter notre être naturel comme l'ennemi de
la
mère, du père qui doit nous faire accéder à la culture, à l'hors
nature,
afin de comprendre pourquoi nous sommes refusés, ce qui est fondement
de
l'irrationalité. Nous sommes ennemis de. et nous sommes coupables. On
sort
du stade où l'on est refusé en intériorisant l'ennemi. Il est en nous.
La
guerre est l'extériorisation amplifiée de ce conflit interne dont le
support
fondamental, avec lequel il est en continuité, est la lutte de l'espèce
contre la nature. Détruire un ennemi serait lever la culpabilité, s'en
défaire.

"Essayer d'imaginer une guerre sans vous figurer au préalable un ennemi
:
c'est impossible. Que l'objectif soit une proie, une victime
sacrificielle,
un esprit malin ou un objet du désir, c'est l'idée d'ennemi qui
mobilise
l'énergie. La figure de l'ennemi alimente les passions de la peur, de
la
haine, de la colère, du désir de vengeance, de la furie destructrice ou
de
la concupiscence, en fournissant ce surplus d'énergie comprimée qui
rend le
champ de bataille possible. (.) L'ennemi est l'accoucheur de la
guerre"10.

"Si la guerre s'origine dans l'Etat, l'Etat débute avec la création
d'un
ennemi"11.

La guerre, comme l'esclavage sont permanents. James Hillman se pose la
question suivante: "Si la guerre est normale, l'est-elle parce qu'elle
est
enracinée dans la nature humaine, ou parce qu'elle est essentielle pour
la
société? Est-elle fondamentalement l'expression de l'agressivité et de
l'instinct d'autoconservation des êtres humains ou est-elle un
prolongement
du comportement grégaire, depuis les chasseurs jusqu'aux pratiquants
des
razzias et, pour finir, jusqu'aux coalitions d'hommes en des pays
lointains?"12

Et il affirme : "Peut-être que, vraiment, on arrive au monde en sachant
déjà tout, la guerre y incluse, non pas parce qu'on possède un instinct
belliqueux, mais parce qu'existe dans notre âme la connaissance du
cosmos,
et que la guerre est un des fondements du cosmos"13.

A propos de l'esclavage, Viviana Pâques écrit : "Presque toutes les
sociétés
ont connu l'esclavage. On n'ose supprimer ce 'presque' car on ne sait
pas
bien, lorsque l'esclavage n'est pas attesté quelque part, s'il s'agit
vraiment d'une absence ou d'une lacune dans notre documentation."14. En
fait, des précisions qu'elle apporte ensuite, il ressort clairement que
le
concept de mise en esclavage, qui implique la perte de liberté et le
fait de
devenir la possession de quelqu'un d'autre, existe depuis toujours.
Cela me
semble très vraisemblable du fait même que dans diverses langues un
même mot
indique l'enfant et l'esclave. L'enfant est esclave, il est dépossédé
de sa
naturalité et dépend d'êtres qui l'ont refoulée. Il est condamné à
travailler pour devenir un être adapté à un monde devenant toujours
plus
hors nature, un être domestiqué. De là l'ambiguïté et le caractère
contradictoire du travail, surtout quand il est posé en tant qu'élément
essentiel d'une dynamique de libération. Ajoutons que la plupart des
concepts comme ennemi, travail, etc., sont lestés de la confusion
initiale
où nous fumes placés.

Guerre et esclavage, qui sont en relation étroite, dérivent de la
dynamique
de la répression. Mise en esclavage, infantilisation, domestication et
dynamique de libération, devenir à l'indépendance et à la maturité
alternent, comme alternent guerre et paix, de même que manie et
dépression.

Revenons au concept d'ennemi qui a pour support initial tout ce qui
fait
obstacle à un développement donné, que ce soit pour l'individu ou pour
l'espèce, d'où ses différentes figures : adversaire (challenger),
opposant,
contradicteur, etc. Du fait même de sa genèse, il renferme confusion et
violence. La première apparaît dans l'ambiguïté de la désignation du
support
: est-ce moi (fondant la haine de soi) ou l'autre ? En fait, en
général,
s'impose une coexistence des deux, ce qui entraîne un désir de les
séparer,
de révéler qui est le vrai, d'où l'épanouissement de la violence15.
Grâce à
la guerre, on parvient à saisir l'ennemi véritable, à le connaître ; on
sort
de l'ambiguïté, de l'indécision, de la procrastination, d'une forme
figée
d'inchoation16 à vivre, et on accède à une authenticité17, renforcée du
fait
que les compagnons d'armes subissent le même phénomène, tandis que
l'imminence du danger contraint à sortir de tout blocage, permettant le
dépassement de soi. De là on peut accéder au sacrifice (rejouement de
celui
de sa naturalité), au don de soi. La guerre donne lieu à de grandes
souffrances et à leur exaltation . Or, la souffrance apparaît aux
hommes et
aux femmes comme étant nécessaire pour accéder à eux-mêmes, selon
l'adage :
"nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert". En conséquence, tant
du
point de vue de soi que de l'autre (l'ennemi) la guerre est
l'initiatrice
par excellence.

L'ennemi c'est l'étrange, l'autre qui remet en cause (comme on le fut
du
fait de la non acceptation de notre naturalité18). Il surgit de la mise
en
place de la rupture de continuité dont il réalise une anthropomorphose
et
son épiphanie. "Enfin même quand ma subjectivité se lie au sein d'une
amitié, d'un mariage, de la paternité ou de la maternité, ou au sein
d'un
serment, l'Autre demeure externe, défini comme non-moi"19.

Moi et soi expriment la discontinuité qui permane en nous, un repli,
une
méfiance, euphémisme de la peur, la peur de l'inconnu, de l'imprévu, de
la
spontanéité. Or, devant le danger, l'individu peut retrouve celle-ci,
de là
une des raisons, selon J. Hillman, du "terrible amour pour la guerre".

Surgi de la discontinuité, l'autre, l'ennemi, celui qui surprend, est
un
support pour le numen. La guerre permet de revivre pleinement le moment
mystique originel perdurant en tout un chacun sous forme d'empreinte.
Nous
avons déjà évoqué le dépassement de soi qui est comme un aller au-delà
pour
atteindre le numen, l'intégrer ou fusionner avec, et qui participe de
la
dynamique de transcendance (un essai de rétablir la continuité), de
l'appartenance, à celle du sacrifice et du don de soi.

La guerre apparaît comme ce qui fascine et fait peur, shock and awe,
comme
le rappelle J. Hillman ; elle suscite le sublime qui participe
pleinement de
la mystique. "Le sublime conçu en tant que coïncidence stupéfiante du
funeste et du beau dans un instant unique et exaltant, est venu de la
nature, de la terre"20. Pour parler du sublime les oxymorons
s'imposent,
comme lorsqu'il s'agit d'exprimer le mystique qui nécessite aussi les
contradictions, la superposition des états, l'irrationnel. Ce n'est pas
le
lieu, ici, d'expliciter ces thèmes. Je veux seulement souligner une
donnée
essentielle pouvant expliquer une cause du conflit au Moyen-Orient.
Grâce à
la mystique l'individu essaie d'aller au-delà de la coupure,
c'est-à-dire de
parvenir au moment d'avant son effectuation, afin de sortir de
l'enfermement, du mystère. Le "tout autre" nous enferme en nous-mêmes,
nous
bloque, instaurant le possible d'une violence afin d'en sortir.

La dimension mystique de ce conflit21 est un support pour l'espèce pour
parvenir, pour ainsi dire, à la phase de sa conception, quand elle se
sépara
de la nature et se fonda dans le devenir d'errance où elle tente
vainement
de se saisir.
Revenir en haut Aller en bas
kamchatka
Langue pendue
kamchatka


Nombre de messages : 530
Date d'inscription : 17/12/2006

Emeute Empty
MessageSujet: ...   Emeute EmptySam 23 Déc - 11:51

Le développement de la technique permet de pouvoir amplement régresser.
Il
nous faut aborder cela par un détour. Selon Julian Jaynes nos ancêtres
entendaient des voix. Il fonde cette affirmation à l'aide de l'étude de
la
littérature grecque, de la bible, des textes sumériens, des psychoses
et en
faisant appel à la psychologie expérimentale. Ce qui m'intéresse se
trouve
en connexion avec le thème fondamental que nous exposons dans notre
texte :
la répression induisant domination et dépendance.

"Nous sommes des êtres conscients. Nous essayons de comprendre la
nature
humaine. L'hypothèse paradoxale à laquelle nous sommes parvenus dans le
chapitre précédent est que, à un moment donné, la nature humaine était
divisée en deux : une partie qui commandait, appelée dieu, et une
partie qui
obéissait, appelée homme. Aucune d'elles n'était consciente ; ce qui
nous
est presque incompréhensible"5

Les hommes entendaient des voix qu'ils ont interprétées comme étant les
voix
des dieux. J. Jaynes effectue un rapprochement avec ce qui se passe
chez les
schizophrènes. "Les voix, dans la schizophrénie, entretiennent toutes
sortes de relations avec le patient." "Très souvent elles critiquent
les
pensées et les actions du malade. Parfois, elles lui interdisent de
faire ce
qu'il était justement en train d'envisager." "Si nous avons raison de
supposer que les hallucinations des schizophrènes ressemblent aux
directives
des dieux de l'Antiquité, il devrait donc y avoir une source
physiologique
commune, dans les deux cas. Il s'agit simplement, à mon avis, du
stress"6.
Le stress était en relation avec les heurts entre groupements humains,
avec
la répression et avec la manifestation inconsciente de l'antique menace
que
vit l'espèce et qui détermina sa sortie de la nature. Pour surmonter
l'état
d'infériorité où hommes et femmes se trouvaient, ils firent appel à la
surnature et, à un moment donné, ils inventèrent les dieux, opérateurs
de la
répression (c'est-à-dire l'imposition d'un devenir hors nature), mais
aussi
du salut. Le fait qu'il entendaient des voix venant d'un extérieur
signifiait qu'il n'y avait pas encore eu d'intériorisation et donc pas
de
formation d'une conscience.

Ceci posé, quel rapport entre les voix entendues par nos ancêtres et
celles
que nous écoutons quand nous branchons un poste de radio, quand nous
prenons
un écouteur de téléphone? Qu'est-ce qui se passe ensuite quand, avec la
télévision, l'émetteur de la voix devient visible? La télévision
devient-elle un substitut de la conscience? Mais les choses deviennent
encore plus spectaculaires, étranges avec les téléphones mobiles.
hommes et
femmes peuvent entendre des voix (dialoguer avec l'invisible), parler à
ces
voix, sans risquer de passer pour fous, folles7. Ultérieurement avec
des
téléphones plus sophistiqués, ils et elles peuvent voir les porteurs de
ces
voix, et le téléphone mobile devient la métaphore de la conscience, si
ce
n'est la conscience. En outre, je constate l'impossibilité où sont
hommes et
femmes à vivre l'immédiat, il est nécessaire qu'ils, qu'elles soient
connecté(e)s constamment à quelque chose, sinon c'est la dépression. Il
faut
qu'ils, qu'elles, disent leur vécu ou leurs préoccupations. Ils, elles,
sont
attaché(e)s, lié(e)s à quelque chose. Avec le possible de se brancher à
Internet, il y a également la tentative de retrouver la continuité avec
le
tout. Avec le téléphone mobile, l'individu se pense repérable, non
évanescent., comme, selon J. Jaynes,cela s'imposait pour nos ancêtres
avec
la voix des dieux.

Hommes et femmes voudraient-ils entendre à nouveau les voix afin d'être
aidés; d'enregistrer le discours répressif; la conscience et le
recouvrement
n'étant plus suffisants pour accomplir leur procès de vie. Mais ne
tendent-ils pas également à retrouver des comportements perdus comme
parler
en marchant, la marche et la parole étant complémentaires, toutes deux
signifiant une progression. D'autres facteurs interviennent certes dans
ce
qui cause "l'essentialité" du téléphone mobile. Le désir de contrôler
l'autre, par exemple, et par là de maintenir la répression. On ne peut
pas
occulter non plus la dimension de drogue. Beaucoup prennent des drogues
pour
écouter des voix, ce qui nous ramène à J. Jaynes. "Ecouter est en fait
une
sorte d'obéissance. Ainsi, ces deux mots qui proviennent de la même
racine
sont donc probablement le même mot, à l'origine. C'est vrai en grec, en
latin, en hébreu, en français, en allemand, en russe et aussi en
anglais, où
le mot 'obéir' vient du latin 'obedire', qui est un composé de 'ob
+audire', c'est-à-dire entendre en faisant face à quelqu'un."8 Donc
rejouement de la dépendance déterminée par la mise en déréliction
originelle. La négativité de l'écoute se révèle bien dans le phénomène
de la
rumeur9. Hommes et femmes écoutent des voix qui leur suggèrent.
L'utilisation du téléphone mobile peut amplifier le phénomène de
propagation.

En conséquence même une écoute profonde où l'écoutant réceptionne au
mieux
ce qu'énonce le locuteur, sans juger ni interpréter, peut-être encore
un
support de mise en dépendance. Au lieu d'écouter, il convient donc
d'être en
continuité.

Enfin, pour conclure provisoirement et succinctement sur ce thème : le
martèlement, tant sur le plan auditif que visuel , effectué par les
publicitaires remplace, également, le harcèlement par les voix subi,
selon
J. Jaynes, par nos ancêtres.

Reste à se positionner par rapport à ces événements. Cela n'entraîne
pas
obligatoirement la nécessité d'intervenir, car l'intervention a souvent
la
dimension de la répression. Le monde tel qu'il est m'a été imposé dés
que je
suis apparu. Je n'en suis nullement responsable J'ai décidé de le
quitter
parce qu'il m'est étranger. J'ai involontairement contribué à son
maintien
et peut-être à son devenir dans la mesure où mon opposition en rapport
à une
perspective révolutionnaire a pu le renforcer. Mais j'ai voulu éviter
le
rejouement de sorte que quitter ce monde a impliqué: retrouver ma
naturalité
qui fut bloquée du fait de la répression parentale et sociale;
faciliter la
régénération de la nature; témoigner de cette dynamique de sortie du
monde.
Les événements en cours obligent à apporter des précisions et des
compléments.

Pour cela, il nous faut entreprendre maintenant une autre investigation
théorique de plus grande amplitude tant sur le plan historique que sur
le
plan des aires géo-sociales, en nous interrogeant sur le comportement
des
hommes et des femmes depuis des millénaires. Ils sont dans le conflit
présentant des phases explosives comme les guerres où s'affirment
l'hubris,
la dimension maniaque, et des phases d'accalmies, de pauses,
caractérisant
la paix, ayant une dimension dépressive. Le conflit n'est possible que
s'il
y a perception d'ennemis, de menace, que si ce qui n'est pas soi mais
autre,
est support pour être vécu en tant qu'ennemi. Or Homo sapiens se fonde
au
travers du refus de la nature perçue comme menaçante, ce qui a un
fondement
du fait du risque d'extinction qu'elle encourut. Un tel refus entraîne
la
répression de la naturalité (désignée par certains par ce qui est
sauvage)
en chaque homme, chaque femme.
Revenir en haut Aller en bas
kamchatka
Langue pendue
kamchatka


Nombre de messages : 530
Date d'inscription : 17/12/2006

Emeute Empty
MessageSujet: ...   Emeute EmptySam 23 Déc - 11:51

Lors du moment mystique originel, règnent la confusion la violence, la
dépression, la colère. Autrement dit le conflit et la dépression sont
inhérents au devenir d'Homo sapiens. Cela fait partie du contenu de la
spéciose. Alain Ehrenberg dans La fatigue d'être soi - Dépression et
société22, indique deux modalités d'interprétation des troubles
psychiques,
celle de P. Janet centrée sur le "déficit" et celle de S. Freud centrée
sur
le "conflit". Toutefois dans la réalité on ne vérifie pas une
manifestation
exclusive. C'est parce qu'il ne peut plus assumer le conflit que
l'individu
rencontre la dépression (ce qui exprime d'ailleurs un rejouement).En
outre
il peut sortir de la dépression par la violence, donc à travers le
conflit.
"La fatigue d'être soi" se trouve en rapport avec l'impossibilité
d'assumer
une programmation tendant à donner une consistance à l'individu qui est
en
rupture totale avec sa naturalité. Il ne peut plus effectuer le travail
de
domestication. Le fait que dans la vie courante la dépression semble
l'emporter sur le conflit signale la fin des recouvrements et la
tendance
toujours plus nette à ce que le moment mystique s'impose, lequel ramène
à la
violence originelle pour sortir du blocage, pour refuser un advenu,
aller
au-delà de ce qui obsède, fascine, fait peur.

Depuis des millénaires, à travers les mythes et l'histoire, le conflit,
la
guerre, apparaissent permanents. La cause fondamentale en est la
répression
qui place tout être advenant en conflit plus ou moins intense avec ce
qui le
réprime. F. Renggli, dans son étude des mythes mésopotamiens, soutient,
qu'ils expriment les luttes lors de la naissance, pour naître, pour
exister,
pour sortir d'un blocage. On retrouve cela dans les mythes grecs comme
dans
les épopées indiennes du Ramayana ou du Mahabharata, remplies
d'épisodes
guerriers, comme, par exemple, dans les films ou dans la série des
Dragon
Balls. L'espèce demeure bloquée.

La guerre, ainsi que la révolution, manifeste la forme la plus extrême
du
conflit qui se révèle omniprésent dans le procès de vie de Homo
sapiens23,
ne pouvant se vivre et concevoir nature et cosmos qu'à travers lui.
Luttes
entre ethnies, entre races, entre classes, lutte pour la vie couplée à
la
sélection naturelle (dynamique de la grâce), luttes au sein du sport24,
des
jeux, des concours, au sein de l'économie, dans la passion, à quoi on
peut
ajouter les pillages, les enlèvements, les prises d'otages (variante de
la
mise en esclavage), etc., peuvent illustrer notre affirmation.

La modalité de nous positionner se dévoile maintenant. Nous n'avons pas
à
dire aux hommes et aux femmes ce qu'ils doivent faire, ni même
souhaiter
qu'ils fassent, ce serait de la répression. Mais nous pouvons exposer
comment les choses devraient se passer en fonction de notre cheminement
de
libération-émergence. En rappelant le constat de la permanence du
mécanisme
infernal des rejouements avec l'accentuation de la répression, et donc
avec
l'insoutenabilité de la misère et des souffrances de populations de
plus en
plus nombreuses qui vivent la séparation fondamentale et insupportable
vis-à-vis de la communauté (comme déjà signalé en 1968 avec le tract à
propos des événements d'alors), il est bon de dire qu'on doit être
amené à
abandonner la dynamique de l'inimitié. Les répresseurs eux aussi
cherchent à
se libérer, à retrouver leur naturalité. Ils l'accomplissent en
réactualisant ce qu'ils ont subi et en réactualisant un monde où il y a
des
ennemis. Donc je considère, comme cela a déjà été indiqué, qu'il ne
faut
plus penser qu'on a des ennemis -sinon on entérine l'infernal mécanisme
-
mais qu'on est en présence d'hommes et de femmes qui opèrent en
définitive
dans la même dynamique déterminée par ce mécanisme. Cela implique de
s'ouvrir à la répression que ceux qui jouent le rôle de répresseurs
mettent
en place, non pour l'accepter mais pour éliminer un support. En effet
le
respect de leur ordre n'enraiera absolument pas le phénomène de
dissolution
qu'ils veulent conjurer, par peur d'une menace inconsciente, mais ils
ne
pourront pas se servir d'hommes et de femmes, placés hors de leur
sphère,
comme supports de culpabilité, leur permettant de tout occulter,
escamoter.

Actuellement avec la répression ils pensent pouvoir éliminer la menace
qui
les travaille inconsciemment. Nous ne devons pas, par notre
comportement,
activer cette dernière et les lancer encore plus dans le rejouement.

L'espèce est en constant émoi, traversée d'émotions fort anciennes. On
peut
dire qu'elle se trouve dans un état de perpétuelle émeute, du fait
qu'elle
s'est édifiée dans le refus et que sa pensée est une pensée répressive.
Elle
ne peut pas vivre l'immédiat de son monde, de la nature, du cosmos,
parce
qu'inconsciemment elle y perçoit une menace qu'elle doit inlassablement
vaincre. Tant qu'à son niveau comme à celui de l'individu, nous ne
devenons
pas conscients des traumatismes initiaux et ne réalisons pas que toute
menace a disparu (même si elle peut s'imposer de façon imprévue, nous
avons
la capacité d'y échapper), et que nous n'avons pas d'ennemis, nous
sommes
condamnés à rejouer les grands cycles d'émeute-dépression. En
retrouvant la
continuité et la participation, les repères ne sont plus absolument
nécessaires, en conséquence ami et ennemi n'ont plus de raison d'être,
de
même que guerre (manie) paix (dépression).


Notes

1. Les troubles peuvent désigner aussi un ensemble de symptômes d'une
maladie, qui peut avoir trouble comme synonyme : "La recherche de
structures
sous-jacentes est abandonnée, et le mot maladie remplacé par celui de
trouble (disorder)". Alain Ehrenberg, La fatigue d'être soi -
Dépression et
société, Ed. Odile Jacob, poches, Paris, 2000. L'espèce humaine vit
dans le
conflit et se perçoit à travers le conflit.

2. "Dans ce monde gros de catastrophes, il n'y a rien à attendre, pas
même
l'éclosion d'une de celles-ci. (.) que le refus de l'attente implique
la
compréhension complète intellectuelle-corporelle de l'impossibilité de
réaliser quoi que ce soit dans ce monde." Contre toute attente, 1978,
Invariance, série III, n° 5-6, p. 123.

3. Je n'escamote pas l'intervention des occidentaux en Asie,
particulièrement en Inde et en Indonésie, et dans l'aire qui était sous
influence chinoise, de la Birmanie au Vietnam actuel. Toutefois, là
encore,
le heurt fut en grande partie avec l'aire musulmane.

4. A ce sujet voir, entre autres, les travaux d'Anne
Dambricourt-Malassé, de
Rosine Chandebois, particulièrement L'embryon cet inconnu, Ed. L'Age
d'Homme, Lausanne, 2004. Nous pouvons ajouter les théoriciens de la
psycho-histoire.

5. Julian Jaynes La naissance de la conscience dans l'effondrement de
l'esprit (titre anglais : The origin of consciousness in the breakdown
of
the bicameral mind, 1976), Ed, PUF, Paris, 1994, p. 103.

6. Idem, successivement p. 108, 110 et 113. Encore deux citations
complémentaires: "La fonction des dieux consistait essentiellement à
diriger
et à organiser l'action des situations nouvelles". "L'esprit bicaméral,
contrôlé par les dieux, s'est développé comme l'étape finale de
l'évolution
du langage. Et c'est dans ce développement que réside l'origine de la
civilisation".

7. Il est même possible que les gens fassent semblant de téléphoner,
afin de
pouvoir "parler seuls" sans passer pour fous.

8.. Julian Jaynes, o.c, p. 117. Selon le Dictionnaire historique de la
langue française, sous la direction d'Alain Rey, obéir vient du " latin
oboedire proprement "prêter l'oreille à" d'où "être soumis à". .

9. A la base d'une rumeur se trouve une remontée. Qu'il y ait
perception de
voix n'est donc pas impossible.

10. James Hillman A terrible love of war 2004,, que nous avons lu dans
sa
traduction italienne : Un terribile amore per la guerra (Un terrible
amour
pour la guerre), Ed. Adelphi, Milano, 2005, p 38.

11. Idem, p. 39.

12. Idem, p. 36.

13. Idem, p. 56. Cf. aussi : "(...) la nécessité de la guerre est
inscrite
dans le cosmos." p. 58

14. Viviana Pâques, L'homme et l'esclavage, in Histoire des mours, t.
III,
Ed. Gallimard, Paris, 1991, p. 499.

15. La dynamique des kamikazes peut-être interprétée comme celle
d'éliminer
simultanément l'ennemi extérieur et celui intérieur.

16. Action qui est à son commencement, au moment où l'intentionnalité
peut-être bloquée par l'indécision; ce qui, dés lors, suspend en
quelque
sorte l'agir.

17. "L'hypocrisie en Amérique n'est pas un péché mais une nécessité et
un
style." James Hillman, o.c, p. 239. Ceci fait pour ainsi dire écho à la
citation d'H. Arendt qu'il a faite p. 171. "Arracher le masque
d'hypocrisie
dont l'adversaire couvre son visage, révéler les tortueuses
machinations et
les manipulations qui lui permettent de dominer sans utiliser les
moyens de
la violence - c'est-à-dire se lancer dans l'action au risque d'être
écrasé
pour proclamer la vérité - telles sont aujourd'hui encore les plus
fortes
motivations de la violence telle que nous la voyons se manifester sur
les
campus et dans la rue." Sur la violence in Du mensonge à la violence,
Ed.
Calmann-Lévy, Presses Pocket, Paris, p. 165. Notons également la
définition
de la violence due au même auteur et que J. Hillman reporte page 170.
"(...)
la violence - l'acte accompli sans raisonner, sans parler, et sans
réfléchir
aux conséquences.". o.c. p. 163. Elle désigne parfaitement la remontée
de ce
qui fut subi.

18. Les quelques citations qui suivent explicitent que l'enfant est
l'étranger, et que l'ennemi possède un double support. Elles sont
tirées de
Un étranger à demeure d'Anne Bouchart Godard, in L'enfant, Ed.
Gallimard,
Folios-Essais, Paris, 2001. "A la violence faite à l'humain par le
surgissement d'un bébé réel, désiré et fantasmé de longue date
pourtant.".
p. 253. "L'enfant par les réactions individuelles et régressives qu'il
entraîne, menace l'individu et la collectivité. Ils vont répondre par
la
violence en retour." p. 257. "Cette 'mise à mort' de l'enfant sauvage
au
travers du bébé réel, dans le même temps, permet qu'une telle mise à
mort
ait de nouveau lieu en chaque membre du groupe." p. 258 "Le bébé est
reçu
comme étranger et inquiétant du fait du refoulement ; les dangers dont
il
menace par projection de l'expérience ancienne, sont à la démesure des
fantasmes primaires". p. 262. "L'enfant-dieu, à qui appartiennent les
décisions de vie et de mort, déifiant ses parents est aussi l'objet
étranger, inconnu, blessant par ses différences, et ses exigences sans
contreparti". p. 263. "En tant que semblable et en tant que différent,
le
bébé fait violence à l'adulte". p. 263. Les théories qui exaltent
l'enfant
en tant qu'enfant sauveur, complémentaires de celle qui affirme qu'il
choisit ses parents, participent elles aussi à la dynamique de
répression.

19. James Hillman, o.c, p. 194

20. J. Hillman, o.c., p. 146. Le texte consacré au "sublime" dans le
Thésaurus de Encycloaedia Universalis, 1968, renferme diverses
notations
révélant bien sa parenté avec le mystique. "(...) l'expérience
émotionnelle,
dans laquelle le sujet éprouve l'inaccessibilité de cet autre autour
duquel
s'est pourtant cristallisé le champ entier de ses visées.". "Mais
l'essence
du sublime réside dans l'état de manque et de désemparement qu'il
instaure,
au niveau de l'intelligence et de la sensibilité. Le sublime crée une
rupture pour engendrer un choc. ". "L'incertitude constitue le lieu
d'émergence du sublime".

21. J'ai déjà abordé ce thème dans Gloses en marge d'une réalité VIII.
Cf.
sur le site de la revue Invariance.

22. Cette phrase synthétise bien, à mon avis, la pensée de l'auteur :
"Le
déprimé n'est pas à la hauteur, il est fatigué d'avoir à devenir
lui-même."
p.11.Toutefois ce "lui-même" n'a rien à voir avec sa naturalité, mais
avec
un être déterminé par le devenir social. Au fond le travail n'est plus
apte
à réaliser la domestication. S. Freud n'a pas uniquement théorisé le
conflit
à l'aide de sa trilogie : ça, moi, sur-moi, à laquelle il convient
d'ajouter, d'ailleurs, l'idéal du moi, qui peut correspondre au
"projet"
tant en vogue actuellement, mais aussi l'insuffisance, l'impuissance
avec le
concept d'hilflosigkeit. En outre A. Adler peut être considéré lui
aussi
comme un fondateur de la théorie de l'insuffisance, sans le réduire à
cela,
tant le conflit ne peut pas être escamoté.

23. Il est difficile d'abandonner le conflit. "N'est-il pas vrai que
l'unique victoire durable consiste justement à vaincre le cour et
l'esprit
de l'autre". J. Hillman, o.c, p. 213. Car vaincre implique qu'il y ait
lutte.

24. Où règne la pratique du dopage qui permet de se dépasser pour
devenir
plus "conflictuel".


Jacques CAMATTE - Décembre 2005
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Emeute Empty
MessageSujet: Re: Emeute   Emeute Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Emeute
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
LES PAYS DE COCAGNE :: LES TEXTES :: Scribes-
Sauter vers: