SEMAINE CULTURELLE - Du 29 août au 3 septembre, l'Alhambra accueillera les premières Algériades genevoises.
«Nous avons décidé de ne pas laisser les extrémistes de tous bords –membres de l'extrême droite ou intégristes musulmans– parler en notre nom.» Pour Benaouda Belghoul, président de l'association Suisse-Algérie Harmonie, rien de tel qu'une semaine culturelle pour remédier au «climat de méfiance à l'égard de la communauté arabo-musulmane induit par les attentats de septembre 2001». Les premières Algériades de Genève auront donc pour but, explique-t-il, de «créer une passerelle de dialogue, de rencontre et d'ouverture. En mettant en valeur notre patrimoine commun plutôt que nos différences.»
D'où l'idée d'ouvrir la semaine avec un concert de musique classique arabo-andalouse, symbole de métissage culturel. Et de consacrer une soirée à deux groupes musicaux –ska et rap– créés par des jeunes engagés, dont certains sont issus de l'immigration algérienne. Dans un autre registre, le one-man-show d'Ali Djilali se veut aussi un melting-pot humoristique: le comique raconte les péripéties d'une mère de famille nombreuse dans un mélange de français, d'arabe et d'alsacien.
Les femmes d'abord
Mais cette première édition des Algériades veut surtout laisser une place particulière aux femmes. Quelques mois après la réforme du code algérien de la famille –qui maintient la polygamie et l'obligation pour les femmes de demander l'autorisation d'un tuteur pour se marier–, Benaouda Belghoul regrette que les politiciens et les médias «ne parlent des femmes dans l'islam qu'en tant qu'opprimées. Nous voulons rendre hommage à celles qui, malgré le poids des traditions, luttent pour leurs droits, sans pour autant renier leurs origines.»
La chanteuse Samira Brahmia, engagée dans le mouvement Ni pute ni soumise, fera ainsi résonner mercredi l'Alhambra de chants en français, en arabe et en anglais. Jeudi soir, une soirée littéraire accueillera deux écrivaines algériennes: Maissa Bey et Malika Mokeddem. Suivra la projection du film d'Assia Djebar La nouba des femmes du mont Chenoua, primé à Venise en 1979.
Le Corbusier et l'Algérie
La semaine se terminera de manière pour le moins inattendue avec un colloque-débat consacré à Le Corbusier. Le célèbre architecte suisse avait été fasciné par la vallée algérienne du M'Zab, ce qui donnera l'occasion de rappeler les échanges entre les deux pays. Et de discuter de développement durable, en prologue à une rencontre d'ingénieurs suisses et algériens en aménagement urbain qui aura pour cadre Ghardaïa, dans la vallée du M'Zab.
Forte du soutien de la Ville et de l'Université de Genève, l'association Suisse-Algérie Harmonie ne manque pas de projets: un festival du film maghrébin l'année prochaine ainsi qu'une nouvelle semaine culturelle. Parce que, insiste Benaouda Belghoul, «il faut donner une chance à ces pays de montrer autre chose que ce que l'on pense d'eux»... I