LES PAYS DE COCAGNE
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 Oaxaca

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3 participants
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kamchatk
Invité




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MessageSujet: Oaxaca   Oaxaca EmptySam 7 Oct - 11:48

La démocratie parlementaire mexicaine est mise à nue. Une énième
fraude, commise
par la droite avec la complicité de l’ancien parti unique, aurait
légèrement forcé
la machine lors du scrutin du 2 juillet. En face, une insurrection
civile montait
déjà en puissance en pleine campagne électorale. À Oaxaca, les gens ne
reconnaissent plus les autorités et envisagent de se gouverner
eux-mêmes. Mais gare
aux ruades du
Léviathan !

LE 1er AOÛT, À OAXACA, capitale de l’État du même nom, six mille femmes
armées de
casseroles ont occupé la radio et la télévision officielles. Pendant
trois
semaines, à micro ouvert, elles - et leurs maris - vont remplacer les
journalistes
devant les caméras et présenter les infos sans rougir de leurs tabliers
de
ménagère. Radio La Ley est rebaptisée Radio Casserole. Voilà maintenant
plus de
cent jours que Oaxaca, Etat
voisin du Chiapas, est entré en zone de turbulences. Ça a commencé le
22 mai, en
pleine campagne électorale, avec une grève des maîtres d’école. Leur
revendication
: une prime de vie chère et des moyens pour les écoles rurales. Le
gouverneur Ruiz
refusant de négocier, 20 000 d’entre eux occupent le centre de la
capitale. Le 14
juin, malgré une campagne de presse calomnieuse et après une
intervention policière
ultra violente contre leur campement, la population s’insurge en leur
faveur.
Depuis, l’industrie touristique, les administrations et les tribunaux
sont en berne
et une Assemblée populaire du peuple de Oaxaca (APPO), réunissant
syndicats
indépendants, associations et municipalités en rébellion, paralyse la
ville en
exigeant la démission du gouverneur. "Le 14 juin marque une rupture
dans l’histoire
de Oaxaca", déclare Aldo González, dirigeant zapotèque de l’Union des
Organisations
Sociales de la Sierra Juárez. "La population s’est sentie attaquée. Les
premiers à
réagir ont été les gens des quartiers. Mais dans la Sierra, les gens
collectaient
déjà des vivres pour les grévistes. Tous ne peuvent pas se déplacer,
mais presque
tous sont là."

Oaxaca est un fief historique du PRI, l’ancien parti unique qui a cédé
le pouvoir
fédéral à la droite en 2000, après 70 ans de règne sans partage. Ici,
le PRI
continuait à faire carton plein à chaque élection, grâce à un
système clientéliste musclé. Oaxaca est un état pauvre, à majorité
indienne. La
source principale de revenus est l’argent envoyé par les émigrés. En
1995, de
crainte que le soulèvement zapatiste n’essaime aussi
dans ces montagnes-là, le PRI lâche du lest en reconnaissant
légalement la
démocratie indigène. Le parlement local vote une loi dite "des us et
coutumes",
avec en arrière-pensée la ferme intention d’intégrer les communautés
"autonomes" à
sa clientèle électorale. Le gouverneur s’appuie pour cela sur des
caciques
indigènes, qui imposent aux villages leurs négoces avec des
entrepreneurs véreux.
De plus en plus de communautés se rebellent contre ces corruptions et,
accusées de
terrorisme, sont en butte
à une répression brutale. Des dizaines de paysans sont assassinés ou
moisissent en
prison pour avoir osé tenir tête aux notables du PRI. C’est de cette
résistance que
se nourrit l’actuel mouvement d’insurrection civile.

Parce qu’il y a vu un miroir grossissant de ses propres appétits,
l’archaïsme
politique du PRI s’est mis depuis quelques années au service d’un
projet des plus
modernes : le Plan Puebla Panama, méga-
entreprise de conquête économique qui lorgne sur toute l’Amérique
centrale. Dans ce
cadre, l’isthme de Tehuantepec ferait office d’alternative au canal de
Panama. Un
large couloir d’autoroutes et de voies de chemin de fer relierait la
mer des
Caraïbes et l’océan Atlantique. Ce couloir devant attirer une
ribambelle d’usines
de montage (maquilas), des barrages et des lignes THT sont en passe
de fleurir
dans toute la région, à Oaxaca, au Chiapas, au Guatemala... Manque de
bol, les
milliers d’hectares
nécessaires à cette entreprise de progrès sont habités par de sombres
peuplades
arc-boutées sur leurs traditions et leurs lopins de terre. "Le
principal soutien à
Ruiz vient des investisseurs, explique Bertín Reyes, un porte-parole de
l’APPO. Ils
sont sur les starting-blocks pour exploiter les matières premières et
la
biodiversité de Oaxaca. Le gouverneur précédent a déblayé le terrain
légal.
Maintenant, l’heure était venue d’acheter et de dépouiller les
communautés. Voilà
la clé de la crise actuelle." En échange de la mort physique et
culturelle des
villages ? La vague promesse d’un poste de travail sur une chaîne de
montage ? Rien
de très réjouissant pour des communautés qui vivent en étroite relation
avec la
terre.

Dans les montagnes revêches où ont été acculés les Indiens, la figure
du maître
d’école inspire le respect. Il n’en a pas toujours été ainsi, quand
l’instituteur,
comme le curé, tentait d’imposer une culture jugée
étrangère. Mais depuis que certains jeunes sont devenus instits
bilingues, les gens
apprécient mieux leur abnégation. Mal payés, affectés dans des zones
retirées, où
ils restent pendant des semaines sans voir leur famille, les maîtres
ont appris à
se bagarrer pour leurs droits et aussi pour ceux des villages. Un des
détonateurs
de la grève actuelle a été le viol et l’assassinat de deux jeunes
institutrices
alors qu’elles se rendaient à pied dans la communauté où elles
enseignaient. La
colère est telle que la grève et l’occupation ont persisté même pendant
les
vacances scolaires. Lorsque le 14 juin, le gouverneur lance trois mille
flics
contre le campement des instits, la population se soulève donc contre
lui. Deux
heures après l’assaut à balles réelles, tirées parfois depuis des
hélicoptères (la
rumeur parla de six morts),les instituteurs et leurs alliés reprennent
la ville.
"Quand il se rend compte de son erreur, le gouverneur propose de
négocier", raconte
Dolores Villalobos, coordinatrice du Conseil Indigène et
Populaire-Flores Magón.
"Mais c’est trop
tard : en réponse au large soutien qu’ils viennent de recevoir, les
instits mettent
leurs demandes sectorielles en veilleuse et se font les porte-drapeau
de la volonté
générale : que Ruiz s’en aille. Il n’y a plus de discussion possible."

"Nous allons provoquer une crise économique en bloquant les routes et
en boycottant
les grandes enseignes multinationales."
La radio des instits a été détruite ? Qu’à cela ne tienne, les
étudiants occupent
Radio Universidad et la mettent au service du mouvement. Une Assemblée
populaire
(APPO) réclame la destitution du gouverneur. "Personne
n’est l’APPO, nous la représentons tous", affirme Aldo González.
"Chacun y
participe à sa façon, en expulsant un maire pourri, en occupant une
officine
gouvernementale, en convoquant une assemblée, en récupérant les
traditions, en
bloquant les rues et les routes." À chaque sursaut répressif du
gouverneur, le
mouvement prend de l’ampleur. L’occupation de la radio et télévision
officielle
vient en réaction au sabotage de Radio Universidad par des nervis.
Après vingt
jours de télé et radio libres, des paramilitaires délogent en pleine
nuit les
journalistes improvisés. La même nuit, l’APPO investit douze radios
commerciales.
Quand la nuit suivante des sicaires montés sur des fourgonnettes
circulant à vive
allure mitraillent les façades de ces radios, tuant deux occupants, les
habitants
des quartiers dressent des barricades pour empêcher ce convoi de la
mort de
circuler. Il y a encore, à l’heure où nous écrivons, plus de mille
barrages dans la
capitale. Pour les matérialiser, des véhicules de police aux pneus
crevés et des
bus réquisitionnés. "Nous allons provoquer une crise économique en
bloquant les
routes et en boycottant les grandes enseignes multinationales", déclare
à "La
Jornada" Rogelio Mesinas, un porte-parole de l’APPO. "Nous remplacerons
les centres
commerciaux par des
marchés populaires sauvages." La procureur général de l’état accuse
l’APPO d’être
une guérilla urbaine. "L’APPO n’a aucune relation avec une quelconque
guérilla, ni
avec la coalition de gauche qui s’est
mobilisée au niveau national contre la fraude électorale, bien que nous
respections
leurs luttes", clarifie Rueda Pacheco, leader des instits. D’abord en
marge de la
campagne électorale puis, à partir du 2 juillet, en
parallèle à la mobilisation antifraude, le mouvement de Oaxaca a
dépassé le terrain
de la politique institutionnelle : si le départ du gouverneur est une
exigence
fédératrice, le vide de pouvoir actuel permet de voir surgir au grand
jour une
pratique démocratique jusqu’à présent souterraine,
marginalisée. "L’APPO doit s’inspirer de la vie communale des
villages", affirme
Lucio López, ancien président municipal de la région mixe.

Les zones rurales, et certains quartiers urbains, ont souvent développé
une
démocratie parallèle qui contourne l’autoritarisme du PRI. Cette
expérience, ancrée
dans la culture de résistance indigène, est un outil précieux pour
inventer une
administration de la chose publique qui n’échappe plus aux gens. « Le
peuple de
Oaxaca s’est souvenu qu’il est communauté », s’enthousiasme Dolores
Villalobos. "On
apprend à
s’organiser pour manger, pour l’autodéfense, pour les occupations, pour
construire
un accord, pour nos récoltes... C’est tout bénef, surtout si on dépasse
les
discours sur la solidarité et le soutien mutuel pour en venir à une
pratique qui
garantit notre survie." Sacrément utile quand les fonctionnaires ont
fui... Alors,
pourquoi se contenter de la destitution du cacique en chef et de
l’arrivée d’un
gouverneur intérimaire qui entérinerait un retour à la normale ? "La
mobilisation a
été intense, on peut imaginer qu’une fois la chute du gouverneur et la
libération
des prisonniers obtenues, le calme reviendrait", pense Carlos Beas, de
l’Union
des Communautés Indigènes de la Zone Nord de l’Isthme, contacté par
"CQFD". "Mais
la réaction des villages et des quartiers a été impressionnante. Et ils
ont bien
d’autres motifs d’insatisfaction !" Pourquoi ne pas systématiser cette
démocratie
vivante ? Pendant que, dans des hôtels déserts, les commis de l’État et
les partis
de gouvernement négocient une sortie de conflit qui leur soit
favorable, que Fox
craint un
embrasement du reste du pays et que l’armée patrouille et intimide,
voilà la
question qui court les rues de Oaxaca, la ville aux mille barricades.

Nicolas Arraitz

Article publié dans "CQFD" n° 37, septembre 2006, actuellement en
kiosques et
librairies. À lire également, les articles sur Oaxaca LE VIEUX RÉGIME
EST MORT et
CHRONOLOGIE D’UN FEU QUI COURT parus dans le même numéro.

http://www.cequilfautdetruire.org/
http://cspcl.ouvaton.org/article.php3?id_article=347
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kamchatk
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptySam 7 Oct - 12:25

Les groupes de manifestants ont renforcé leurs barricades de rue et ont
préparé des
cocktails
Molotov dans cette ville du sud du Mexique, au milieu des rumeurs
d’incursion de
forces du
gouvernement, tandis que des hélicoptères d’artillerie survolaient la
nuit de samedi à
dimanche le centre ville.

Quelques journaux de la capitale méxicaine ont déjà dédié leurs
premières pages aux
photos de
deux hélicoptères de l’armée et d’au moins un avion militaire survolant
le centre
d’Oaxaca
dans la nuit de samedi.
Tandis que le journal Reforma disait qu’une guerre était préparée à
Oaxaca, El
Universal a
informé que des hélicoptères, des avions et 15 camions avec soldats se
sont
concentrés à
Huatulco, centre touristique du Pacifique, à grande distance par tyerre
de la ville
d’Oaxaca.
Un seul hélicoptère a été vu dans les environs de la ville dimanche.
Un fonctionnaire du Secrétariat de la Défense Nationale dans la ville
de Mexico a dit
dimanche qu’il n’avait pas de détails sur les vols réalisés le week-end
ou sur la
concentration de forces.
Les manifestants ont répondu aux survols en faisant détonner de
puissants pétards
qui ont
secoué les rues et les édifices historiques en rendant encore plus
nerveuse la
population.
Ils ont également renforcé leurs barricades avec des sacs de ciment et
des troncs
d’arbres,
en jurant de repousser tout policier ou soldat qui avance par la ville.
Les rues étaient presque complètement vides dimanche, dans un contraste
marqué avec
la vie
normale dans Oaxaca, une ville coloniale fameuse pour sa cuisine
traditionnelle,
culture et
ruines préhispaniques.
En mai, des dizaines de milliers de professeurs en grève ont pris les
rues de la
capitale en
demande de meilleurs salaires.
En juin, le gouverneur Ulises Ruiz a envoyé la police pour tenter de
récupérer le
centre de
la ville. Depuis lors, des centaines d’étudiants gauchistes et
anarchistes se sont
joints aux
professeurs en grève, en construisant des barricades, en brûlant des
autobus et en
prenant
des stations de radio et télévision.
Ils demandent la démission de Ruiz, en signalant qu’il a fomenté une
fraude dans les
élections étatiques de 2004 et qu’il utilise des groupes paramilitaires
pour
combattre des
dissidents.
Au moins deux personnes sont mortes dans des fusillades intermittentes
et des
dizaines ont
été blessées dans des chocs entre la police et les manifestants. Durant
la nuit, les
manifestants brûlent des pneus et arrêtent des véhicules à la recherche
d’agents en
civil,
lesquels disent-ils sont employés pour les attaquer.

Associated Press, 01 octobre 2006 (20 h heure francaise).
Traduction :Fab, santelmo(a)no-log.org
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kamchatk
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptySam 14 Oct - 12:22

Dans le cadre de la Tournée du CIPO-RFM au Québec et en Ontario, nous
sommes
heureux de vous présenté une soirée vidéo.

En effet, les membres du Conseil Indigène Populaire de Oaxaca - Ricardo
Flores
Magon (CIPO-RFM) nous rendrons visite pour la première fois ce lundi 16
octobre
afin de nous présenter quelques documentaires sur la situation actuelle
des luttes
sociales au Mexique.

Depuis déja quelques mois, la population de la ville et de l'état de
Oaxaca s'est
soulevé dans le but de faire démissionner le gouverneur. En voulant
réprimer le
mouvement de grève des professeurs au mois de mai, Ulises Ruiz a
déclenché un fort
mécontentement qui dormait depuis trop longtemps chez la population.
Aujourd'hui,
l'armée Mexicaine et sa police (PFP) menace de rentrer en grand nombre
dans une
ville protégé par plusieur barricades, gardés par des gens ordinaire,
mais qui sont
la preuve vivante qu'une autre société est possible. Depuis la
disparition des
pouvoirs publiques, les gens ce sont rassemblés pour former
l'Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (APPO) dont fait partie le
CIPO-RFM.

C'est donc un rendez-vous!

Lundi 16 octobre, 6:30 pm,
Café l'Exode, Cégep du Vieux-Montréal
255 Ontario est, métro Berri-Uqam
Contribution volontaire

Un évènement organisé par le comité organisateur de la caravane
CIPO-RFM

Fédération des Communistes-Libertaires du Nord-Est (NEFAC)
Ici la sexta, adhérents à la sixieme déclaration de l'EZLN.

Surveillez www.nefac.net pour les dates de la tournée au Québec
info: bernie(a)nefac.net
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kamchatk
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptySam 14 Oct - 16:48

Article Mondialisation.ca



URL de cet article: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=20061013&articleId=3476


www.Mondialisation.ca



Action urgente: Militarisation croissante de la ville de Oaxaca



Le 13 octobre 2006
SolidaRed


Dans les dernières semaines, la situation à Oaxaca a frôlé la guerre civile. Les citoyens mobilisés contre les injustices et la persécution du gouvernement d’Ulises Ruiz Ortiz, gouverneur de Oaxaca, se sont regroupés sous l’APPO (Assemblée Populaire du Peuple de Oaxaca) un collectif abritant des professeurs, groupes syndicalistes, et des centaines de regroupements sociaux (dont le CIPO-RFM), demandant la démission du gouverneur Ruiz Ortiz. Leurs manifestations et dénonciations contre les politiques autoritaires de Ruiz Ortiz se voient cependant fortement réprimés par les forces armées ou groupes paramilitaires, mandatés par le gouverneur afin de déloger les barricades ou supprimer des grèves, ce qui s’est souvent soldé par des morts et des dizaines de blessés et de disparus.

Dernièrement, la présence militaire s’est renforcée dans la ville de Oaxaca, avec des patrouilles quotidiennes de chars d’assaut, des survols d’hélicoptères et avions militaires et des provocations physiques d’agents policiers déguisés en civils. Ces incessantes intimidations et provocations créent un climat de violence engendrant les conditions favorables à une intervention répressive de la Police Fédérale Préventive (PFP), une menace qui risque à tout moment d’éclater.

Cette atmosphère de constante vigilance militaire se poursuit, paradoxalement, au moment où le gouvernement de Oaxaca propose une issue «pacifique» au conflit à travers la tenue d’une «Table de discussion». À cette Table on invitait les organismes de la société civile présents à signer une entente qui assurerait le retour de la gouvernabilité à l’État de Oaxaca, sans pour autant destituer le gouverneur Ruiz Ortiz. L’APPO a bien sûr refusé d’y participer, considérant cette concertation comme une stratégie du gouverneur pour démobiliser et délégitimer les mouvements sociaux de Oaxaca ainsi que leur lutte, dévier les pourparlers de l’enjeu crucial : la démission du gouverneur, et justifier officiellement la répression militaire et policière à leur encontre.

Cliquez ici pour voir l’action urgente complète et endosser la lettre de pression.

http://www.ccdhal.koumbit.org/
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kamchatk
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptyVen 20 Oct - 19:50

L’ASSEMBLÉE POPULAIRE DES PEUPLES D’OAXACA DÉCLARE L’ALERTE MAXIMALE

Hier soir, 18 octobre, un instituteur indigène qui sortait d’une réunion a été
abattu par trois balles tirées depuis une voiture sans plaques. D’autres militants
ont reçu par téléphone des menaces de mort. L’APPO a déclaré l’alerte maximale pour
renforcer les occupations et les barricades.
La Section 22 du Syndicat national des travailleurs de l’éducation est en train de
réaliser une consultation des 70.000 enseignants de l’Etat pour savoir s’ils
veulent reprendre les cours ou continuer la grève. Celle-ci devient de plus en plus
difficile à poursuivre en raison de la suspension du paiement des traitements
depuis deux mois. Quelle que soit la décision des participants, la section a
cependant annoncé qu’elle ne
renoncerait en aucune façon à réclamer la destitution du gouverneur Ulises Ruiz,
qui n’est, dit-elle, pas négociable. Des militants et des parents ont déjà
manifesté leur désir de poursuivre la grève en proclamant : "Un enseignant
conscient ne se rend ni ne se vend" et "Enseignant, tu as commencé, tu dois
terminer ! Ulises n’est pas parti, tu dois le chasser !".

Le Sénat a déclaré que l’État n’était pas en rupture de pouvoir (ce qui empêche
d’organiser des élections) mais qu’il y avait ingouvernabilité de fait et
persistance des procédés "de caciques". Au grand scepticisme de tout le monde, le
président Vicente Fox a assuré que le problème serait résolu par la négociation
avant la fin de son mandat.

Sur place, en effet, on est loin des discours lénifiants. Tandis que le parti au
pouvoir (PRI) commence à préparer l’opération de récupération du centre-ville (le
gouvernement a notamment commencé à réaménager une prison en prévision d’une
arrestation massive d’enseignants et de militants), les brigades mobiles de l’APPO
ont repris l’occupation de bâtiments publics, en commençant par le siège du
gouvernement, dans lequel ils se sont contentés de laisser des graffitis, et en
terminant par le bâtiment du Journal officiel.

En l’absence des forces de police dans le centre-ville occupé, les infractions se
multiplient, et une justice populaire s’installe, qui ne fait pas toujours dans la
dentelle : un homme qui s’est introduit par deux
fois dans une école maternelle pour voler et pour tenter de violer une
institutrice, a été tabassé par la foule avant d’être remis aux autorités
judiciaires. Sa photo, le visage ensanglanté, et portant une pancarte sur
laquelle on a écrit "Je suis un rat et un violeur", fait le tour de la presse,
alimentant la campagne de dénigrement du mouvement.

Des actions spectaculaires pour se faire entendre

A Mexico se poursuit l’occupation des délégués de l’APPO devant le Sénat fédéral,
ainsi que la grève de la faim d’une partie d’entre eux. Une vingtaine de
manifestants se sont prélevé une seringue de sang pour écrire
avec leur propre sang des slogans pour la liberté et contre le gouverneur Ruiz.
Cette action spectaculaire est, selon une militante du Front populaire
révolutionnaire, "le seul moyen qui nous reste de nous
exprimer". S’adressant à la presse, les délégués dénoncent ce besoin de
spectaculaire : "Voyons si maintenant vous nous prêtez attention. C’est ça que vous
voulez ? Eh bien vous l’avez !"

[ information diffusée par la mailing liste [cspcl] - http://ouvaton.org/cspcl ]
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kamchatk
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptyDim 29 Oct - 22:00

Bien le bonjour d’Oaxaca,
Cette journée d’arrêt de toute activité a été particulièrement
meurtrière, quatre
morts et un grand nombre de blessés par balles, ou comment se défend la
dignité de
tout un peuple. Les barricades dans les colonies et sur toutes les
voies d’accès au
centre ville ont bien tenu malgré les escadrons de la mort et surtout
les troupes
de choc de policiers municipaux en civil fortement armés face à des
gens qui les
affrontaient avec des pierres. Ce sont les municipalités des environs,
encore
contrôlées par le PRI, le parti révolutionnaire institutionnel d’Ulises
Ruiz, qui
ont recruté et armés ces tueurs et qui sont directement responsables
des violences
et des assassinats. La municipalité de Santa Lucía del Camino où un
jeune
journaliste nord américain d’Indymédia a trouvé la mort, et la
municipalité de
Santa María Coyotepec où il y eut deux morts et dix huit blessés ont
joué un rôle
déterminant dans cet affrontement contre les membres de l’Assemblée
populaire.
L’ambassadeur des États-Unis ment en parlant d’un échange de coups de
feu. Rueda
Pacheco, dirigeant du syndicat enseignant, ment en parlant de groupes
violents et
en se gardant bien de dire d’où viennent les tueurs. L’État a désormais
le prétexte
qu’il attendait pour rétablir l’ordre et l’État de droit comme il dit
si bien.
Ulises Ruiz joue-t-il son va tout dans une ultime confrontation
meurtrière ou
a-t-il l’aval de l’État pour provoquer des morts en vue de
l’intervention de
l’armée et de la police préventive fédérale ?

L’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca n’a pas jusqu’à présent
répondu à la
provocation en s’armant, ce qui justifierait l’envoi des troupes, et
c’est les
mains nues qu’elle garde les barricades et qu’elle fait face, avec une
vaillance
admirable, aux escadrons de la mort et aux sbires du PRI. Les familles
ou les amis
restent auprès des blessés et veillent à ce qu’ils soient soignés par
des médecins
et transportés par les ambulances rouges de l’APPO, les ambulances de
la protection
civile sont fliquées et l’hôpital n’est pas sûr. La croix rouge, nous
dit-on,
refuse d’intervenir sur ordre du gouverneur déchu. Les disparitions
sont
nombreuses, la personne qui avait été enlevée ce matin a été retrouvée
en prison.
Heureusement la radio université fonctionne, ce qui permet de
coordonner les
mouvements, de renforcer une barricade qui montre des signes de
faiblesse par
exemple, de prévenir de la venue des troupes de choc, ainsi s’est
organisé tout un
réseau d’entraides, les habitants de Saachila, une commune en
résistance, se sont
regroupés pour envoyer des équipes afin de prêter main forte aux
habitants
d’Oaxaca, à San Bartolo Coyotepec les habitants se sont retrouvés pour
venir en
aide à leurs voisins de Santa María Coyotepec.

La nouvelle s’est répandue rapidement et la capitale réagit, des
barricades ont été
élevées à proximité de l’hémicycle Benito Juárez, nous dit-on. Le bruit
court que
le ministère de l’intérieur est occupé par ceux qui se trouvaient
devant le Sénat.
C’est le matin, j’apprends qu’Abascal, le ministre de l’intérieur,
vient de donner
l’ordre à la troupe d’intervenir. La complicité entre le gouverneur
tueur et le
gouvernement fédéral est donc bien une complicité objective, l’assassin
avait
l’aval de l’État pour lancer ses troupes de choc contre les habitants.
La ville est
bien décidée à résister et toutes les voies d’accès sont hermétiquement
fermées par
des barricades.

Oaxaca, le 28 octobre 2006.

[ information reprise du site du Comité de solidarité avec les peuples
du Chiapas
en lutte : http://cspcl.ouvaton.org/
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Date d'inscription : 20/02/2006

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MessageSujet: Re: Oaxaca   Oaxaca EmptyLun 30 Oct - 11:49

Appel urgent à la mobilisation en soutien à l’APPO

Des tueurs d’Ulises Ruiz tirent contre les barricades de l’APPO, assassinent plusieurs compañeros et laissent une vingtaine de blessés.

Aujourd’hui, 27 octobre, des tueurs de l’assassin Ulises Ruiz, ont tiré sur les barricades de l’APPO dans l’avenue de Ferrocarriles, de Santa Lucía del Camino et dans l’agence municipale de Coyotepec, dans la banlieue d’Oaxaca. Au cours d’un de ces affrontements, ils assassinèrent Bradley Will, journaliste membre d’Indymedia, citoyen des États-Unis et blessèrent plus de 6 compañeros. L’APPO informe également, à travers Radio Universidad, de la mort d’un autre enseignant et de près de 20 blessés par balle ou arme blanche.

Ces lâches agressions armées contre le peuple d’Oaxaca ne laissent aucun doute que l’assassin Ulises Ruiz doit immédiatement abandonner son poste, il n’y a pas d’autre solution ni de discours qui vaille.

La Commission Sexta de l’Armée zapatiste de libération nationale lance un appel à tous les adhérents et les sympathisants de l’Autre Campagne et de la Zezta Internationale pour qu’ils se manifestent par tous les moyens et sous toutes les formes, partout où ils se trouvent, afin d’exiger le renvoi immédiat de l’assassin Ulises Ruiz, son châtiment et celui de ses complices et en soutien de l’APPO.


http://enlacezapatista.ezln.org.mx/la-otra-campana/528/

http://www.narconews.com/Issue43/article_fr2226.html
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kamchatk
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptyMer 1 Nov - 12:09

TERREUR ET REPRESSION A OAXACA (Mexique) :
appel à solidarité avec l’Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (APPO).
Plus de 20 000 effectifs de l’armée et de la police assiègent la ville de
Oaxaca.

Depuis plusieurs mois le Syndicat National des Travailleurs de l’Education et
l’Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (APPO) réalisent des manifestations,
des grèves, des barricades et l’occupation du centre-ville pour exiger
l’amélioration des conditions de travail dans l’enseignement et la destitiution
du gouverneur priiste Ulises Ruiz, auteur d’une répression systématique et
meurtrière depuis le début du mouvement. Depuis samedi dernier, la guerre a été
déclarée au peuple de Oaxaca en résistance. Provoquant d’abord des attaques
paramilitaires ayant fait 4 morts, l’Etat fédéral a ensuite envoyé plus de 20000
effectifs de l’armée et de la police fédérale préventive qui livrent
actuellement un combat contre tous les points de résistance de l’APPO.

Au Mexique, en dépit des discours officiels sur la " transition démocratique ",
les forces conservatrices et la répression se généralisent. Quelques mois à
peine après l’attaque armée contre le Front des Peuples en Défense de la Terre
de la ville d’Atenco, c’est aujourd’hui l’Assemblée Populaire des Peuples de
Oaxaca (APPO) et la section locale du Syndicat des Travailleurs/euses de
l’Education Nationale (SNTE) qui sont assiégées par les forces militaires,
policières et paramilitaires. Depuis la mi-mai de cette année, la section 22 du
Syndicat National des Travailleurs/euses de l’Education a entamé un mouvement de
grève pour exiger l’indexation des salaires face à la hausse du coût de la vie,
et pour l’amélioration des conditions-cadre de leur travail. En effet, comme au
Chiapas ou dans d’autres régions à forte population rurale-indienne, les
conditions de travail des travailleurs/euses de l’éducation se heurtent à une
structure sociale oligarchique et raciste, au manque d’infrastructure et
d’encadrement pour les élèves, à la précarité de l’emploi et des salaires pour
les enseignant-e-s, etc. De manière générale, la province de Oaxaca présente une
forte polarisation sociale qui ne date pas d’hier : plus de 60% de la population
est indienne, fortement ségréguée et subissant les plus hauts indices de misère
et d’analphabétisme. Elle est aussi l’une des régions les plus rebelles, et cela
depuis l’époque coloniale.
Depuis le mois de juin, le mouvement syndical subit une répression systématique,
visant à casser le mouvement et à le discréditer aux yeux de l’opinion publique.
En juin, des manifestations furent massivement réprimées par la Police Fédérale
préventive (PFP), générant l’extension du mouvement à divers secteurs
populaires, paysans et indiens ainsi qu’aux partisans du candidat de
centre-gauche aux élections présidentielles Manuel Lopez Obrador, évincé du
pouvoir malgré les preuves de fraude électorale. S’est alors formée l’assemblée
des peuples de Oaxaca (APPO), regroupant près de 350 organisations, qui exige la
destitution du gouverneur Ulises Ruiz par la grève générale dans l’enseignement,
par l’occupation permanente du centre-ville, par le maintien de barricades pour
résister aux diverses attaques de milices priistes (du parti PRI),
paramilitaires et policières. Le mouvement exige également la libération des
prisonniers politiques et l’annulation des mandats d’arrêts contre les membres
de l’APPO et du syndicat des enseignant-e-s. Depuis septembre, le gouvernement
fédéral assiège progressivement la ville en envoyant à ses abords, des forces de
l’armée nationale, de la marine, de la police fédérale préventive, ainsi que de
l’agence fédérale d’investigation (AFI) (police politique). Depuis près de deux
mois, le mouvement vit dans l’angoisse d’une attaque frontale. A la mi-octobre,
la répression avait déjà provoqué dix morts, principalement le fait de milices
partisanes et de la police fédérale préventive.
Depuis samedi 28 octobre, la guerre a été déclarée au peuple oaxaquénien. Dans
deux quartiers à forte résistance organisée (Santa Lucía et La Experimental) des
miliciens du PRI et des paramilitaires ont attaqué les barricades en plusieurs
endroits. Quatre personnes ont été abattues par balles : une enseignante et un
enseignant, un membre de l’APPO et un caméraman étasunien du réseau de médias
alternatifs Indymedia. Des dizaines de personnes ont également été blessées et
une cinquantaine sont portées " disparues ". Cette attaque armée -
volontairement " non officielle " - est aujourd’hui le prétexte à une
intervention massive et officielle de l’armée et de la police, dans le but de "
rétablir " l’ordre dans la ville. Hier 29 octobre, 10000 militaires sont entrées
au centre-ville et attaquent les barricades de l’APPO au canon à eau. Derrière
eux arrivent 3500 policiers grenadiers, 3000 militaires munis d’armes à feu et
5000 forces militaires supplémentaires qui surveillent les abords de la ville,
tandis que les groupes de paramilitaires continuent de harceler les points de
résistance. Des tanks sont également entrés dans la ville, ainsi que des
voitures banalisée de l’AFI, tandis que des hélicoptère et des avions de l’armée
la survolent. En solidarité, des dizaines de milliers de personnes ont " pris "
spontanément les routes aux abords de Oaxaca pour tenter de stopper
pacifiquement l’entrée des troupes dans la ville.
Un massacre est en route contre un mouvement populaire qui se dresse depuis des
mois contre le modèle de société néolibéral, raciste, sexiste et autoritaire. La
répression exercée à son encontre, loin d’être isolée, s’inscrit dans une
logique d’agression contre diverses organisations populaires, syndicales,
paysannes, féministes et indiennes dans cette province. Toute organisation
remettant en question le pouvoir des " caciques " locaux (notables et
propriétaires terriens) priistes subit la loi de leurs gardes blanches
(paramilitaires) et la répression de l’Etat. Malgré de nombreuses dénonciations
internationales, l’impunité règne encore au Mexique et la répression que vit
aujourd’hui Oaxaca confirme l’intensification de l’offensive conservatrice dans
l’ensemble du pays.

Communiqué du groupe de solidarité avec le Chiapas Ya Basta-Lausanne, 29 octobre
2006
Contact : lunadebrujas@yahoo.fr
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptyJeu 2 Nov - 18:49

http://meeting.senonevero.net/article.php3?id_article=122
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptyVen 3 Nov - 14:18

Bien le bonjour,
Je vais répondre à tes questions, cela m’a paru intéressant de faire un
petit topo
sur le fonctionnement interne de l’Assemblée populaire des peuples de
Oaxaca
(APPO), je ne vais pas rentrer dans les détails, du moins je vais
essayer de
trouver un juste équilibre.

A la suite de l’envoi des forces de police le matin du 14 juin contre
les
enseignants, qui manifestaient depuis le mois de mai, la population de
la ville
d'Oaxaca prit spontanément le parti des maîtres d’école. C’est en
grande partie
avec l’aide des habitants du centre que les enseignants purent se
remettre de
l’attaque surprise des flics et reprendre l’offensive, infligeant aux
forces de
l’ordre de l’Etat d'Oaxaca une défaite dont ils ne se remettent pas. A
la suite de
cet affrontement, eurent lieu deux manifestations, qui ont regroupé
plusieurs
centaines de milliers d’habitants. Peu à peu, les gens ont commencé à
s’organiser.

Le 23 juin, les délégués des colonies (les colonies sont des quartiers
créés à
partir de la concession de terrains par les habitants eux-mêmes), des
associations
civiles (de développement, de communication, de culture, d’éducation,
de santé,
de droits humains, de protection de la nature… Il y en a plus de 500
répertoriées
dans tout l’Etat d'Oaxaca), des associations indiennes (UNOSJO, Service
Mixe, CIPO
Ricardo Flores Magon, Conseil des anciens de Yalalag, Service
communautaire Ñuu
Savi, Union des communautés
et peuples indigènes Chontales, Union des femmes Yalatèques…), des
représentants
des communes de l’Etat (plus de cent communes se sont libérées à cette
occasion, de
la tutelle du Parti révolutionnaire institutionnel – PRI), des
artistes, des
représentants du secteur académique (université autonome de Oaxaca -
UABJO), des
groupes politiques de gauche et d’extrême gauche, des étudiants, des
individus sans
qualité particulière, des libertaires, des syndicats (de la santé, par
exemple) et,
bien entendu, la section 22 du syndicat de l’éducation (la section 22
est la
section syndicale qui correspond à l’Etat d'Oaxaca) se sont réunis en
assemblée
pour désigner les membres d’une commission provisoire négociatrice.
Cette
commission, comme son nom l’indique, est chargée d’entreprendre les
négociations
avec le gouvernement fédéral (pour l’assemblée, le gouvernement de
l’Etat d’Oaxaca
n’existe plus), elle doit continuellement rendre compte des
négociations à
l’assemblée populaire, qui, en retour, lui dicte ses volontés.
Théoriquement, les
décisions sont
prises par l’APPO, par la majorité des présents quand le consensus ne
peut être
atteint, jusqu’à présent la majorité a toujours été proche du
consensus. J’écris
"théoriquement" et "jusqu’à présent", car il se dessine
une tendance, parmi les dirigeants syndicaux proches des partis, qui
cherche à
passer outre aux décisions de l’assemblée. La base ne se laisse pas
faire mais ces
manœuvres sont déplaisantes et à la longue accentuent le divorce entre
deux
courants (les modérés et les radicaux) et affaiblit par des tensions
internes
l’assemblée. Le 10, le 11 et le 12 novembre aura lieu le congrès
constituant de
l’Assemblée populaire des peuples d'Oaxaca.
Une dernière remarque, c’est une assemblée ouverte, tous les habitants
peuvent y
participer, cependant il existe comme une vigilance interne à travers
une chaîne ou
réseau de reconnaissances, dans le sens où il est toujours possible de
savoir qui
est "ce nouveau venu".

Il faut comprendre que la ville n’a pas été ébranlée dans ses
fondements par
l’absence et le non-fonctionnement des institutions gouvernementales.
La vie continue comme avant, elle est même plus passionnante et
agréable, c’est une
ville touristique et les touristes l’ont désertée, ce qui a entraîné
une perte des
profits de l’industrie touristique et de ses satellites, mais les
marchés sont
approvisionnés, les magasins sont ouverts, les transports publics
fonctionnent, les
restaurants et les cafés sont ouverts, on y dépense son argent,
seulement la ville
est en alerte, des barricades aux entrées d’Oaxaca obligent à de longs
détours et
parfois, en alerte maximale, l’entrée de la ville est interdite, ou
alors très
difficile. Il y a aussi des barricades dans les colonies et dans les
endroits
stratégiques, elles sont en général ouvertes la journée, sauf celles
qui se
trouvent dans des endroits à protéger comme la radio communautaire, le
zocalo, le
siège de l’assemblée, ou des bâtiments publics désoccupés et interdits
comme le
siège du gouvernement, le tribunal, etc. Ces barricades ont été
dressées
spontanément par les habitants des colonies pour se protéger des
opérations
commandos des escadrons de la mort (des policiers municipaux en civil
qui tiraient
sur les gens, la nuit, à partir de camionnettes). Ces opérations
d’assassinat,
commanditées par le gouverneur déchu, à partir de commandos et de
francs-tireurs
continuent à faire des blessés et des morts à proximité des barricades
ou dans des
rues isolées. Des commissions ont été créées par l’assemblée pour le
fonctionnement
minimal de la ville, j’en cite quelques-unes de mémoire : commission de
la santé,
de l’hygiène, des finances, de la logistique, de la presse, de la
cuisine et de
l’approvisionnement (pour les campements et pour ceux qui viennent de
l’extérieur),
commissions des brigades mobiles et de la surveillance, de la sécurité.

La commission de sécurité a été constituée sur le modèle des topiles,
ou plus
précisément de la police communautaire telle qu’elle existe dans le
Guerrero ou au
Chiapas parmi les zapatistes, ils ont été désignés, ou plutôt acceptés
(ce sont
pour la plupart des volontaires) par l’assemblée.
Les délinquants sont remis à l’APPO, qui, en général, après leur avoir
expliqué la
situation, les condamnent à un travail d’intérêt collectif comme
balayer les rues,
actuellement la situation se durcit et les voleurs
sont souvent frappés quand ils sont pris par les commerçants. Quand il
s’agit d’un
assassin, d’un paramilitaire ou d’un franc-tireur, l’assemblée le remet
à la
justice fédérale, la PGR (Procuraduría General de la República) par
l’intermédiaire
du syndicat des enseignants.

Les revendications des enseignants et la destitution par l’Etat fédéral
d’Ulises
Ruiz restent au premier plan des négociations. Les enseignants ont
obtenu
satisfaction sur l’ensemble de leurs demandes, reste la destitution du
gouverneur
ou la reconnaissance de la disparition des pouvoirs dans l’Etat
d'Oaxaca, qui est
la revendication principale de l’Assemblée populaire. C’est là
qu’apparaît la
fracture entre les
dirigeants syndicaux qui ont obtenu satisfaction sur tous les points et
l’Assemblée, qui comprend aussi les instits de base, qui ne veut plus
d’Ulises
Ruiz. C’est la partie qui se joue actuellement. Les dirigeants
syndicaux ont
l’appui de l’opposition dite de gauche et représentée par le premier
parti de
l’Etat, le PRD, et avec lui une grande partie de la société civile.
L’APPO se
trouve face à une union sacrée de l’ensemble des
forces politiques capitalistes. Derrière ces objectifs du premier plan
se sont
dessinés d’autres objectifs plus généraux et plus pratiques à travers
une réflexion
sur un nouveau pacte social, à laquelle a été conviée la société
d’Oaxaca (par
l’assemblée). Ce travail de réflexion et de proposition a commencé le
10 octobre et
se prolongera par le moyen de tables de discussion et de dialogue,
d’assemblées
générales et de retour aux tables de discussion, jusqu’au congrès
constituant de
l’APPO. Environ 1500 personnes de tous horizons (dont les délégués des
communes
indiennes) participent à ce travail de réflexion sur un nouveau contrat
social. Les
tables sont les suivantes : 1. Nouvelle démocratie et gouvernabilité à
Oaxaca ; 2.
Economie sociale et solidaire ; 3. Vers une nouvelle éducation à
Oaxaca ; 4.
Harmonie, justice et équité sociale ; 5. Patrimoine
historique, culturel et naturel d’Oaxaca ; 6. Moyens de communication
au service
des peuples.

La solidarité envers ce mouvement insurrectionnel s’exprime sur
plusieurs plans, il
y a d’abord une solidarité proche et quotidienne, des familles des
quartiers qui, à
2 heures ou à 3 heures du matin, vont apporter du café chaud à ceux qui
se trouvent
derrière les barricades, qui apportent des provisions aux campements,
des communes
(souvent très pauvres) qui font parvenir de l’argent à l’assemblée. La
marche sur
Mexico a donné l’occasion à cette solidarité populaire de s’exercer
avec toute la
générosité dont elle est capable ; le campement qui se trouve
actuellement dans la
capitale reçoit de l’aide, alimentaire ou autre, de la part de la
population. Il y a ensuite une solidarité plus militante du fait de
certaines
organisations syndicales, politiques et sociales qui s’est exprimée au
cours du
forum national et international qui eut lieu à Oaxaca
le 14 octobre au cours duquel diverses propositions de soutiens ont été
avancées :
mobilisation nationale et internationale un jour déterminé (à
préciser), bloquer la
circulation en divers points de la capitale du Mexique, création d’une
alliance
nationale unitaire, manifestation devant la télévision pour exiger un
droit de
réponse, campements dans tous les Etats de la république pour exiger la
libération
des prisonniers politiques et de conscience… En fait, la solidarité
s’est surtout
manifestée par l’intermédiaire de petits comités (étudiants,
libertaires, radios libres, associations civiles, groupes d’extrême
gauche, l’autre
campagne zapatiste) qui se sont constitués à cette fin et qui offrent
un appui
logistique (au cours de la marche et dans la capitale) et de
communication,
informer sur ce qui se passe à Oaxaca (face à la désinformation et la
calomnie). Il
faut savoir qu’au Mexique les principaux syndicats ouvriers et paysans
sont aux
mains du pouvoir par le biais du Parti révolutionnaire institutionnel,
qui a
contrôlé le mouvement ouvrier, et plus tard paysan, à partir de 1920.
Ce n’est
qu’exceptionnellement que certaines sections syndicales ont pu
s’émanciper de la
tutelle de l’Etat, comme ce fut le cas de la section 22 du syndicat de
l’éducation
nationale, le syndicat reste dans son ensemble entre les mains de
dirigeants
"charros", c’est-à-dire des dirigeants qui sont dans le cercle du
pouvoir. Dans ce
domaine d’une solidarité effective c’est encore le monde indigène, et
paysan (70%
de la population d’Oaxaca est indienne) qui l’apporte par sa
détermination à mettre
fin à la domination des caciques, ceux qui, avec l’appui de tout
l’appareil de
l’Etat, cherchent à s’emparer à leur seul profit des biens collectifs.

Je ne pense pas avoir répondu à toutes les questions que vous vous
posez et surtout
y avoir répondu avec la clarté et la précision nécessaires à une bonne
compréhension de la réalité. J’ajouterai qu’à mon sens le mouvement
insurrectionnel
d’Oaxaca est essentiellement empirique et pragmatique, les idéologies
sont à sa
traîne et elles ne cherchent même pas à le contrôler. Il risque d’être
marginalisé
par la société civile, cette part indéfinissable, mais importante, de
la société
attachée aux droits de l’homme contre le droit des peuples et des
communautés
villageoises (ou de quartiers). C’est un mouvement désarmé face à
l’infanterie de
la marine mexicaine à laquelle s’ajoutent des bataillons de l’armée de
terre et les
forces de la police préventive fédérale. Sa marge de manœuvre dans ces
conditions
est très étroite. L’Etat attend sa marginalisation dans la société pour
intervenir
au nom du rétablissement de l’Etat de droit. A la suite de cette
intervention, les
leaders dans les communes isolées, qui n’auront pas été emprisonnés
sous divers
prétextes, seront assassinés par des groupes de choc paramilitaires.
D’un autre
côté, la société mexicaine n’est pas disposée (du moins, il me semble)
à accepter
un retour aux bonnes vieilles traditions de la violence étatique, qui
avait
caractérisé les temps, désormais révolus, du parti unique, dans ces
conditions, il
appartient à l’assemblée populaire de surmonter les tentatives de
division, de
trahison et d’isolement instruites par l’Etat et ses partisans. Le
prochain
congrès, le 10 novembre, pour la mise en place d’une assemblée
constituante sera
déterminant pour l’avenir de ce mouvement social.

Oaxaca le 18 octobre 2006.

George Lapierre


[ texte diffusé par le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas
en lutte -
http://cspcl.ouvaton.org ]
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptySam 4 Nov - 11:20

Des membres de l'Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (APPO) sont
sortis de la Ville Universitaire et avec des étudiants ont récupéré
l'avenue Université, tandis que les éléments de la Police Fédérale
Préventive (PFP) se replient.

L'avenue l'Université longe le campus universitaire, où des étudiants et
des appistes se concentrent et repoussent la progression des éléments
fédéraux.

Malgré le fait que sont arrivés sur le lieu plus d'éléments de la
PFP, il
est difficile de contrôler les manifestants, qui entourent
pratiquement la
police fédérale, les

En ce moments les deux groupes échangent des projectiles. L'APPO lancent
des pétards et des coctels molotov, tandis que les éléments fédéraux
lancent du gaz lacrymogène.

Les projectiles de l'APPO atteignent les éléments fédéraux et quelques
reporters, en causant des blessés, parmi lesquels se trouvent Miguel
Dimayuga, photographe de la revue Proceso -qui a reçu une pierre-, et
David Jaramillo, reporter graphique de El Universal, d'après W Radio. Du
côté de l'APPO on rapporte 10 blessés.

De plus en plus de sympathisants et de membres de l'APPO se dirigent
à la
Ville Universitaire par toutes les avenues qui y confluent.

Dans les entrées de l'avenue Universidad vers la Ville Universitaire
il y
a au moins quinze camions de transport public en feu, et les gens
sortent
de leurs domiciles à cause de la chaleur provoquée par le feu.

Les hélicoptères de la PFP survolent le lieu et lancent du gaz
lacrymogène, tandis qu'on apercoit des colonnes de fumée, qui indiquent
que quelque chose prend feu à l'intérieur.

Le croisement avec Cinco Señores a été libéré des éléments de la PFP et
est aussi récupéré par les manifestants de l'APPO.

La Jornada, 02/11/06, 15h01
http://www.jornada.unam.mx:8080/ultimas/se-enfrentan-pfp-y-appo-en-
avenida-universidad
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptySam 4 Nov - 18:06

Samedi matin à Oaxaca, Radio Universidad ne s'écoute plus sur les
ondes de
Oaxaca. Seule la connexion internet fonctionne. La Secretaría de
Vialidades y Transportes (Ministère des transports) a suspendu la
transmission illégalement.

Radio Universidad appelle tous les habitants d'Oaxaca qui sont
connectés à
internet de diffuser la radio avec des porte-voix et des enceintes pour
que la population puisse l'écouter. Des tentatives pour reconnecter la
radio sur les ondes d'Oaxaca sont en cours.
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MessageSujet: ..   Oaxaca EmptyLun 13 Nov - 14:01

Des dizaines de milliers de personnes ont participé aujourd'hui à la
marche
convoquée par l'Assemblée populaire des peuples d'Oaxaca (APPO) pour le
départ du
gouverneur Ulises Ruiz, et durant son parcours depuis la route à
Mexico DF
jusqu'au centre historique, les contingents ont reçu innombrables
démonstrations de
soutien de la part des habitants.

La marche a également été convoquée pour répudier la présence de la
Police fédérale
préventive (PFP). En plus des membres de l'APPO ont participé des
familles de
détenus et de disparus à partir du commencement du conflit, et
spécialement à
partir de l'arrivée de la PFP il y a neuf jours.

De la même manière, ont marché maîtres, caravanes de groupes solidaires
provenants
d'autres parties du pays, membres du Conseil général de grève de la
ville de
Mexico, des colons d'Atenco et des membres du Front populaire Francisco
Villa.

Sur le parcours, de nombreux habitants des zones de Brenamiel et de
Santa Rosa ont
exprimé leur soutien aux marcheurs de différentes manières.

Les contingents ont commencé leur entrée dans la zone urbaine de la
ville, capitale
de l'Etat d'Oaxaca, deux heures après le début de la marche, au milieu
de
nombreuses consignes contre Ulises Ruiz, la PFP et le
président Vicente Fox.

A celle déjà connue, "Ulises est déjà tombé, est déjà tombé!", a été
ajoutée celle
de "Oaxaca n'est pas une caserne, dehors l'armée !",

Durant le parcours, des dizaines de contingents se sont joints à la
marche, qui
s'est terminée à l'ex-couvent de Santo Domingo.

La Jornada, 5 novembre 2006, 14 h 02 (21 h 02 en Europe).

http://www.jornada.unam.mx:8080/ultimas/tumultuosa-marcha-de-la-appo

Traduit par Cybèle.


[ information diffusé sur la mailing liste [cspcl] -
http://cspcl.ouvaton.org ]
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kamchatk
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptyLun 13 Nov - 14:38

Un résumé des événements de la semaine passée

Vendredi 27 octobre des hommes armés en civil tirent contre les
barricades et tuent
trois personnes dont un journaliste new-yorkais d’Indymedia. Soi-disant
pour
rétablir l’ordre, le dimanche 29 octobre, à partir de 14 heures, 4.000
policiers de
la PFP (Policia Federal Preventiva) s’avancent vers le centre d’Oaxaca,
détruisent
les barricades, repoussent les occupants avec camions à eau, gaz
lacrimogènes et
tirs d’armes à feu. Derrière les barricades, des vieilles femmes
ravitaillent en
pierres les jeunes qui les lancent sur les policiers. Certains
militants avaient
d’abord tenté de dialoguer avec ceux-ci : "Puisque vous êtes aussi
foutrement
baisés que nous, pourquoi vous nous faites ça et vous ne nous
débarrassez pas
d’Ulises ?" Alors que le zocalo est déjà occupé par la PFP, des
centaines
d’habitants s’y dirigent en familles et s’y installent comme chaque
dimanche. Cette
première journée d’assaut cause trois morts civils : un infirmier, un
professeur et
un enfant.

Durant tout l’après-midi, la direction de l’APPO n’a pas cessé
d’essayer de
contacter par téléphone la Secretaria de Gobernacion, ministère fédéral
responsable
de la police, en vain. Ils insistent dans tous leurs
communiqués pour que les Mexicains et les citoyens du monde entier
comprennent bien
que ce n’est pas l’APPO qui a rompu le dialogue. Ils accusent le
président Fox
d’avoir choisi la répression violente
malgré ses déclarations lénifiantes de solution pacifique, et dans la
foulée
accusent Felipe Calderon (futur président élu frauduleusement) de
complicité :
"Pauvre petit Calderon. Après ce qu’il a fait aujourd’hui, avant d’être
président,
il ne va pas poser un pied à Oaxaca durant tout son mandat."

A 19 heures, l’APPO abandonne le centre et se replie dans la cité
universitaire. La
répression se poursuit pendant la nuit, dans la ville et dans les
colonies proches,
et une cinquantaine de militants sont arrêtés à
leur domicile.

La radio universitaire est la dernière radio qui subsiste aux mains des
sympathisants de l’APPO : des étudiants l’occupent depuis six mois avec
le
consentement tacite du rectorat. Elle sert de moyen de tramission
d’urgence : demandes d’envoi de médecins, de renforcement d’une
barricade, etc.
Entre ces communiqués et les chants révolutionnaires, elle diffuse les
messages de
solidarité qui affluent du monde entier.

Le recteur de l’Université autonome Benito Juarez d'Oaxaca (UABJO),
Francisco
Martinez Neri, exprime officiellement son inquiétude quant au risque de
violences
contre la communauté universitaire et condamne d’avance toute tentative
de prise du
campus par les policiers. Il appelle à la résolution de conflits par le
dialogue et
la négociation, selon la tradition démocratique d’un Etat de droit.

Les étudiants et les militants de l’APPO renforcent la défense de
l’accès à la
radio et préparent leurs armes : pierres et lance-pierres, cocktails
Molotov,
"basukas" consistant en un tube de PVC rempli de poudre à pétards –
"une
authentique métaphore de David et Goliath", commente un journaliste de
La Jornada.

Le jeudi 2 novembre, la PFP donne l’assaut à l’université, malgré le
refus très
clair du recteur qui rappelle que la loi mexicaine interdit l’incursion
des forces
de l’ordre dans les universités autonomes, à moins
qu’elles soient appelées par le rectorat. Les résistants sont environ
50.000, tous
les habitants du quartier et les étudiants s’étant massés autour du
campus pour le
défendre. Après sept heures d’affrontements très
violents, la PFP doit se retirer sans avoir réussi à atteindre le cœur
du campus.
Officiellement, ils diront qu’ils "n’ont jamais essayé d’entrer" !
Les résistants déplorent cependant une vingtaine de morts, une centaine
de blessés,
plus de 120 prisonniers et de nombreux disparus.

Solidarité nationale et internationale

Les marques de soutien et d’appui surgissent de tout le pays ainsi que
de nombreux
pays d’Amérique et d’Europe. La "Otra Campaña" des zapatistes, qui se
trouve dans
le Nord, ainsi qu’une multitude d’associations
indigènes appellent à bloquer routes, autoroutes et ponts. Ils invitent
à organiser
une grève nationale le 20 novembre. La communauté "Las Abejas"
organisera le 9
novembre une caravane depuis le Chiapas pour apporter vivres et
médicaments à
Oaxaca. Tous les communiqués montrent la même conscience de lutter
contre les mêmes
exploiteurs, les mêmes dominateurs voleurs de terres et de ressources
naturelles,
corrompus et assassins.

Dans l’État d’Oaxaca comme dans les autres États de la République,
quand on parle
avec les gens dans la rue, tous ont la même indignation vis-à-vis de
cet assassin
qui se cramponne au pouvoir au prix de dizaines de morts, et beaucoup
ont la
conviction que les années de soumission sont terminées, que maintenant
le peuple ne
se laissera plus tromper et abuser.

Dans le monde, des manifestations et occupations ont eu lieu devant les
ambassades
et consultats du Mexique, notamment à Vancouver, Los Angeles, Boston,
Chicago,
Lima, Londres, Madrid, Barcelone, Milan et d’autres villes d’Italie.

La situation actuelle

Le samedi 4, une partie des personnes arrêtées ont été libérées ;
toutes se
plaignent de tortures physiques et psychologiques. L’armée occupe la
ville et a
même reçu 2.000 effectifs supplémentaires pour assurer son
omniprésence. On dégage
progressivement les carcasses de véhicules brûlés, les commercent
rouvrent
timidement, craignant encore des incursions de tireurs "non
identifiés". Radio
Universidad est toujours gardée par des barricades, l’état d’alerte se
maintient
(vendredi matin un groupe d’hommes armés a tiré sur les antennes mais
sans les
endommager suffisamment pour arrêter les émissions).

Hier, dimanche 5 novembre, des dizaines de milliers d’habitants venant
de l'État
d’Oaxaca et d'autres Etats ont formé une gigantesque marche vers la
capitale de
l’État pour exiger à la fois la destitution du gouverneur et le retrait
des forces
de police, au cri de "Oaxaca n’est pas une caserne : dehors l’armée !".
Il n’y a
pas eu de nouveaux affrontements avec la PFP, qui s’est contenté de
suivre la
caravane et de l’observer. L’APPO demande à nouveau au président Fox
d’installer
une table de négociation, au plus tard pour ce mardi.

Avancées politiques

Les choses semblent cependant avancer politiquement : la Procudaria
General de la
Republica (la plus haute instance de justice) a ordonné une enquête sur
les
relations entre le PRI local et les groupes paramilitaires
; un haut fonctionnaire a été envoyé à Oaxaca par le secrétaire de
gouvernement
Carlos Abascal Carranza (l’équivalent du premier ministre) pour
favoriser les
négociations et pour rencontrer notamment le
recteur de l’université. Le fonctionnaire a assuré à celui-ci qu’"il
n’a jamais été
dans les objectifs de la PFP ni dans les plans de l’opération d’entrer
dans aucun
espace appartenant à l’Université. Nous devons assurer la préservation
de son
autonomie." Le gouvernement a assuré qu’il n’interviendrait pas dans la
programmation de Radio Universidad, qui jouit de l’autonomie de
l’université.
D’autre part, il a fait savoir que c’était
au PRI de demander à Ulises Ruiz de se retirer. Les députés et
sénateurs ont
également exhorté le gouverneur Ruiz "à une réflexion sur sa capacité à
gouverner".
En fait, le PRI est divisé, une partie de ses membres ne voulant plus
soutenir le
gouverneur.

Complètement en décalage avec la situation, le Syndicat national des
enseignants
(SNTE), dirigé par la priiste Elba Esther Gordillo, reproche au
gouvernement de
mener des négociations avec la section 22 qui ne jouit
d’aucun statut juridique, au lieu de les mener avec la direction
nationale du
syndicat.

La double position de l’Eglise

Comme il est bien connu, en Amérique latine, une partie de l’Église est
très
engagée à gauche tandis qu’une autre, et principalement la hiérarchie,
est engagée
à droite. On en constate un nouvel exemple avec la
confrontation entre le président de la Conférence de l’Episcopat
mexicain, qui
donna son aval à l’intervention de la PFP, et les nombreux prêtres de
l’Etat qui
lui ont demandé d’expliquer ou de rectifier cette position. Dans un
communiqué, les
prêtres l’interpellent ainsi : "Nous ne doutons pas de la sagesse de
nos évêques ni
de leur capacité à discerner les signes des temps ; c’est pourquoi nous
nous
demandons : en réalité, ne pouviez-vous prévoir que ce que cherchait le
gouvernement fédéral c’était une bénédiction pour la répression ?" De
même, la
messe de ce dimanche dans la cathédrale de Mexico a été interrompue par
des
centaines de personnes pour protester contre le soutien que
l’archevêque Norberto
Rivera avait déclaré en faveur de l’intervention policière.

Attentats à la bombe dans la ville de Mexico

La nuit dernière, peu après minuit, trois explosions de bombes
artisanales ont
ébranlé la capitale, la première dans une succursale de banque, la
deuxième au
tribunal électoral, la troisième au siège du PRI. Des
précautions avaient été prises pour qu’il n’y ait pas de victimes : un
appel
téléphonique avait averti la police du secteur et une pancarte "Danger
: bombe"
avait même été apposée sur la porte d’une autre banque, où se trouvait
une
quatrième bombe qui n’a pas explosé. Il n’y a jusqu’à présent aucune
revendication,
mais l’APPO a déjà communiqué qu’elle n’avait rien à voir avec ça.

Annick Stevens
Sources : La Jornada, les communiqués de l’APPO et de diverses
associations indigènes.


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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptyLun 13 Nov - 17:16

Considérant que les habitants d'Oaxaca ont le droit de vivre comme ils
le veulent
dans la ville et dans la région qui sont la leur ;

Considérant qu'ils ont été victimes d'une agression brutale des
policiers, des
militaires et des escadrons de la mort à la solde d'un gouverneur et
d'un
gouvernement corrompus dont ils ne reconnaissent plus l'autorité ;

Considérant que le droit de vivre des habitants d'Oaxaca est un droit
légitime et
que l’illégalité est le fait des forces d’occupation et de répression ;

Considérant que la résistance massive et pacifique de la population
d'Oaxaca
atteste à la fois sa résolution de ne pas céder à la menace, à la peur,
à
l'oppression, et sa volonté de ne pas répondre à la violence des
policiers et des
tueurs paramilitaires par une violence qui justifierait le travail de
souffrance et
de mort accompli par les ennemis stipendiés de la vie ;

Considérant que la lutte du peuple d'Oaxaca est la lutte de millions
d'êtres
revendiquant le droit de vivre humainement et non comme des chiens dans
un monde où
toutes les formes de vie sont menacées par les intérêts financiers, la
loi du
profit, les mafias affairistes, la transformation en marchandises des
ressources
naturelles, de l'eau, de la terre, des espèces végétales et animales,
de la femme,
de l'enfant et de l'homme asservis dans leur corps et dans leur
conscience ;

Considérant que la lutte globale entreprise au nom de la vie et contre
l'emprise
totalitaire de la marchandise est ce qui peut empêcher le peuple
d'Oaxaca de céder
à ce désespoir qui sert toujours fidèlement le pouvoir parce qu'il
paralyse la
pensée, ôte la confiance en soi, entrave la faculté d'imaginer et de
créer des
solutions nouvelles et de nouvelles formes de lutte ;

Considérant que la solidarité internationale se contente trop souvent
de rabâchages
émotionnels, de discours humanitaires et de déclarations creuses où
seule la
fatuité de l'orateur trouve un objet de satisfaction ;

Je souhaite qu'un soutien pratique soit apporté aux assemblées
populaires d'Oaxaca
afin que ce qui n'est pas encore une Commune puisse le devenir. Car ce
qui est en
train de s'ébaucher se situe dans la lignée de la Commune de Paris et
des
collectivités andalouses, catalanes et aragonaises de 1936-1938, où
l'expérience
autogestionnaire jeta les bases d’une société nouvelle.


A cette fin, je fais appel à la créativité de chacun pour aborder des
questions
qui, sans préjuger de leur pertinence et de leur intérêt, sont de
nature à
apparaître, à tort ou à raison, dans la constitution d’un gouvernement
du peuple
par le peuple, c'est-à-dire d'une démocratie directe où les
revendications
individuelles soient prises en considération, examinées sous l'angle
d'une
harmonisation possible et dotées d'une accréditation collective qui
permette de les
satisfaire.

- Si tant est qu'il soit possible et souhaitable que les parents des
victimes de la
répression et de l'occupation policière se constituent partie civile
contre le
gouverneur et les instances responsables des assassinats et des
violences, comment
leur garantir un soutien international ?

- Comment empêcher les emprisonnements, l'action des paramilitaires, le
retour de
la région entre les mains sanglantes des corrompus ?

- Au-delà du sursaut d'indignation suscité par la barbarie policière et
mafieuse,
comment aider la population d'Oaxaca à donner des garanties effectives
à cette
aspiration qu'elle ne cesse d'exprimer : nous ne voulons plus être en
proie à
aucune violence ?

- Comment agir en sorte qu'aucune oppression ne s'exerce sur le droit
de vivre des
individus et des collectivités attachées à la défense de ce droit
universel ?

- Quel soutien la solidarité internationale peut-elle apporter à la
résistance
civile d'Oaxaca en sorte que cette résistance civile devienne
simplement la
légitimité d'un peuple à se gouverner directement lui-même par le
recours à la
démocratie directe ?

Et dans une perspective de plus longue échéance :

- Si celle-ci le souhaite, comment pouvons-nous aider la Commune
d'Oaxaca à
collaborer à l’organisation de l'approvisionnement en nourritures et en
biens
d'utilité individuelle et collective ?

- Comment pouvons-nous aider les associations populaires à assurer
elles-mêmes et
sans dépendre des pouvoirs "d’en haut" la gestion des transports, des
services
sanitaires, de la fourniture en eau, en
électricité ?

- Quel appoint international peut-il être fourni au projet d'"éducation
alternative" qui, après la longue grève des enseignants, s'esquisse en
Oaxaca ?

- Ne se trouve-t-il aucune association scientifique qui puisse
faciliter le
développement d’énergies naturelles et non polluantes dans la région
d'Oaxaca ? Le
but serait double. D'une part, éviter que celles-ci soient implantées
autoritairement au profit de l'Etat et des multinationales – comme cela
s'est passé
dans l'isthme. D'autre part, rappeler que la préoccupation énergétique
et
environnementale n’a de sens pour nous que dans sa relation avec
l'autogestion.
Car, mises au service de communautés autogérées, elles ne permettent
pas seulement
de se rendre indépendants des mafias pétrolières et technologiques,
elles
instaurent peu à peu cette gratuité que leur caractère renouvelable et
leur source
inépuisable garantissent, une fois couverts les frais d'investissement.
Et cette
idée de gratuité des énergies, qui implique aussi la gratuité des
moyens de
transport, des soins, de l'éducation, est, plus encore qu'une arme
absolue contre
la tyrannie marchande, le plus sûr garant de notre richesse humaine.


Chaque fois qu'une révolution a dédaigné de considérer comme son
objectif
prioritaire le soin d'améliorer la vie quotidienne de tous, elle a
donné des armes
à sa répression.
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptyLun 13 Nov - 17:24

Le gouverneur Ruiz est lâché par le gouvernement fédéral

Le ministre de la politique intérieure, Carlos Abascal, a déclaré dans
une
conférence de presse que le gouverneur d'Oaxaca, Ulises Ruiz, devait,
ou bien
parvenir à un pacte de gouvernement avec ses opposants et
obtenir une trêve pour montrer qu'il était capable de gouverner, ou
bien donner sa
démission. Le ministre a refusé d'évoquer un possible chantage du PRI,
qui
menacerait d'être absent à la cérémonie d'investiture de Felipe
Calderon.
Il a annoncé que, si le fédéral n'avait pas le droit de destituer un
gouverneur
d'Etat, en revanche il existait des moyens légaux pour le contrôler :
1. un audit de la gestion des ressources fédérales reçues par l’Etat ;
2. une enquête judiciaire sur la responsabilité du gouverneur dans les
violences
perpétrées par des paramilitaires. Cependant, il s'est refusé à avancer
une date
pour le retrait de la police fédérale de la
capitale oaxaquénienne, celle-ci étant, selon lui, nécessaire "pour
garantir la
sécurité des citoyens".

La situation sur place

Ce mercredi, l'APPO doit remettre une proposition au gouvernement
fédéral
dans laquelle elle demande la destitution de plusieurs hauts
mandataires
de l'administration Ruiz, comme condition pour entamer des négociations
avec le ministre de l'intérieur.

Les étudiants estiments nécessaire de maintenir les barricades qui
défendent l'université et la radio. En effet, la situation est toujours
dangereusement tendue : des agressions sporadiques de la part de
policiers ont encore eu lieu contre des indigènes ou contre des
habitations ; la
radio du gouvernement, Radio Ciudadana, continue à émettre des appels
à la haine contre les professeurs et les militants de l'APPO ; des
inconnus
cagoulés ont détruit un fast-food à coups de cocktails Molotov.
La chambre des députés a refusé au président l'autorisation de partir
en
voyage officiel au Vietnam et en Australie, estimant que la gravité
de la situation requérait sa présence dans le pays. Un député de son
propre
parti s'est demandé non sans humour : "Pourquoi veut-il aller au
Vietnam, puisqu'il a le sien ici ?"

Les actions futures

L'APPO appelle tous les groupes de lutte, formels ou informels, à
envoyer des délégués à un congrès constitutif à Oaxaca, du 10 au 12
novembre, qui aura les objectifs suivants :

1. Constituer formellement l'Assemblée populaire des Peuples d'Oaxaca
2. Discuter et approuver les statuts, principes, programme et
propositions
de l'Assemblée nationale des peuples d'Oaxaca
3. Elire le premier Conseil national des peuples d'Oaxaca, qui sera
l’organe de coordination et de représentation de l'APPO
4. Approuver le plan d’action à court, moyen et long terme.

L'organisation souligne à cette occasion que sa lutte ne se limite pas
à
chasser "le tyran Ruiz" mais a pour objectif de transformer
profondément
l'organisation politique de l'Etat pour répondre aux demandes des
peuples qui l'habitent.

Les attentats à la bombe du DF revendiqués par cinq groupes de guérilla

Les attentats à la bombe qui ont secoué la ville de Mexico la nuit de
dimanche à lundi ont été revendiqués en commun par cinq groupes de
guérilla : le Mouvement révolutionnaire Lucio Cabanas Barrientos (MR-
LCB), la Tendance démocratique révolutionnaire – Armée du peuple
(TDR-EP),
l'Organisation insurgée 1er Mai, la Brigade de justice 2 décembre et
les
Brigades populaires de libération. Ces organisations avaient déjà
annoncé à la presse le mois dernier qu'elles passeraient à l'action si
la police
fédérale réprimait violemment la contestation à Oaxaca. Dans leur
communiqué, elles reprennent les revendications de l'APPO et
dénoncent en outre la fraude électorale et "la violence néolibérale
institutionalisée".
Malgré cette revendication, les autorités judiciaires n'excluent pas la
possibilité que ces groupes ne soient pas les auteurs des attentats
mais
"profitent de l'opportunité pour se montrer". En tout cas, aucun
mandataire judiciaire ou politique n'accuse l'APPO ou le PRD d'en être
responsables, comme on l'avait tout de suite craint. Le ministre de la
Sécurité publique, Eduardo Molina Mora, a déclaré l'état d'alerte
contre
la menace d'autres attentats, ce qui consiste à renforcer la
surveillance
policière et militaire des ports, terminaux aériens et routes
fédérales.

Annick Stevens

Sources : La Jornada, les communiqués de l’APPO et de diverses
associations indigènes.

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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptySam 25 Nov - 15:35

Naissance de l’Assemblée populaire des peuples du Mexique, pour la
démocratie directe issue de la tradition indigène.

Ce 20 novembre a été un jour historique au Mexique pour plusieurs
raisons.
La plus importante pour l’avenir est probablement la constitution
officielle de l’Assemblée populaire des peuples du Mexique (APPM), qui
regroupe 19 assemblées populaires, dont l’APPO, et 75 organisations
sociales et politiques. L’APPM cherche à former un front le plus large
possible contre la domination politique et économique de droite ; c’est
pourquoi elle invite les zapatistes de l’« Autre Campagne » et le «
Front élargi progressiste » (c’est-à-dire le PRD et les petits partis
qui lui
sont alliés) à se joindre au mouvement ; seuls sont exclus les groupes
liés au PRI ou au PAN, dans la mesure où il doit s’agir d’un «
processus
d’organisation populaire qui veut en finir avec les vieux cercles de
pouvoir et où les décisions émanent directement des assemblées, avec
une
coordination horizontale, sans possibilité d’imposer des décisions
depuis des petits cercles de pouvoir ». Parmi les objectifs de l’APPM,
en
effet, le plus révolutionnaire est sans doute celui de promouvoir la
formation
d’assemblées à tous les niveaux, depuis le plus local jusqu’au plus
fédéral, afin de « retrouver les traditions collectives,
communautaires et populaires qui trouvent dans les assemblées
l’expression la plus
complète et la plus développée de la démocratie directe ».

La première activité de l’APPM sera l’appui au plan d’action de l’APPO,
qui comprend, demain mercredi, une mégamarche vers la ville d’Oaxaca,
des blocages de routes autour de celle-ci, et des meetings devant une
quinzaine d’ambassades dans divers pays du monde.

À Mexico, les promesses du « Président légitime » López Obrador.

La célébration de l’anniversaire de la Révolution dans le centre
ville de Mexico, c’est d’abord une foule de plusieurs centaines de
milliers de
personnes qui assiste au défilé commémoratif, culturel et sportif, dans
une atmosphère joyeuse et bon enfant. Mais cette année c’est surtout
l’occasion qu’a choisie le candidat présidentiel, évincé par fraude,
Andrés Manuel López Obrador (AMLO), pour prendre symboliquement ses
fonctions de Président légitime, avant que son rival Felipe Calderón
ne le fasse officiellement le 1er décembre. Devant la foule accourue de
tous les coins de la république, AMLO s’est engagé à protéger les
droits du
peuple,
défendre le patrimoine et la souveraineté nationale et entamer la
transformation profonde du pays. À cette fin, il a annoncé un
programme en 20 points, parmi lesquels des initiatives légales pour
affronter les
monopoles économiques liés au pouvoir et pour favoriser l’économie
populaire.
En préparation du 1er décembre, le Palais législatif où doit se
passer la cérémonie d’investiture de Calderón s’est transformé en une
véritable
place forte, gardée par des centaines de policiers, et dont tous les
accès sont désormais scellés, murés, contrôlés. Une exposition
consacrée à
Pancho Villa, qui devait être inaugurée aujourd’hui, a été interdite
par
le PAN, au grand dam de tous les autres groupes politiques qui estiment
les mesures de prévention démesurées. Qui sait cependant ce qui va se
passer ce jour-là ? Une banderole sur le zócalo annonçait clairement :
«
La démocratie est morte. S’il n’y a pas de solutions, ce sera la
révolution ».

Toujours l’état de siège à Oaxaca.

Dans la capitale d’Oaxaca, des affrontements ont eu lieu entre la
Police
fédérale préventive (PFP) et les quelques 1 500 partisans de l’APPO qui
avaient organisé une marche pour commémorer l’anniversaire de la
Révolution. Durant tout l’après-midi, les jets de pierres et les
pétards
ont lutté contre les gaz lacrymogènes et les matraques, avant que la
PFP
finisse par se retirer de la zone de la manifestation. On compte 53
blessés du côté de l’APPO et au moins 5 du côté des policiers.
Plusieurs
manifestants ont été arrêtés et remis aux autorités judiciaires.
Plusieurs journalistes et preneurs d’images, y compris appartenant à
des
agences de presse internationales et à la toute puissante télévision TV
Azteca, ont
été poursuivis et agressés par des policiers.

La Ligue mexicaine de défense des droits de l’homme dénonce le fait
que « La Police fédérale préventive continue à violer les droits de
l’homme,
outrepasse ses fonctions et, au lieu de rétablir la paix, provoque le
contraire » ; elle demande au gouvernement fédéral de retirer la PFP de
l’État, vu que « sa présence aiguise le conflit ». Une femme n’ayant
aucun lien avec l’APPO a porté plainte pour agression sexuelle de la
part de
policiers, et l’APPO dénonce un harcèlement continuel vis-à-vis des
femmes de la part de la force d’occupation policière qui campe toujours
dans le
centre ville.

La radio libre sympathisante des insurgés, Radio Universidad, est
toujours complètement entourée de barricades et gardée comme une
forteresse ; la
professeure de médecine Berta Muñoz, qui avait assuré l’antenne
durant les sept heures d’assaut policier le 2 novembre, est désormais
cantonnée à
l’intérieur des locaux de la radio en raison des menaces de mort
qu’elle
reçoit sur son portable et qui sont diffusées par la radio proche du
gouvernement. Elle a confié à une journaliste de « La Jornada » que
rien
ne serait plus pareil à l’université, qui doit désormais se
rapprocher du peuple et lui donner la parole.

Quant au gouverneur de l’État, Ulises Ruiz, comme seule réponse à
l’immense mouvement populaire qui réclame sa démission, il a déclaré
que « celui qui retire et impose, c’est Dieu ». Cette tranquille
assurance de
gouverner de droit divin lui a valu le sévère reproche du
coordinateur de la commission « Justice et Paix » de l’archidiocèse
d’Oaxaca, pour
avoir
évoqué le nom de Dieu pour « justifier son maintien au pouvoir, qui
manifestement est autoritaire, méprisant, despotique et tyrannique.
Quand on idolâtre le pouvoir, on tombe dans la fétichisation et on
n’écoute
plus la voix du peuple. »

Du côté des zapatistes

D’État en État et de communauté en communauté, l’ « Autre Campagne »,
entamée il y a déjà presque un an, continue de donner la parole à
toutes
les victimes des confiscations de terres, des assassinats et
disparitions, de la misère imposée par les grands propriétaires et
leurs milices
privées, les caciques et leurs policiers corrompus, les
narcotrafiquants
et leurs blanchisseurs. Donnant ainsi une voix aux sans voix, elle
permet au moins de révéler à quel point la façade de démocratie et
d’État de
droit qu’affiche le Mexique vis-à-vis de l’extérieur est un leurre et
une mascarade.

Hier, des milliers d’indigènes, « bases d’appui » de l’EZLN, ont bloqué
diverses routes du Chiapas pour manifester leur soutien aux
revendications de l’APPO.

Annick Stevens, à partir de « La Jornada ».

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buenaventura
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buenaventura


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MessageSujet: ..   Oaxaca EmptyDim 10 Déc - 22:10

Salut à toutes et tous,

Je vous avais laissés vendredi 1er décembre alors que se déroulait la
marche et je
vous confiais mes doutes au sujet de la mobilisation. Ce jour-là,
malgré la
présence évidente de flics en civil dans la manifestation et des
patrouilles de la
PFP à proximité, cinq mille personnes sont descendues dans la rue,
défiant la peur
et le
gouvernement pour réclamer la libération des détenus, la fin de la
répression et
l’éviction du satrape Ulises Ruiz. Depuis et jusqu’à aujourd’hui, la
situation n’a
pas vraiment changé ici par rapport à celle que je vous
décrivais.

Même si la PFP a libéré le Zocalo, sa présence dans le centre-ville est
pesante et
inquiétante et elle occupe toujours le Llano et le "parque", mal nommé
pour la
circonstance, de l’Amour. Les patrouilles circulent
dans toute la ville, dans les quartiers périphériques et dans les
municipalités qui
sont considérées dangereuses aux yeux de l’autorité. Les arrestations
de
sympathisants au mouvement se poursuivent jours après jours. Beaucoup
d’entre eux
se sont planqués et certains sont entrés en clandestinité.
Radio "Mapache", qui fait signer des pétitions pour demander sa
légalisation,
continue d’émettre des appels au lynchage et à la délation.
Dans ce climat tendu de persécution et de répression, samedi dernier
des inconnus
ont mis le feu au palais municipal de Miahuatlan qui était aux mains de
sympathisants de l’APPO (ceux-ci l’avaient déserté quelques
jours avant devant l’arrivée de la PFP et des polices locales).

Des profs du secteur d’Ocotlan ont décidé de suspendre les cours dans
200 écoles de
différents niveaux pour protester contre le harcèlement de la PFP et
des
corporations policières de l’Etat. Devant les menaces des
paramilitaires et des groupes de sicaires payés par le PRI pour enlever
et remettre
aux autorités les profs impliqués dans le mouvement et pour demander la
libération
de cinq des leurs détenus à Nayarit, 4 500
maîtres d’école de la région des Cañadas n’ont toujours pas repris les
cours.
Lundi à Zaachila, des profs ont été détenus. Après l’incursion violente
des flics à
l’école primaire de San Isidro Zautla, dans la commune de Soledad Etla,
des maîtres
d’école ont été appréhendés. A Oaxaca, là
encore, trois profs de la région de la Mazateca ont été capturés… Le
leader de la
section 22 du Syndicat national des travailleurs de l’éducation,
Enrique Rueda
Pacheco, qui vit planqué de crainte d’être
détenu à son tour, ne reconnaît pas la répression et le harcèlement que
subissent
les profs, et disqualifie la grève que mènent les maîtres de la région
de Valles
Centrales. Ce qui permet au directeur général de
l’Institut de l’Etat de l’éducation publique d'Oaxaca, Abel Trejo
Gonzalez,
d’affirmer qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura pas de persécution ni
d’arrestation
arbitraire ni non plus de chasse aux sorcières…

Des membres du centre de droits humains Yax’kin ont été suivis dans
leurs
déplacements par des flics en civil circulant dans des véhicules sans
plaque
d’immatriculation, ils ont été encerclés et pris en photos par
les flics alors qu’ils sortaient de leur hôtel.

La Commission diocésaine de justice et paix et le Centre des droits
humains
Bartholomé Carrasco Briceño ont dénoncé le harcèlement et les menaces
répétées dont
sont victimes le mandataire de l’archevêché,
Romualdo Wilfrido Mayrén Pelàez, et le curé de l’église de Siete
Principes, Carlos
Franco Lopez, pour leur soutien humanitaire aux blessés des
manifestations
précédentes.

Les familles des détenus se sont organisées en comité et ont manifesté
dimanche
dernier dans le centre-ville d'Oaxaca pour exiger la libération des
prisonniers et
le retrait de la PFP d'Oaxaca, puis, certaines
d’entre elles se sont déplacées jusqu’à Nayarit, où elles ont renforcé
un "planton"
(occupation permanente d’un espace public) devant le palais du
gouverneur de
l’Etat. Les autorités pénitentiaires en charge de
l’établissement de moyenne sécurité de Nayarit refusent toujours aux
familles et
aux avocats d’avoir accès aux détenus pour éviter le scandale sur les
méthodes
qu’utilise l’Etat pour en finir avec les luttes sociales.
Peu à peu nous parviennent des témoignages et nous savons que les
détenus ont été
cruellement torturés plusieurs d’entre eux ont eu les doigts brisés
sous l’effet du
supplice, d’autres encore ont subi des violence
sexuelles ou ont été menacés d’être tués, de disparaître sans laisser
de traces…

Une fois de plus, en totale violation des traités internationaux qu’a
signés le
Mexique, les autorités pénitentiaires de Nayarit refusent l’attention
médicale aux
détenus blessés (certains sont dans un état
grave et ont besoin d’attention médicale). Parmi les 141 détenus qui
ont été
déportés jusqu'à Nayarit se trouvent 3 mineurs qui ont été déclarés
formellement
prisonniers et incarcérés en ce lieu en absolue infraction avec les
lois qui les
protègent, de même que les 34 femmes détenues dans cette taule qui est
un
établissement exclusivement masculin. En clair, les autorités se
contrefoutent des
lois et des règlements qu’elles ont elles-mêmes conçus. Les trois juges
du Centre
fédéral de réadaptation social de Nayarit ont fixé des cautions jusqu'à
4 millions
de pesos pour la libération des prisonniers qui ont été accusés, sans
investigation
sérieuse sur leur culpabilité, de sédition, d’association de
malfaiteurs, incendie,
etc., des charges qui peuvent entraîner jusqu’à vingt ans de
condamnation...*

La persécution la plus brutale, la torture, la fabrication de délits,
l’emprisonnement, les disparitions, les meurtres comme réponses aux
expressions de
mécontentement, l’impunité et la protection aux répresseurs
et aux assassins.

Si on te frappe tend l’autre joue... En début de semaine, à
l’initiative de
l’artiste bien connu Francisco Toledo, des écrivains, des
intellectuels, des
journalistes, des défenseurs des droits humains, des avocats et des
représentants
de l’Eglise catholique ont créé le Comité de libération 25 Novembre,
qui se propose
d’aider à la libération des prisonniers qui n’auraient pas commis
d’acte de
vandalisme, et qui n’auraient pas agressé les forces de l’ordre...

Lundi soir, à Mexico, quelques heures après que l’APPO eut annoncé que
se tiendrait
le lendemain le premier contact avec le gouvernement de Calderon par
l’intermédiaire du tout nouveau secrétariat du gouvernement**, quatre
conseillers
de l’APPO ont été appréhendés en sortant d’une réunion (Flavio
Sosa, son frère Horacio, Ignacio Gracia Maldonado et Marcelino Coache
Verano,
porte-parole de l’APPO et secrétaire général du syndicat indépendant du
conseil
municipal d'Oaxaca). Flavio Sosa, que les médias
persistent à présenter comme le "dirigeant" ou le "leader" de l’APPO, a
déclaré
faire parti du PRD (quelques jours auparavant, on pouvait lire, dans
une interview
qu’il avait donnée, qu’il regrettait d’avoir démissionné de ce parti
pour soutenir
Fox durant la campagne présidentielle de 2000). Le message que fait
passer le
gouvernement avec l’arrestation des quatre conseillers de l’APPO qui
étaient venus
pour négocier est qu’il se sent suffisamment fort et qu’il réglera les
problèmes
sociaux et les protestations populaires en les criminalisant, en les
réprimant, et
en persécutant tous ceux qui n’adhéreront pas aux
projets néolibéraux du pouvoir.

Le leitmotiv du gouvernement et de ses amphitryons résonne comme une
menace : "Rien
ni personne au-dessus des lois" (sauf pour eux-mêmes, leurs complices
et leurs
chiens de garde, bien entendu).

Oaxaca est un laboratoire d’expérimentation répressive dont les
résultats pourront
être étendus au reste du pays si besoin est.

Bon, et bien voila... je suis bien conscient que je vous ai dressé un
bien sombre
et déprimant tableau de la situation. Mais il est bien certain que les
gens ici ne
se sont pas soumis à l’ordre fascistoïde qui s’est
imposé impitoyablement ; de plus, les problèmes de fond, sociaux et
politiques, ne
sont pas résolus et les revendications demeurent.

Dimanche prochain (le 10) une énième mégamarche est prévue pour exiger
la
destitution du despote, la libération des prisonniers, la réapparition
des
disparus, l’annulation des ordres d’appréhension et le retrait de la
PFP de Oaxaca.
On y attend plusieurs centaines de milliers de personnes.

ATENCO, OAXACA,
NOUS TOUTES, NOUS TOUS !

A bientôt
M, Oaxaca, vendredi 8 décembre 2006


* Aux dernières nouvelles : les autorités pénitentiaires de Nayarit
obligent les
familles à signer un document dans lequel elles s’engageraient à
retourner à Oaxaca
après avoir visité leurs proches détenus (138 à ce jour).

** Le nouveau titulaire du poste est l’ancien gouverneur de Jalisco
Francisco
Ramirez Acuña, qui s’était fait remarquer durant le troisième sommet
des chefs
d’Etat et de gouvernement d’Amérique latine, Caraïbes et
Union européenne, à Guadalajara en mai 2004, pour son zèle à réprimer
les
altermondialistes qui protestaient (détentions arbitraires, tortures,
jugements
injustes... certains sont encore en taule plus de deux ans après...).


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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptyLun 18 Déc - 12:56

DE PARIS À OAXACA, FORMONS DES ASSEMBLÉES EN LUTTE !

Depuis cinq mois un soulèvement populaire exigeant la destitution du
gouverneur
local secoue l’État d’Oaxaca au Mexique. Dans cette région, l’une des
plus
indiennes et en même temps des plus pauvres du pays, les peuples qui
l’habitent ont
décidé de dire "basta !" à la corruption, à l’exploitation et aux
injustices qu’ils
subissent au quotidien, en reprenant le contrôle de la ville à travers
des
blocages, des barricades,
des manifestations afin de chasser les pouvoirs en place. Cependant la
répression
ne s’est pas fait attendre. La police militaire occupe tout le
centre-ville,
essayant d’en finir avec la révolte : on compte aujourd’hui
plus d’une vingtaine de morts, des dizaines de personnes disparues et
des centaines
d’arrestations, dont de nombreux cas d’enlèvement et de torture.

Face à cette situation, il nous semble important de manifester notre
soutien aux
peuples d’Oaxaca insurgés. N’oublions pas toutefois qu’ici aussi, nous
subissons
l’arbitraire et l’exploitation. Qu’ici aussi on
décide à notre place. Qu’ici aussi il y a des révoltes et que des gens
cherchent à
reprendre leur destin en main. De Paris à Oaxaca, pour que nos luttes
ne finissent
pas isolées et réprimées, il est important de nous
rencontrer, de nous écouter.

C’est pourquoi nous aimerions vous inviter, dimanche 17 décembre, à une
assemblée
en lutte afin de faire part aux révoltés d’Oaxaca de notre solidarité,
en portant
la parole des luttes menées ici.

RENDEZ-VOUS 14 HEURES DIMANCHE 17 DÉCEMBRE AU CENTRE INTERNATIONAL DES
CULTURES POPULAIRES (CICP) 21 TER, RUE VOLTAIRE, PARIS XIe, MÉTRO
NATION
OU RUE-DES-BOULETS

Oaxaca libre !, Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en
lutte (CSPCL),
Coordination de soutien aux luttes du peuple argentin (CALPA).


RASSEMBLEMENT MARDI 12 DÉCEMBRE À 18 HEURES
POUR PROTESTER CONTRE LA VAGUE DE RÉPRESSION ACTUELLE À OAXACA
FACE À L’AMBASSADE DU MEXIQUE
9, rue de Longchamp - 75116 Paris - M° Iéna


MOBILISATION INTERNATIONALE LE VENDREDI 22 DÉCEMBRE : MANIFESTATION À
PARIS
DE BEAUBOURG AU CONSULAT MEXICAIN


--
Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL,
Paris)
33, rue des Vignoles - 75020 Paris - France
réunion (ouverte) le mercredi à partir de 20 h 30
http://cspcl.ouvaton.org
cspcl(a)altern.org
liste d'information : http://listes.samizdat.net/sympa/info/cspcl_l
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptySam 6 Jan - 16:26

BULLETIN D’INFORMATION DE LA PREMIÈRE RENCONTRE DES PEUPLES ZAPATISTES
ET DES
PEUPLES DU MONDE.
Bulletin nº 3
Le 31 décembre 2006.

Le deuxième jour de la Rencontre des peuples zapatistes et des peuples
du monde,
qui rassemblait près de 2 000 compañeras et compañeros de 44 pays
différents, a été
une journée consacrée au groupe de travail abordant les thèmes "l’Autre
Santé",
"l’Autre Éducation" et "la Lutte des femmes".

Comme prévu, les autorités autonomes des cinq conseils de bon
gouvernement et des
Communes autonomes rebelles zapatistes (MAREZ) ont participé aux
différents groupes
de discussion, où ils ont expliqué la façon dont les communautés et
villages
organisent l’enseignement dans l’autonomie et dans la résistance.

Les représentants de nos gouvernements autonomes ont fait le compte des
écoles
construites sur le territoire correspondant : certaines ont bénéficié
de fonds
issus de la solidarité mais beaucoup plus nombreuses sont celles qui
ont été
construites grâce aux apports des communautés. Ils ont également
mentionné
l’importance qu’il y a à former des "promoteurs d’éducation" élus par
les
assemblées des communautés pour se former et
donner les cours dans les villages.

L’éducation zapatiste relie les 13 demandes fondamentales de la lutte
zapatiste
avec les matières enseignées au sein de quatre blocs de connaissances :
vie et
environnement, mathématiques, histoire et langues. La véritable
éducation est celle
qui émane des peuples et non celle qu’imposent les mauvais
gouvernements.

Après les autorités zapatistes, ce fut le tour des compañeras et
compañeros de
nombreux pays du monde. Mixper, une chicana d’origine huichol, membre
du collectif
APC et du projet éducatif Semillas del Pueblo ("Graines du peuple"), a
expliqué
qu’aux Etats-Unis les personnes de couleur, les enfants des migrants et
des
indigènes sont marginalisées, humiliés, traités comme des inférieurs,
et se voient
dépossédés de leurs
rêves dans les établissements publics.

L’école "Academia semillas del pueblo" a été bâtie à partir des
nombreux rêves des
membres de cette communauté qui voulaient récupérer leur identité et
les traditions
indigènes et former des élèves qui
conservent leur identité indigène.

Juan Chávez, du groupe d’étudiants en résistance de l’institut de
technologie
d’Oaxaca, décrit brièvement un projet d’enseignement alternatif dénommé
"Brigade
communautaire" qui consiste à fournir gratuitement un soutien en
mathématiques et
en physique et à enseigner l’histoire que le gouvernement nous cache.

Venu d’Argentine, une compañera du Réseau transhumant rapporte qu’un
tel projet est
né en 1998, dans une situation difficile dominée par un grand désespoir
et
fatalisme. Un groupe eut l’idée de parcourir tout le
pays pour demander aux gens comment ils se sentaient. À bord d’un
camion jaune
appelé "Quirquicho", ils ont pris la route avec leurs ateliers de
réflexion sur la
réalité, utilisant la parole et les interventions
artistiques. On l’a appelé transhumant parce que le groupe part en
quête des
meilleures terres.

Un compañero de l’université de Berkeley, en Californie, membre de la
Radio
zapatiste, raconte qu’un collectif réunissant des élèves et des
professeurs
zapatistes est en train de se constituer afin de changer les choses,
par exemple en
donnant des cours d’espagnol aux enfants de migrants d’Amérique latine
afin qu’ils
retrouvent leur identité.

Il y a eu aussi des interventions de frères et de sœurs du groupe
Mexicains sans
frontières ; de compas de "Ya Basta", d’Italie ; du projet Écoles pour
le Chiapas,
des USA, ainsi que d’une École populaire pour adultes de Prosperidad,
de Madrid,
Espagne.

En même temps que le groupe de discussion sur "l’Autre Éducation", un
autre groupe
abordait la question de "l’Autre Santé". Les représentants des
autorités autonomes
des cinq conseils de bon gouvernement y ont
souligné l’importance de réhabiliter la médecine traditionnelle chez
les peuples
indigènes. Il y a été question de l’organisation de la santé dans la
résistance en
formant des "promoteurs de santé" et en construisant des
petits dispensaires, des microcliniques et des hôpitaux zapatistes.

Les représentants et représentantes des communautés en résistance ont
donné leur
position en ce qui concerne l’avortement. Ils signalèrent que les
avortements ont
souvent lieu sans être provoqués, car les fausses couches sont
fréquentes, vu les
circonstances dans les communautés. "Beaucoup de femmes connaissent ce
problème,
sans pratiquer ni rechercher l’avortement, c’est dû aux conditions de
vie
indigènes",
expliquent-ils.

Dans le cours du débat qui a suivi les exposés, on a insisté sur
l’importance qu’il
y a à renforcer l’éducation sexuelle et la "santé reproductive". On a
aussi évoqué
la question de la santé mentale, l’importance des campagnes de
vaccination sans
passer par le gouvernement, l’emploi de fourneaux écologiques qui
évitent les
problèmes dus à l’inhalation de la fumée de feu de bois dont souffrent
beaucoup de
femmes, ainsi que l’importance de l’éducation en vue d’un planning
familial.

Les zapatistes ont expliqué que leur fragile système de santé soigne
gratuitement
toutes les personnes membres des bases de soutien dans leurs villages
et fournit
même un service de santé aux indigènes qui ne
sont pas zapatistes, car "la santé est un droit qu’il faut appliquer
sans
distinction, contrairement à ce que fait le mauvais gouvernement".

Après quoi, 20 compañeros et compañeras de différentes parties du monde
ont raconté
diverses expériences de santé alternative. Le Collectif Brigada
Callejera ("Brigade
de rue"), du DF, nous a parlé de l’assistance qu’il fournissait aux
travailleuses
du sexe à Mexico, tandis qu’un autre collectif, de Michoacán, a insisté
sur
l’importance de la physiothérapie dans la santé : "Le capitalisme rend
malade et
n’apporte que des solutions
partielles en vue de la guérison."

Ximena Castillo, venue du Chili, a parlé de la santé mentale et de son
travail dans
un centre communautaire de réhabilitation pour schizophrènes. Et Gisela
Morales, de
Monterrey, a expliqué qu’elle travaillait dans
une zone fortement marginalisée où les communautés chassent des
reptiles pour se
nourrir. "Il faut essayer de ne pas reproduire le système en nous et de
trouver un
autre modèle. Rappelons-nous que la terre et la
nature sont les médecins et les hôpitaux les plus anciens", fit
remarquer Gisela.

D’autres voix se sont fait entendre : les membres d’une mission
indépendante ; une
docteur de Mexico qui travaille avec les médecins des Sœurs aux pieds
nus en Chine
; un compa de la Sierra totonaque qui
est à l'origine d’un projet de santé communautaire ; un collectif du
Yucatán ; une
expérience de musicothérapie à Buenos Aires, et l’histoire émouvante
d’une indigène
du Canada, ainsi que l’intervention de
frères et de sœurs d’Amatlán (dans le Morelos), du Costa Rica, du
District fédéral
et du Guatemala.


LA LUTTE DES FEMMES

Un ensemble de 20 femmes zapatistes ont présenté aujourd’hui de façon
claire et
nette les défis auxquels s’affrontent la femme indigène, les obstacles
qu’elle doit
surmonter au sein de la lutte, la participation des femmes zapatistes à
l’autonomie, ses petites victoires, ses énormes problèmes, ses
perspectives et le
long chemin de sa lutte pour l’égalité dans les communautés.

Une à une, les zapatistes choles, mames, tojolabales, tzeltales,
tzotziles et
zoques ont raconté dans le détail leur vie au sein de peuples où l’on
vit et subit
le machisme, dans des communautés où leurs compañeros
leur refusent toute participation à la vie politique et se moquent
d’elles ou de
leurs maris quand elles se consacrent à des travaux qui ne sont pas
réservés
traditionnellement aux femmes.

Elles ont dit et répété l’importance qu’il y a à s’organiser en tant
que femmes et
à participer dans toutes les tâches de la résistance, elles ont parlé
de ce
qu’elles considèrent leurs propres limites, comme de ne
pas savoir l’espagnol et souvent de ne savoir ni lire ni écrire. "Mais
nous
apprenons petit à petit et nous sommes de plus en plus conscientes",
disent-elles.

Sans crainte, les femmes zapatistes ont répondu à toutes les questions
posées par
un public avide de connaître leur manière de s’organiser et les
difficultés
auxquelles elles s’affrontent. Elles ont notamment
annoncé qu’elles avaient déjà obtenu le droit de décider ensemble avec
leur
compagnon combien d’enfants elles voulaient avoir, bien qu’elles aient
admis que
bien souvent "il y a des maris qui n’obéissent pas".

Elles sont toutes d’accord pour dire qu’"il est nécessaire d’organiser
une
Rencontre de femmes pour échanger des idées et organiser ensemble la
lutte".

Au chapitre de leurs petites et grandes victoires, les femmes de l’EZLN
ont signalé
qu’il y a maintenant des hommes qui s’occupent de tenir la maison
(s’occuper des
enfants, se faire à manger, prendre soin des
bêtes, etc.) et qu’il y a toujours plus de femmes participant aux
tâches de
l’autonomie (santé, commerce, éducation, autorités municipales, membres
du conseil
de bon gouvernement, etc.). Elles ont aussi souligné le fait qu’il y
ait des femmes
insurgées gradées, sans oublier les miliciennes et les membres du
Comité clandestin
révolutionnaire indigène.

Lors de l’intervention des participants du Mexique et des autres pays
du monde, on
a pu entendre un message des femmes du Kurdistan, qui ont formé une
brigade portant
le nom de la Commandante Ramona ; le collectif Regeneración Cuidado
Infantil, de
New York ; des compañeros de La Otra de l’Autre Côté et du Réseau de
soutien
zapatiste de Madrid ; du Mouvement indépendant de femmes, du Chiapas ;
du Front des
travailleuses de l’IMSS ; du Centre des droits de la femme ; du
Collectif mexicain
Rompiendo la Noche ("Rompant la nuit"), du Nuevo León, ainsi que du
Collectif Lucio
Blanco, du Tamaulipas.

Au terme des débats, les femmes zapatistes ont posé une question aux
participantes
: "Que pensez-vous faire, vous, contre la maltraitance, le viol et les
coups dont
sont victimes les femmes dans le monde ?" La
réponse a été : "Élever la voix, éduquer, dénoncer."

La coordination de ce groupe de discussion a été assurée par la
commandante Sandra
et par le commandant Moisés, appartenant à la zone de Morelia. Tous
deux ont
rappelé qu’en ce 31 décembre "nous fêtons
l’anniversaire des 13 ans de notre lutte, depuis le jour où nous avons
dit ya basta
! à la discrimination et au mépris dont souffrent les femmes
indigènes."

La journée s’est achevée par un programme culturel, un bal et des
chansons pour
dire au revoir à 2006 et souhaiter la bienvenue à la 14e année de la
lutte
zapatiste.


--
Traduit par Angel Caido.
Diffusé par le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en
lutte
(CSPCL, Paris) - 33, rue des Vignoles - 75020 Paris - France
réunion (ouverte) le mercredi à partir de 20 h 30
http://cspcl.ouvaton.org
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptySam 13 Jan - 16:44

Lundi 15 janvier 20h30
Révoltes d'Oaxaca, Rencontres Internationales à Oventic au Chiapas,
quelles
solidarités ?
Débat avec François-Xavier, militant du Comité Chiapas Paris
à B 17 (17 rue Paul Bellamy - Tram 2 arrêt 50 otages)

De l'insurrection de 1994 de l'EZLN contre le traité de libre-échange
nord-américain (ALENA) à la mise en place des Caracoles (2005) qui
édicte une autre
façon de gouverner : "Commander en obéissant", de l'Otra
Campagne aux rencontres internationales d'Oventic de décembre 2006, les
zapatistes
continuent d¹ouvrir de nouvelles perspectives pour les luttes contre
les
dominations et l'émancipation. Ce mouvement au Mexique n'est pas isolé,
d'autres
forces populaires et sociales se dressent pour faire avancer les
revendications de
Justice et de Liberté. Cela a été le cas dans la région de Oaxaca.

" Il était une fois, au Mexique, une ville et sa région soumises à la
tyrannie
meurtrière d'un gouverneur véreux. Les habitants presque unanimes
décident un jour
de le chasser et de faire leurs affaires eux-mêmes.
Ils occupent la rue et les administrations, mettent en déroute les
sbires du
cacique, créent une assemblée populaire souveraine et, le temps d'un
long été,
s'adonnent aux plaisirs interdits de la démocratie directe.
Ils veulent vivre librement et dignement, c'est-à-dire sans se plier
aux diktats de
la mondialisation. Les puissants, d'abord pris de court par cette
révolte qui
menace de faire tache d'huile, mettront près de six mois à reconquérir
le terrain
perdu par l'économie. Des gens de guerre sont dépêchés par milliers
pour envahir et
punir la ville insurgée. Ils appliquent de vieilles recettes :
mitraille à
profusion, sévices systématiques, prison et déportation. La ville est
reconquise,
la Commune d'Oaxaca est assommée, les séditieux sont traqués : les
touristes et les
businessmen vont pouvoir revenir.
Mais cette révolte si persistante a su entre-temps se faire connaître :
un peu
partout dans le monde, des gens de coeur ont proclamé leur solidarité
avec les
barricadiers d'Oaxaca, faisant çà et là quelque tapage afin de gêner la
répression.
Un peu partout, mais trop peu en France : ici, les médias aux ordres
ont passé sous
silence ces événements pourtant peu ordinaires.
Ici, grandes âmes et beaux esprits n'ont pipé mot pendant qu'on
assassinait la
liberté à Oaxaca. Par le présent fascicule, nous entendons réparer cet
oubli très
volontaire. "
Extrait de la brochure édité par l'Insomniaque et CQFD).

Quelles solidarités et quelles perspectives politiques novatrices
apportent ces
mouvements ? Venez en débattre avec François-Xavier, militant du Comité
de
solidarité avec le Chiapas en lutte (CSPCL).

Soirée organisée par le SCALP/No Pasaran
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptySam 13 Jan - 17:58

Bien le bonjour,
Je rentre de la région mazahua, au nord de la capitale. C’est une
région
montagneuse oùl’eau, bien précieux pour une capitale de plus de 25
millions
d’habitants, abonde ; des retenues y ont été construites qui
alimentent en eau une partie du District fédéral et de l’État de
Mexico.
Une retenue avait cédé et des terres avaient été inondées, les femmes
mazahua, vous
vous en souvenez sans doute, avaient alors constitué une armée
zapatiste pour
obtenir des indemnisations et différents ouvrages
(comme l’accès à l’eau courante !) que leur avait promis le
gouvernement.
La lutte continue d’ailleurs et tout dernièrement elles ont dû fermer
les vannes
d’un barrage (le barrage de Cutzamala) pour que l’État se souvienne de
ses
promesses. Je suis allé à Pueblo Nuevo : en 1680, suite à la
politique de regroupement et de concentration de la population indigène
menée par
l’Église, le royaume d’Espagne avait reconnu un territoire communal aux
Indiens
mazahua, d’où le nom du village, Pueblo Nuevo. Ces terres communales
sont
aujourd’hui remises en cause et les Mazahua de Pueblo Nuevo doivent
faire face à un
procès interminable tout en cherchant à s’émanciper de la tutelle des
partis
politiques. Simple délégation ou agence municipale, ils ont réussi à
imposer, il y
a peu, leurs autorités désignées selon les us et coutumes, mais leur
but est de
faire reconnaître Pueblo Nuevo comme commune autonome et de ne plus
dépendre de San
José, le chef-lieu qui leur a été imposé. De là, je suis allé au hameau
d’Aguazarca
où les femmes mazahua, avec les hommes, tentent de construire, sans
l’aide du
gouvernement et avec bien des difficultés, vous l’aurez compris, une
clinique
communautaire, il n’y a que les murs, le soir tombe, nous sommes
sans doute à 3 500 mètres d’altitude, la discussion s’engage sur la
poursuite ou
non de ce projet communautaire et puis elle dévie sur le rôle des
nouvelles
autorités issues de leurs rangs face à la municipalité.
Les femmes sont assises par terre, protégées doublement par leurs
châles et par les
murs, les hommes restent stoïquement debout pliés comme des arbres sous
le vent
glacial qui descend du volcan la Nevada de Toluca. Ils vont poursuivre
leur projet
de clinique et se revoir pour préciser ce qu’ils attendent de leurs
nouvelles
autorités.

Sur la route du retour, nous passons par Toluca et je me sens soudain
projeté dans
le premier monde, un monde industrialisé où les voitures filent dans
tous les sens
sur des avenues à trois voies, avec des grands
magasins largement éclairés, nous sommes loin du Mexique rural du
Sud-Est, de la
montagne mazahua et même d’Oaxaca, une gifle de la modernité, un
univers de fiction
où se dissout peu à peu le sentiment de notre réalité, le Rio Lerma si
limpide
quand il traverse Atlapulco est devenu un large égout dans lequel les
usines à la
façade pimpante déversent leurs déchets.
J’ai fait le voyage en compagnie de Juana, qui est la présidente de
l’association
des femmes mazahua de la capitale. Elle m’a parlé du premier exode vers
la capitale
à la fin des années quarante, légende, mythe ou
anecdote ? Un jeune couple accusé à tort d’assassinat a dû fuir la
tribu pour
échapper à la police, ils sont descendus de la montagne,marchant la
nuit et se
cachant le jour pour arriver finalement à Mexico où ils ont
trouvé du travail ; elle ne m’a pas dit si la femme vendait des fruits
sur une
charrette ou si elle travaillait comme bonne dans une maison
bourgeoise, mais elle
m’a parlé de "la India Maria", la Bécassine mazahua
des films à succès des années cinquante, puis de la télévision : bonne
fille un peu
niaise venue de sa lointaine montagne et qui faisait rire le bon peuple
en lui
donnant à bon marché, le sentiment d’une supériorité.
C’est ce jeune couple qui aurait donné, à travers les relations qu’il
avait gardées
dans la communauté, l’idée aux Mazahua, surtout aux femmes, d’aller
dans la
capitale afin de trouver un palliatif à leur appauvrissement. L’exode
des campagnes
se poursuit et la métropole monstrueuse continue à absorber jusqu’à
l’indigestion
ces paysans qui fuient des conditions de vie, de survie, de plus en
plus aléatoires
et compromises.

"Nous, prisonniers politiques arrêtés le 25 novembre 2006, dont les
noms et les
signatures suivent en bas de cette lettre, nous voulons porter à la
connaissance de
l’opinion publique que nous n’avons commis aucun délit, c'est dire que
nous sommes
innocents et que l’on nous accuse de délits préfabriqués, pour cette
raison nous ne
sommes pas pénalement responsables, en conséquence nous n’avons pas à
demander
pardon à une
quelconque autorité pour obtenir notre libération, nous sommes
innocents.
Le faire serait comme accepter notre culpabilité et sortir de la prison
à genoux,
nous demandons notre liberté immédiate et sans condition, sans chantage
d’aucun
type, notre liberté doit être obtenue le front haut, nous rappelons que
nous sommes
innocents. Nous demandons aux organismes internationaux des droits
humains qu’ils
insistent auprès des autorités pour venir prendre les témoignages de
nous tous afin
que des sanctions
soient prises contre les diverses autorités pour leurs agissements
contraires aux
lois et à notre préjudice." Suivent les noms de trente détenus.

Malgré les menaces des directeurs des prisons, des matons et des
policiers, les
familles tiennent bon et continuent à occuper les abords des
pénitenciers de
Tlacolula, à une trentaine de kilomètres d’Oaxaca, et de Miahuatlán de
Porfirio
Díaz (qui porte bien son nom), à une centaine de kilomètres. A
Miahuatlán, la
situation est tendue, le directeur a interdit toutes les visites en
accusant de
cette mesure les familles du planton, du
coup les prisonniers de droit commun chauffés par les groupes de
pouvoir au sein du
milieu pénitencier sont remontés contre les gens de l’APPO et les
menacent de
représailles. Bonjour l’ambiance ! Aujourd’hui, les
familles de Tlacolula ont manifesté sur la route internationale
Cristobal Colon qui
conduit à Salinas Cruz et à Juchitán, ce n’est pas la première fois
qu’elles le
font.

Le satrape Ulises Ruiz chante sur tous les tons de la propagande que le
calme et la
tranquillité sont revenus dans sa bonne ville mais il va jusqu’à
craindre une
manifestation d’enfants pour le jour des Rois mages
et il est amené à prendre des mesures draconiennes pour tenter de s’en
protéger, en
vain. Les flics ont bien formé un cordon menaçant tout autour des
femmes de la Como
(Coordinadora de las mujeres de Oaxaca, Primero de Agosto) qui, sur la
place Santo
Domingo, récupéraient des jouets pour les enfants des prisonniers, des
disparus et
pour les enfants de la ville, les gens ont passé outre à ce barrage de
la flicaille
et ont apporté des jouets en grand nombre, neufs et jusqu’à des
tricycles. Comment
peut-on être touristes dans une telle ville ? Le jour de la
distribution des
jouets, ce samedi, les flics ont bien interdit l’accès à la place Santo
Domingo en barrant par de hautes grilles et par leur présence les rues
qui y
mènent, la distribution des jouets s’est faite sur une autre place, la
place Carmen
Alto, et elle a eu un énorme succès. Ulises Ruiz a loué
plus de quarante autobus pour faire venir les paysans du CROC, le
syndicat maison,
et occuper la place de la Danza d’où devait partir la manifestation des
enfants,
plus de trois cents enfants sont partis de la rue qui se trouve à côté
de la place.
J’évite le plus souvent le centre-ville, qui sue la haine et la peur,
comment
peut-on marcher à l’ombre de toute de cette poulaille, dernière image
de la ville
où règne le tyran Ulises Ruiz ?
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MessageSujet: ...   Oaxaca EmptySam 13 Jan - 17:58

Les dehors de la ville sont bien gardés aussi, la Sierra Norte est
occupée
militairement, des barrages, à l’entrée des deux routes qui pénètrent à
l’intérieur
de la sierra, veillent et se veulent dissuasifs. La guerre
continue, plus souterraine, elle risque d’être longue. La population
d’Atzompa,
municipalité voisine d’Oaxaca, vient de s’opposer aux travaux de
restauration de la
mairie engagés par l’ex-président. Celui-ci, soutenu
par Ulises Ruiz et sa police, pensait pouvoir reprendre pied. La
population l’avait
destitué pour nommer de nouvelles autorités liées à l’Assemblée
populaire. Elle
continue à les soutenir. A la frontière avec l’État du Guerrero, 20 des
36
communautés de la région triqui viennent de former, après maintes
discussions, la
commune autonome de San Juan Copala, qui sera régie selon les us et
coutumes et où
le conseil des anciens
sera une des principales instances de décision, avec l’assemblée. Les
nouvelles
autorités, qui appartiennent toutes à l’Assemblée populaire des peuples
d’Oaxaca,
espèrent arriver un jour à ne plus dépendre de l’État grâce aux
ressources
naturelles de la région et au travail communautaire.

Quel est le devenir de l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca et,
plus
généralement, quel est le devenir du mouvement social au Mexique ? Loin
d’être un
homme du passé issu d’un parti d’État archaïque et corrompu, Ulises
Ruiz, comme
Calderón, est l’homme politique du présent sinon de l’avenir, il
représente le
nouveau pouvoir, celui d’une oligarchie prédatrice s’appuyant sur les
forces
réactionnaires d’une société en
décomposition (et dont elle précipite par son activité prédatrice la
décomposition). Quelles sont ces forces ? La bourgeoisie dans son
ensemble, le
monde du commerce et de l’entreprise, attaché au gain, à l’immédiateté
de l’argent,
mais aussi toute cette partie atomisée de la société soumise au
pouvoir, dont elle
attend un appui dans un monde si impitoyable. La décrépitude du parti
d’État ne
fait qu’augmenter son angoisse et renforcer son attachement à
l’autorité et à la
brutalité la plus manifeste de son expression : l’armée dans sa
fonction
policière, les forces policières, les paramilitaires et les partis
d’extrême droite.
Calderón, par exemple, a bien compris cet attachement obsessionnel à
l’ordre et à
la sécurité au point d’en faire le thème unique de sa propagande. Nous
le voyons
vêtu d’une vareuse militaire vert olive et coiffé d’un képi à cinq
étoiles,
présider, entouré de généraux médaillés, les grandes manœuvres de la
lutte contre
la délinquance organisée. Ces manœuvres à grand spectacle aujourd’hui
seront
dirigées dans un proche
avenir, n’en doutons pas, contre les mouvements sociaux, nous passerons
alors de la
mise en scène à la réalité.

Dans un article récent paru dans La Jornada, Carlos Beas parle de la
dérive
fasciste du gouverneur Ulises Ruiz : "La stratégie dessinée par le
gouverneur
Ulises Ruiz pour se maintenir au pouvoir a été le fascisme...
En plus de détruire physiquement les opposants, il a cherché à créer un
climat de
terreur qui paralyse la population et la rend docile et malléable."
Ulises Ruiz n’a
fait que suivre la stratégie de la droite qui est au pouvoir depuis
quelque temps
déjà au Mexique et qui est celle des pays d’Amérique latine inféodés
aux États-Unis
: constitution des groupes paramilitaires au Chiapas aboutissant au
massacre
d’Acteal ; répression
avec un luxe de brutalité et un grand mépris des droits humains des
altermondialistes à Guadalajara (Jalisco), le gouverneur de l’État
était alors
Francisco Ramírez Acuña, aujourd’hui il est le ministre de l’intérieur
de Felipe
Calderón ; sauvage intervention de la police fédérale préventive à
Atenco (État de
Mexico), suivie de violences sexuelles, de tortures et
d’emprisonnements
arbitraires, le secrétaire de la Sécurité publique fédérale était alors
Eduardo
Medina Mora, Medina Mora est aujourd’hui procureur général de la
République. Nous
devons reconnaître que la droite ne manque pas d’un certain suivi dans
les idées.

L’oligarchie au pouvoir se prépare à l’affrontement. Elle a clairement
conscience de la fragilité de sa position sur le plan politique, de son
absence de
légitimité démocratique. Dans une société inquiète, profondément
troublée du fait
de sa politique libérale, la droite s’est accrochée au pouvoir contre
la volonté de
la majorité des électeurs, par un coup de force électoral, qui
s’apparente un peu,
nous devons en convenir, à un coup d’État. Nous nous trouvons en face
d’une
situation assez inédite, qu’il serait intéressant de définir, du moins
dans ses
grandes lignes. Sommes-nous en présence d’un nouveau fascisme comme
semble le
suggérer quelques auteurs d’opinion ? Le fascisme est le recours à
l’État
religieux, l’État chrétien du roi de Prusse, quand une crise sociale
due à
l’activité capitaliste met en péril un des fondements de la société
bourgeoise, la
division du travail. C’est l’État religieux, totalitaire, opposé à
l’argent, qui
reprend à son compte l’activité de division du travail, pour un temps
du moins,
celui de palier le déficit de
l’État démocratique. Le Mexique connaît une profonde crise sociale due
à l’activité
capitaliste et l’État providentiel (dans le sens religieux du terme),
qui pouvait
freiner cette débâcle sociale, est lui-même remis en
cause par les grands marchands, qui le perçoivent comme une entrave à
la libre
entreprise. Affaiblir l’État providentiel, c’est aussi courir le risque
de voir
surgir les mouvements sociaux (que l’État providentiel
contenait avec plus ou moins de rigueur) mettant en cause, sous
différentes formes,
l’activité de division du travail du capital, le devenir totalitaire du
monde. Le
Mexique se trouve à cette croisée des chemins : L’État démocratique de
la libre
activité marchande des pays du "centre" (de l’œil du cyclone), est bien
incapable
ici de contrôler l’insatisfaction sociale née de cette même activité,
mais l’État
providentiel s’avère désormais un frein à la libre activité des
marchands et doit
en conséquence disparaître : la quadrature du cercle. Comment la
résoudre ?

Mettre à la tête de l’État des gens totalement inféodés au monde des
affaires qui
vont mener une politique libérale à marche forcée (ce qui est le
contraire du
fascisme), engendrant une profonde crise sociale qu’ils se
préparent à affronter en s’appuyant sur les forces réactionnaires
issues de cette
crise (ce qui se rapproche du fascisme) : les mouvements d’extrême
droite, ce qui
reste des organismes de contrôle social du parti
unique, réseaux du parti d’État qui vont nécessairement se rapprocher
des réseaux
d’extrême droite pour former cette part de l’ombre, de la police
secrète, cette
part obscure du contrôle social, où se mêlent dans une grotesque
connivence les
réseaux mafieux du trafic de la drogue, les forces de police et les
organisations
politiques : "Vicente Fox et Felipe Calderón ont été plus près des
courants les
plus arriérés et brutaux du
PRI que des secteurs de la population qui sont en train de demander
depuis en bas
un véritable changement démocratique pour le Mexique", nous dit Carlos
Beas. C’est
la part peu avouable du maintien de l’ordre, la part visible reste
l’armée, symbole
de la nation, de l’État souverain, mais, à l’inverse de ce qui se passe
dans le
fascisme, cette armée n’est pas conquérante, elle n’est qu’un
instrument de police
dirigé contre les forces vives de la nation.

Toute cette stratégie du pouvoir n’est pas seulement le fait du
Mexique, elle vient
de plus haut. Nous ne sommes pas dans une crise du capitalisme mais
dans une crise
sociale aiguë générée par l’activité capitaliste de suppression du
travail. Dans
les pays de la périphérie où existe encore une vie sociale forte
faisant obstacle
au devenir totalitaire du monde, la stratégie consiste à s’appuyer sur
les forces
réactionnaires nées de la désintégration sociale pour combattre les
mouvements de
résistance à cette désintégration. La périphérie (ou semi-périphérie)
du
système-monde capitaliste n’est pas seulement géographique, en fonction
d’un centre
originel et historiquement plus avancé, elle est essentiellement
sociale, la
périphérie peut être définie par la survivance d’une vie sociale fondée
sur la
culture de la réciprocité ; cette vie collective reposant sur l’échange
réciproque
peut être plus au moins autonome et forte comme c’est encore le cas
dans certaines
tribus africaines, elle peut-être plus ou moins dégradée comme c’est le
cas dans
les quartiers populaires.
L’activité capitaliste, ou devenir totalitaire du monde, se nourrit de
la
décomposition des cultures, c’est le sens et l’unique visée de
l’activité
capitaliste : la guerre contre l’humanité. A la puissance du
capitalisme
nous ne pouvons opposer que la puissance de l’esprit : reconstruire une
vie
collective fondée sur la reconnaissance mutuelle, sur le sentiment de
l’autre. La
base de cette reconnaissance ne peut être que
l’assemblée, de la communauté ou du quartier. C’est cette pratique ou
cette
tradition qu’il s’agit de reconnaître, de renforcer et d’étendre, non
dans
l’isolement mais à l’intérieur de tout un ensemble culturel régi par la
règle de la
réciprocité et où la fête et le potlatch restent le but de toute
l’activité.

Cet après-midi il y a eu une nouvelle manifestation, partie de la place
des
Sept-Régions sous l’œil des troupes de choc d’Ulises Ruiz, mi-flics
mi-commandos,
les jaguars, sur des 4×4 flambant neufs, certains sur des
motos tout aussi flambantes, la manif s’est dirigée, alerte et
déterminée, vers la
place de la Danza. Du monde. Le matin nous sommes allés visiter les
familles des
prisonniers de Miahuatlán. Moins de tensions, le
directeur a levé l’interdiction de visite des familles, ce qui a
assoupli les
rapports dans la prison. Ils sont dix-sept, six femmes, onze hommes,
venus de Tepic
(Nayarit) plus deux, qui étaient là avant la rafle du 25
novembre. La majorité sont jeunes et poursuivent des études, ils sont
dans une même
cour et peuvent communiquer, les visites ne sont autorisées que pour
les parents
très proches. Certains d’entre eux ont été, selon une technique mise au
point dans
les geôles de l’armée américaine en Irak et poursuivie à Atenco,
sexuellement
humiliés. Ulises Ruiz n’a pas cherché à frapper, terroriser et humilier
les seuls
membres de l’APPO, mais bien tous les habitants d’Oaxaca, qui, sans
participer
activement à l’Assemblée, étaient solidaires de la lutte, tous ceux qui
n’étaient
pas proche des cercles du pouvoir finalement, et ils sont nombreux.

Oaxaca, le 10 janvier 2007.

George Lapierre


[ texte repris de la mailing liste [cspcl]
http://listes.samizdat.net/sympa/info/cspcl_l ]
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