Ben sans attendred, voilà ce aussi à quoi mènent les solidarités, et les actions immédiates...
soutenons, appuyons, démultiplions....
Charte du Canal Saint Martin pour l'accès de tous à un logement
PREAMBULE
Nous, citoyens et citoyennes, refusons la situation inhumaine que vivent certains
d’entre nous, sans domicile fixe. Nous voulons que soit mis fin à ce scandale, à la
honte que cela représente pour un pays comme le nôtre. La Constitution garantit le
droit à la dignité, à des moyens convenables d’existence, et nous avons un devoir
d’assistance à personne en danger.
Nous n’acceptons plus que les plus fragiles ou les plus pauvres soient laissés au
bord de la route.
Il faut rompre avec les solutions provisoires, les logiques d’urgence qui aggravent
la précarité et condamnent tant de personnes à une souffrance insupportable, et même
certaines à une mort prématurée.
Nous demandons à l’Etat de mettre en place dès aujourd’hui une politique ambitieuse
garantissant l’accès de tous à un vrai logement, à travers les mesures suivantes.
Pour la dignité de tous.
ARTICLE 1: OUVRIR LES STRUCTURES D’HEBERGEMENT 24H/24H, 365 JOURS PAR AN, ET
HUMANISER LES CONDITIONS D’ACCUEIL.
Parce que certains centres d’hébergement sont inadaptés, parce que beaucoup de
personnes sans domicile fixe refusent d’y aller, il faut humaniser les conditions
d’accueil dans les foyers :
- Ouverture 24H/24, 365 jours par an de tous les centres d’hébergement
- Mise en place de locaux décents et à taille humaine
- Accueil en chambre individuelle, ou double si désirée
- Garantie de places accessibles pour les couples et les personnes ayant des chiens
- Participation des personnes à la vie et l’organisation du centre
- Renforcement de l’accompagnement social
Les locaux ne permettant pas de répondre à ces exigences doivent être fermés et
remplacés par des structures adéquates. Le nombre de places doit être ajusté à la
demande, pour que nul ne reste sans hébergement.
ARTICLE 2: FINI LE RENVOI A LA RUE ! TOUT ACCUEIL EN HEBERGEMENT DOIT MENER A UNE
SOLUTION STABLE
Le système actuel d’urgence porte atteinte à la dignité des personnes lorsqu’on les
envoie d’hébergement en hébergement, pour des périodes arbitraires, de quelques
jours, entrecoupées de passages à la rue. L’appel au 115 devrait être unique et
entraîner un hébergement de la durée nécessaire! Les dispositifs comme l’accueil «7
nuits» du 115 à Paris doivent être abolis! On entretient ainsi l’errance, par une
répétition de ruptures alors que tout être humain a besoin de stabilité et de liens
durables.
Cette pratique, qui décourage et casse tant de personnes, ruine leur santé et les
met en danger, doit cesser immédiatement.
La durée d’accueil dans un hébergement doit toujours être personnalisée et conduire
à une solution durable et librement choisie.
ARTICLE 3 : CREER IMMEDIATEMENT UNE OFFRE DE LOGEMENTS TEMPORAIRES :
En attendant la pleine application des articles 4,5 et 6, et parce que l’hébergement
en hôtel, ou le maintien en foyer au-delà de la durée nécessaire, sont coûteux et
inadaptés, il faut immédiatement mettre des logements à disposition de manière
temporaire par :
- la location de logements dans le parc locatif privé
- l’application de la loi de réquisition
- la mobilisation des logements sociaux vacants notamment ceux voués à la démolition
ARTICLE 4 : CREER PLUS DE LOGEMENTS SOCIAUX, ACCESSIBLES AUX MENAGES LES PLUS PAUVRES
Compte tenu d’un déficit important de logements, de leur cherté, et de la saturation
des hébergements temporaires, il convient de développer, plus qu’actuellement, une
offre massive de logements sociaux, accessibles aux personnes et familles les plus
modestes.
ARTICLE 5 : DEVELOPPER DES FORMES ALTERNATIVES D’HABITAT
Pour certaines personnes, il convient de proposer des structures adaptées de
logement, permettant de maintenir des liens sociaux et d’éviter l’isolement, tout en
permettant à chacun d’avoir son propre espace personnel. Les structures de type «
pension de famille » ont montré tout leur intérêt. Des projets novateurs doivent
être d’avantage développés et soutenus, compte tenu de la diversité des besoins et
des choix de vie (Maisons relais, auberges, auto construction, habitats semi
collectifs, structures autogérées...).
ARTICLE 6 : RENDRE LE DROIT AU LOGEMENT OPPOSABLE SUR TOUT LE TERRITOIRE
Tout citoyen ne pouvant pas se loger décemment par ses propres moyens doit pouvoir
obtenir une proposition de logement, et à défaut saisir le juge. Les pouvoirs
publics doivent avoir une obligation de résultat, comme pour le droit à l’éducation
et aux soins.
Il est temps de marquer une volonté politique pour prendre cette décision, et mettre
en place un calendrier de mise en oeuvre.
«Si on relève toutes les personnes qui sont au plus bas, on relève tout notre peuple »
P.O, Enfant de Don Quichotte
«La lutte contre les exclusions est un impératif national fondé sur le respect de
l'égale dignité de tous les êtres humains et une priorité de l'ensemble des
politiques publiques de la nation. »
Art. 1.Loi no 98-657 du 29 juillet 1998 d'orientation relative à la lutte contre les
exclusions
Avec le concours de membres de nombreuses associations intervenant dans les domaines
du logement et de l’exclusion, qui ont bien voulu nous apporter leur expertise, et
que nous remercions. Dans l’immédiat, nous exigeons l’arrêt de toute mesure
consistant à évacuer par des pressions ou la force une personne de l’abri dont elle
dispose, sauf cas de danger avéré.
Les Enfants de Don Quichotte
Campement du Canal St Martin
Paris, le 25 décembre 2006
Pour signer la charte : http://www.lesenfantsdedonquichotte.com/v2/charte.php