LES PAYS DE COCAGNE
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 C.S. Flores Magon / Mexico

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buenaventura
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buenaventura


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MessageSujet: C.S. Flores Magon / Mexico   C.S. Flores Magon / Mexico EmptyJeu 27 Sep - 13:55

Présentation du Centre social libertaire "Ricardo Flores Magón"
Entretien avec la revue Divergences
jeudi 20 septembre 2007.

Cet entretien avec la revue Divergences s’est effectué, par mails
interposés, entre
la fin de l’année 2006 et le début de 2007 avec les compagnons du
Centre social
libertaire "Ricardo Flores Magón" (CSL-RFM) et du Collectif autonome
magoniste
(CAMA) de la ville de Mexico. Ils font le récit de leur histoire et la
description
de leur fonctionnement et de leurs activités. Ils livrent également
quelques
réflexions sur la persistance et la vigueur nouvelle de l’anarchisme et
du
magonisme au Mexique, et sur les perspectives du mouvement
libertaire. Au mois de janvier 2007, dans le n° 6 de Divergences, cet
entretien a
été publié en espagnol. En voici la traduction française.

Thierry Libertad : Qu’est-ce que le Centre social libertaire "Ricardo
Flores Magón" ?

Centre social libertaire "Ricardo Flores Magón" : Le CSL-RFM est un
vieux rêve,
enfin réalisé, que partageaient depuis longtemps un groupe de
libertaires de la
ville de Mexico. C’est un espace qui permet de réunir plusieurs
initiatives et
projets ayant pour objectif de diffuser l’idéal anarchiste, de
promouvoir
l’organisation du mouvement libertaire, ainsi que de favoriser les
relations entre
les divers secteurs sociaux exploités et marginalisés de notre région.
Le CSL-RFM
est un lieu où nous essayons de construire, ici et maintenant, une
esquisse de la
société anarchiste à laquelle nous aspirons.

T.L. : Depuis quand existe-t-il et qui en est à l’origine ?

CSL-RFM : Concrètement, il existe depuis septembre 2005, date à
laquelle nous avons
organisé la première manifestation pour présenter le projet. Nous
avons, en
septembre 2006, célébré son premier anniversaire (et bientôt le second
- NDT). Il
est le prolongement de diverses initiatives entreprises depuis
plusieurs années
mais qui, pour diverses raisons, n’avaient pas pu se concrétiser. Quand
le
Collectif autonome magoniste s’est constitué (en 2001 - NDT), il a
repris ses
initiatives et leur a donné une nouvelle impulsion, en plus d’en
incorporer de
nouvelles. Le CSL-RFM agit désormais comme un catalyseur.

T.L. : Quels sont les collectifs qui en font partie ? Quel est son mode
de
fonctionnement ?

CSL-RFM : Actuellement, divers projets participent au CSL-RFM : Culture
libre, qui
se consacre à l’édition et à la diffusion, le journal Autonomía
[http://mexico.indymedia.org/tiki-index.php?page=periodicoautonomia],
la
Bibliothèque de critique et alternatives radicales, le Ciné-Club Jean
Vigo et la
Librairie Práxedis Guerrero que nous avons inaugurée récemment. Le
CSL-RFM sert
également de siège, à Mexico, à l’Alliance magoniste zapatiste (AMZ), à
laquelle
nous appartenons. Le CAMA [http://espora.org/cama/spip/] est le
responsable du
CSL-RFM, mais d’autres collectifs, qui ont leurs propres projets ou qui
réalisent
leurs activités dans leur quartier, participent de façon continue à la
gestion du
lieu.

Les activités sont planifiées lors d’assemblées, au cours desquelles
chaque
collectif ou individu propose une ou plusieurs activités, et nous nous
répartissons
ensuite les plages horaires et les diverses tâches.

Notre collectif se définit comme anarcho-comuniste et nous sommes
partisans de
l’organisation. Néanmoins, l’espace est ouvert à toutes les tendances
de
l’anarchisme et aux compagnons qui ne se déclarent pas anarchistes mais
avec qui
nous avons des affinités.

T.L. : Quel est votre but et quelles sont vos perspectives ?

CSL-RFM : Pour nous, le but reste la révolution sociale. Toutes nos
actions vont
dans ce sens. Mais le chemin pour y parvenir est semé d’embûches et
tout reste à
faire. Le système politique, autoritaire et décadent, qui nous dirige,
nous harcèle
sans cesse. Malgré tout, il existe un grand désir de transformation en
profondeur,
une forte volonté de dépasser nos propres limites et d’atteindre les
objectifs que
nous nous fixons. Nous savons que, pour y parvenir, il faudra de
nombreuses années,
voire des dizaines d’années, et beaucoup de
sacrifices. Mais de nombreux compagnons au Mexique et nous-mêmes, nous
commençons
déjà à travailler, avec résolution, pour l’avenir.

T.L. : Pouvez-vous nous parler des activités qui sont menées au sein du
CSL-RFM ?

CSL-RFM : En un an d’existence (bientôt deux - NDT), nous avons déjà
mené un grand
nombre d’activités : présentations d’ouvrages, projections de films et
documentaires, ateliers, cercles d’études, réunions, repas collectifs,
discussions
autour de diverses thématiques avec des compagnons mexicains ou
étrangers. Citons,
entre autres, Nelson Garrido, du Venezuela, Daniel Barret, d’Uruguay,
Bernard, de
la NEFAC (Canada et Etats-Unis). Deux compagnons du Centre social
libertaire de
Toulouse sont venus parler des émeutes dans les banlieues en France. Au
mois de
juin 2006, le CSL-RFM a accueilli des prérencontres libertaires, en
préparation de
rencontres nationales prévues en novembre 2006 et desquelles nous
attendons qu’elle
fasse avancer le processus d’organisation des anarchistes du Mexique.
Au mois de
mai 2006, pendant presque un mois, nous avons organisé plusieurs actes
commémoratifs de la Révolution espagnole. Nous avons également réalisé
une journée
de solidarité avec les prisonniers politiques, suite à la brutale
répression
déchaînée par l’Etat mexicain à Atenco, petite ville située près de
Mexico. A ce
moment, le Centre social a servi à rassembler la communauté libertaire.
Actuellement, devant l’absence d’un lieu qui leur soit propre, le local
sert
également de lieu de réunion à la branche féministe de l’Autre
Campagne.

T.L. : Le CSL-RFM publie-t-il un journal ou une revue ?

CSL-RFM : Le travail éditorial et, de façon générale, la mise en œuvre
de moyens de
communication, constituent une part importante de nos projets. Notre
publication
principale est le journal Autonomía. Il traite de sujets ayant pour
thème
l’anarchisme et donne des informations sur les luttes sociales et la
résistance au
capitalisme. Au mois de juillet dernier, après plus de huit ans
d’existence, nous
avons publié notre vingt-septième numéro. Nous participons également à
un autre
journal, Viva Tierra y Libertad [
http://espora.org/amz/article.php3?id_article=152
] (Vive Terre et Liberté), porte-voix de l’Alliance magoniste
zapatiste. Avec notre
structure éditoriale, Culture libre, nous avons publié notre premier
livre, écrit
par Ruben Trejo : Magonisme : utopie et révolution 1910-1913. Nous
éditons
également des brochures, à petit prix, d’auteurs différents, locaux ou
internationaux, et portant sur des thèmes variés. A travers ces
publications, nous
cherchons à stimuler la réflexion libertaire et le débat, en les
situant dans notre
contexte particulier. Comme de nombreux collectifs anarchistes, notre
grand rêve
serait de posséder un jour notre propre imprimerie.

Le développement de radios libres représente une des autres tâches à
laquelle nous
travaillons, en collaboration avec les organisations qui font partie de
l’AMZ à
Oaxaca, région au sud du pays qui actuellement connaît une forte
mobilisation
populaire. Du fait de son potentiel en tant qu’outil de communication,
nous avons
pour objectif, avec de nombreux compagnons, de créer un centre de
formation
radiophonique au sein du CSL-RFM.
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buenaventura
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MessageSujet: ..   C.S. Flores Magon / Mexico EmptyJeu 27 Sep - 13:58

T.L. : Qui est Ricardo Flores Magón ? Pourquoi avoir choisi ce nom ?

CSL-RFM : C’était un indigène d’Oaxaca et un anarchiste. Partisan de la
révolution
sociale, il a lutté, aux côtés de milliers de Mexicains et d’étrangers,
pour une
authentique transformation sociale du Mexique, au cours de la
révolution ratée du
début du XXe siècle. Pour nous, Ricardo Flores Magón est le symbole
d’un esprit
éthique, lucide, rebelle et indomptable, qui prend sa source dans la
culture
communale indigène. Son influence fut déterminante dans ce qui
constitua l’une des
plus grandes épopées du peuple mexicain pour atteindre sa liberté. Son
attitude
nous fournit l’inspiration nécessaire à notre militantisme anarchiste
aujourd’hui,
à une époque, où même si l’exploitation a évolué, changé de visage et
d’aspect,
elle continue à maintenir dans la soumission nos peuples. Ricardo
Flores Magón a
lutté jusqu’à sa mort, orchestrée par le gouvernement des Etats-Unis.
Son
militantisme fut multiple et inépuisable. Ecrivain prolifique,
conspirateur contre
l’Etat mexicain, il fut un précurseur, tant sur le terrain des idées
que celui de
l’action. Nous avons également nommés ainsi le Centre social pour
rendre hommage
aux combattant libertaires, connus sous le nom de magonistes, qui l’ont
accompagné.

T.L. : Quels sont les problèmes auxquels doit faire face le CSL-RFM :
problèmes
d’argent, répression policière... ?

CSL-RFM : Nos moyens économiques sont limités, ce qui frêne, ou
ralentit, le
développement de nos projets. De plus, nous ne sommes pas propriétaires
du local
que nous occupons, ce qui rend l’avenir incertain.

Concernant la police, jusqu’à présent nous n’avons pas eu à souffrir
d’intervention
directe. Nous avons juste remarqué, lors des manifestations que nous
organisons, la
présence d’agents en civil qui rodent. Mais nous ne sommes pas naïfs.
Nous savons
que plus le CSL- RFM, et le mouvement libertaire en général, jouera un
rôle
important dans les luttes sociales, plus la répression de l’Etat
s’accentuera.
Actuellement, plusieurs camarades, qui fréquentaient régulièrement le
CSL-RFM, sont
prisonniers au centre pénitentiaire de Santiaguito, suite aux
événements d’Atenco.

T.L. : Quels sont les projets à court et plus long terme du CSL-RFM ?

CSL-RFM : Sur le court terme, nous souhaiterions améliorer ceux que
nous avons
commencé : la maison d’édition Culture libre, le journal Autonomía, la
Bibliothèque
de critique et alternatives radicales, le Ciné-Club Jean Vigo et la
Librairie
Práxedis Guerrero.

A moyen terme, nous aimerions mener à bien les projets que nous avons
évoqué plus
haut : établir un centre de formation radiophonique et acquérir une
imprimerie.
Nous espérons pouvoir y parvenir en réunissant nos moyens avec
plusieurs
collectifs.

Nous sommes également en train de travailler au lancement d’un réseau
d’espaces
anarchistes au Mexique, pour renforcer les initiatives qui existent
déjà et
favoriser la création de nouveaux centres libertaires dans tout le
pays. Il y a
également le projet, en relation avec cette initiative, de plusieurs
membres du
CSL-RFM de monter un atelier de construction destiné à faciliter
l’acquisition,
l’adaptation et l’amélioration de ces abreuvoirs d’anarchie.

Enfin une autre tâche que s’assigne le CSL-RFM est de favoriser le
développement de
l’Alliance magoniste zapatiste dans la ville de Mexico.

T.L. : Quelles sont les réussites que le CSL-RFM pense avoir obtenues ?

CSL-RFM : Nous pensons que notre principale réussite est d’avoir établi
une petite
base, qui permette de consolider un peu, même si cela reste
insuffisant, le
renouveau du mouvement anarchiste au Mexique qui prend un nouvel essor,
après des
décennies de stagnation. Actuellement, le CSL-RFM est en train de se
convertir en
un espace qui contribue à la rencontre et permet l’organisation d’une
partie assez
importante de la communauté libertaire de la ville de Mexico. De plus,
ce projet
facilite petit à petit une plus grande diffusion de l’anarchisme dans
la société.
Il permet de resserrer des liens et de créer des relations entre les
anarchistes et
des compagnons appartenant à différents secteurs sociaux et impliqués
dans diverses
luttes de résistance.
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MessageSujet: ...   C.S. Flores Magon / Mexico EmptyJeu 27 Sep - 13:59

T.L. : Quelles sont vos relations, d’abord avec le mouvement libertaire
mexicain
et, de manière générale, avec la gauche radicale
mexicaine ?

CSL-RFM : Nous avons de très bonnes relations avec de nombreux
compagnons qui
participent au mouvement libertaire, principalement dans la partie
centrale du
Mexique. Il existe, dans tout le pays, une grand nombre de groupes
libertaires. Si
certains ont derrière eux plusieurs années de militantisme, ils sont
cependant,
dans leur majorité, assez récents. Composés de jeunes gens, certains se
dissolvent
et se reforment peu de temps après sous un autre nom, avec de nouveaux
membres et
d’autres projets. Les vieux compagnons sont restés longtemps isolés et
coupés de la
jeune génération. Mais nous essayons à présent de reconstruire peu à
peu un lien.
Ainsi, plusieurs anciens, parmi eux des ex-membres de la défunte
Fédération
anarchiste mexicaine (FAM), ont activement participé à des activités du
CSL-RFM.

Ici, autant qu’ailleurs, il existe plusieurs façons de concevoir
l’anarchie. Au
CSL-RFM, notre stratégie consiste à favoriser les rencontres et le
respect de
l’autonomie des individus et des collectifs. Nous sommes partisans des
discussions
franches, ouvertes et fraternelles, et nous essayons d’éviter les
rumeurs, les
discrédits et les guerres internes, qui empoisonnent souvent,
malheureusement, le
mouvement anarchiste.

En ce qui concerne l’extrême gauche mexicaine, la situation est assez
compliquée.
Elle composée d’un large éventail qui va des partis politiques
traditionnels - et
orthodoxes - appartenant à tous les courants autoritaires
(marxistes-léninistes,
trotskistes, staliniens... NDT) en passant par des organisations
représentative de
chaque secteur social, jusqu’aux groupes de guérilla, présents surtout
dans le sud
du Mexique.

Une grande partie de cette extrême gauche agit selon des pratiques que
nous
condamnons : tentatives pour accaparer et récupérer les mouvements,
opportunisme,
sectarisme (pratiques auxquelles n’échappent pas toujours certains
anarchistes). Il
existe un secteur encore plus bureaucratique et autoritaire qui, avec
ses vieux
préjugés, dénie tout crédit à l’anarchisme organisé

Comme le CSL-RFM est un projet récent, il n’a participé qu’à
quelques-uns des
mouvements dans lesquels converge une grande partie de la gauche
radicale, tels que
l’Autre Campagne, la solidarité avec Atenco et la rébellion sociale
d’Oaxaca. Dans
ces mouvements cohabitent toutes les tendances, ce qui nous a amené, à
plusieurs
reprises, à souligner des différences, mais aussi à nous lier, de
manière
croissante, à des secteurs avec lesquels nous partageons des vues
communes. Ces
derniers, autant que nous, sont à la recherche de nouvelles formes de
relations et
d’alliances, et développent des stratégies de résistance, tant à
l’autoritarisme de
l’Etat qu’à celui de l’extrême gauche.

T.L. : Et avec le mouvement libertaire international ?

CSL-RFM : Nous avons des relations principalement avec les
organisations et les
compagnons d’Amérique latine, de la communauté chicana-mexicaine aux
Etats-Unis et
de l’Etat espagnol. Citons la Commission de relations anarchistes (CRA)
et le
journal El Libertario, au Venezuela, grâce à qui nous avons pu assister
au Forum
social alternatif (qui s’est tenu en marge du VIe Forum social mondial
à Caracas au
mois de janvier 2006 - NDT). Au Brésil, nous avons, entre autres, des
contacts avec
le collectif "Terra Livre" (Terre libre) et la Fédération anarchiste de
Río de
Janeiro (FARJ). Nous avons participé, de manière symbolique, à la
première Fête du
livre anarchiste de Sao Paulo. Au Pérou, nous échangeons une
correspondance avec le
journal Désobediencia et, en Uruguay, avec des membres de la Fondation
d’études
libertaires Flores Magón ainsi qu’avec le journal Barricada. En Europe,
nous avons
surtout des liens avec des compagnons de l’Etat espagnol. Nous avons
reçu d’Italie
le soutien de la maison d’édition Eleuthera et du Centre d’études
libertaires
Giuseppe Pinelli. En Allemagne, nous effectuons des échanges avec la
Coopérative
Café Libertad de Hambourg. En France, nous sommes en contact avec le
Groupe de
soutien aux libertaires et syndicalistes indépendants de Cuba (GALSIC).

T
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MessageSujet: ..   C.S. Flores Magon / Mexico EmptyJeu 27 Sep - 13:59

.L. : Quelles sont les organisations et mouvements avec qui travaille
et agit le
CSL-RFM ?

CSL-RFM : Nous travaillons principalement avec deux organisations
indigènes
d’Oaxaca, au sud du Mexique : Organisations indiennes pour les droits
de l’homme à
Oaxaca (OIDHO) et le Comité de défense des droits indigènes de Xanica
(CODEDI),
avec lesquels nous constituons l’Alliance magoniste zapatiste. Cette
alliance, que
nous avons construite tout au long des cinq dernières années, est le
fruit d’une
relation profonde, fondée sur la solidarité face à la répression
étatique, mais
aussi, sur la connaissance mutuelle de nos valeurs, nos principes et
nos méthodes
de travail, nos rêves et nos aspirations. Nous souhaitons que sa
réflexion
théorique puisse s’approfondir, sa capacité d’action augmenter et que
de nouvelles
organisations, communautés et compagnons adhèrent. Elle pourrait ainsi
se
transformer en moteur d’une proposition politique et sociale qui
combine et
complète les pensées qui nous paraissent les plus cohérentes et les
plus avancées
pour favoriser une véritable transformation sociale au Mexique, à
savoir, le
zapatisme, le magonisme et l’anarchisme.

T.L. : Au Mexique, et en particulier dans l’Etat d’Oaxaca, plusieurs
organisations,
revendiquent également la figure de Ricardo Flores Magón (CIPO-RFM,
COMPA...).
Qu’en pensez-vous et quelles sont vos relations avec elles ?

CSL-RFM : Le souvenir de Ricardo Flores Magón est très important à
Oaxaca, lieu où
il est né. Il est donc logique que diverses organisations sociales, des
communautés
et mêmes certains secteurs gouvernementaux s’en réclament. Chacun le
fait selon ses
objectifs spécifiques et en fonction de ses intérêts. Ainsi, par
exemple, le
gouvernement omet délibérément toute relation entre Ricardo Flores
Magón et
l’anarchisme, considérant même que c’est une insulte, et lui rend
hommage en tant
que héros patriotique pour sa participation à la Révolution mexicaine.
Pour la
gauche autoritaire, il représente un exemple de volonté dans la lutte,
de
détermination et de sacrifice, pour en finir avec le capitalisme. Ils
font
disparaître, au moyen de l’oubli, l’attitude libertaire qui caractérisa
tant sa
pensée que ses actes.

Nos camarades d’OIDHO et du CODEDI, qui revendiquent fermement la
pensée magoniste,
participent à la Coordination magoniste populaire antinéolibérale
(COMPA),
établissant ainsi une alliance avec des organisations sociales
importantes et
conséquentes qui, cependant, ne sont pas toutes magonistes. La COMPA
est une
alliance d’organisations sociales et indigènes qui a réussi à
rassembler des
magonistes et des organisations qui revendiquent ce qu’ils nomment
eux-mêmes le
pouvoir populaire - d’où l’utilisation des termes magoniste et
populaire - et qui
occupent un grand rôle dans les mouvements de résistance de l’Etat
d’Oaxaca.

Quant au Conseil indigène populaire d’Oaxaca (CIPO) actuel - il y a
quelques années
le CIPO était un conseil d’organisations, semblable au COMPA, mais il
ne l’est plus
-, il revendique de façon pragmatique la figure de Ricardo Flores Magón
et le terme
"magonisme". Il y a quelques années, nous avons soutenu l’action du
CIPO originel
en collaborant par des ateliers ou des émissions de radio. Après les
scissions au
sein du CIPO, nous avons décidé de poursuivre notre collaboration avec
les
organisations indigènes OIDHO et CODEDI - qui appartenaient au CIPO -
avec
lesquelles nous formons maintenant l’Alliance magoniste zapatiste. Nous
respectons
le travail du CIPO actuel mais nous ne partageons pas ses pratiques
politiques.

Les compagnons de l’AMZ et nous-mêmes ne prétendons pas défendre le
magonisme
"authentique". En revanche, nous voudrions mettre en pratique l’idéal
magoniste,
qui porte en lui une indispensable éthique politique, et donner vie,
avec
honnêteté, à ces principes que sont l’anticapitalisme, le communalisme,
l’autonomie, l’autogestion et l’organisation révolutionnaire.

T.L. : Dans quelle situation se trouve le mouvement libertaire mexicain
actuel et
quelles sont ses perspectives ?

CSL-RFM : Le mouvement anarchiste est en croissance constante sur tout
le
territoire, tant en nombre de collectifs, de projets que d’individus
qui
s’investissent. Il y a de grandes perspectives de développement mais le
chemin est
encore long. La discussion théorique reste limitée et les capacités de
communication, de coordination et de coopération entre les libertaires
mexicains
sont assez faibles.

L’acceptation et la gestion positive de nos différences constitue,
selon nous, un
point indispensable pour pouvoir avancer. Au cours des vingt dernières
années,
c’est la tendance anarcho-punk qui fut la plus visible sur la scène
locale.
Aujourd’hui nous pensons qu’elle représente une part encore importante
mais il
existe désormais une plus grande diversité de courants de pensée
anarchiste dans
les nouveaux groupes qui apparaissent. Ils possèdent, malgré leur jeune
âge, une
grande conscience et sont très engagés.

Le panorama politique mexicain qui se profile est très sombre. Le
système politique parlementaire se décompose d’une façon atroce,
l’extrême droite
cherche à se maintenir au pouvoir à tout prix et applique les méthodes
répressives
qui la caractérisent. Face à cette situation, les anarchistes affichent
une volonté
commune de s’organiser, tant pour résister à l’oppression que pour
influencer, par
nos idées, les secteurs populaires, partageant la même volonté que nous
de
transformer le système, qui seront en lutte au cours des prochaines
années. Recréer
une fédération anarchiste mexicaine est un des objectifs proposés avec
insistance
au cours des discussions et au sein des collectifs. Des rencontres
anarchistes
nationales devraient bientôt se tenir. Elles sont préparées en amont
par un travail
préalable dans chaque région. Nous espérons qu’elles feront avancer
d’un pas
significatif le processus d’organisation du mouvement libertaire.

T.L. : Comment analysez-vous la Sixième Déclaration de l’EZLN et
comment vous
situez-vous au sein de ce mouvement promu par les zapatistes ? Le
CSL-RFM y
participe-t-il ?

CSL-RFM : Nous souscrivons à la Sixième Déclaration de la forêt
Lacandone en tant
que Collectif autonome magoniste. Quand les compagnons de l’EZLN l’ont
émise, nous
avons vu en elle une proposition opportune et nécessaire d’unir tous
les mouvements
de résistance anticapitalistes, à la recherche d’une "autre façon de
faire de la
politique", et de parvenir à un programme commun de lutte, qui
respecterait
l’autonomie de chaque organisation et de chaque individu y participant.
L’Autre
Campagne, en se proposant de parcourir tout le pays pour faire entendre
sa voix et
relier entre elles toutes les luttes du pays, constitua une autre
grande
initiative. Cependant, jusqu’à présent, les résultats restent limités
pour des
motifs à la fois internes et externes. Une des raisons principales,
parmi les
facteurs internes, réside dans le fait que la volonté de créer une
"autre façon de
faire de la politique" n’a pas été mis en pratique par la majorité des
participants. C’est un point fondamental qui, s’il n’est pas résolu,
deviendra dans
l’avenir le principal obstacle.

Une "autre façon de faire de la politique" s’apparente beaucoup, pour
nous, aux
propositions, déjà anciennes, de l’anarchisme : autonomie, démocratie
directe,
assembléisme, horizontalité, refus des avant-gardes, recherche du
consensus,
rotation et révocabilité des mandatés, socialisation des savoirs et des
pratiques,
respect des minorités et, de façon plus générale, une éthique dans la
pratique
politique. Malheureusement, toutes les vieilles méthodes viciées de la
gauche
continuent de prévaloir au sein de l’Autre Campagne.

A cela s’ajoute, parmi les facteurs externes, une situation politique
difficile, en
raison de l’attitude de la social-démocratie, représentée par le Parti
de la
révolution démocratique (PRD), qui a réussi à agglutiner de larges
secteurs des
classes moyennes et défavorisées, et qui se proclame le représentant de
la gauche
au Mexique. Après la fraude électorale de la droite au cours de
l’élection
présidentielle de juillet 2006, les sociaux-démocrates ont déplacé leur
action du
cadre électoral à celui de la très contrôlée Convention nationale
démocratique (qui
conteste le résultat des élections - NDT), avec un discours fondé sur
la résistance
civile pacifique, tout en médiatisant l’affrontement pour la direction
du parti. Il
existe chez eux un fort ressentiment envers les zapatistes et l’Autre
Campagne,
qu’ils considèrent responsables, en grande partie, de leur défaite face
à la
droite. Cela nous semble absurde. Le pire c’est qu’ils ont transmis ce
sentiment à
leurs militants de base.

Prochainement des travaux concernant l’élaboration d’un Plan national
de lutte
devraient avoir lieu, ainsi que des débats sur la proposition de la
Sixième
Déclaration des zapatistes d’une nouvelle Constitution, également
cheval de
bataille du PRD. Nous espérons pouvoir surpasser tous les problèmes
qui, en cas
contraire, pourraient conduire à l’échec. Cela serait vraiment
lamentable, au vu de
l’évolution de la situation politique du Mexique qui se profile pour
les prochaines
années.

T.L. : Quelque chose à ajouter ? Un message pour les compagnons
européens ?

CSL-RFM : Nous pensons qu’il est nécessaire de favoriser la
connaissance des
expériences libertaires entre toutes les régions du monde. Il est
toujours
enrichissant de savoir ce que pensent les anarchistes et de connaître
les activités
qu’ils mènent dans des contextes et des situations différentes. Mais
au-delà de ça,
devant l’énorme défi que représente le fait de vivre à notre époque,
nous
ressentons l’urgence de relier internationalement la communauté
libertaire afin que
le mouvement retrouve l’influence sociale qu’il a pu avoir à d’autres
époques.
C’est pourquoi nous souhaitons resserrer les liens avec les compagnons,
à travers
l’échange de publications, la participation à des rencontres et à des
activités
coordonnées, et, de façon générale, tout ce que notre imagination peut
créer. Pour
finir il ne nous reste plus qu’à leur envoyer nos salutations
fraternelles et
libertaires et à te remercier pour ton entrevue.


Contacts : Centre social libertaire "Ricardo Flores Magón"
Ouverture au public : mercredi à samedi de 17 à 20 heures.

Adresse : Cerrada de Londres n° 14, interior 1,
Colonia Juárez, Delegación Cuauhtémoc,
México D.F. (à deux pas du métro Sevilla).

Adresse postale : Cultura Libre de Servicios Educativos y Culturales,
A.P. 6-664
C.P., 06200 México, D.F.

Site : www.espora.org/cama

Site de la revue internationale d’analyses libertaires Divergences :
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