LES PAYS DE COCAGNE
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buenaventura
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buenaventura


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MessageSujet: black-blok   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:47

DUPUIS-DERI Francis

Les Black Blocs
La liberté et l’égalité se manifestent






Les Black Blocs qui participent régulièrement aux manifestations d’opposition à la mondialisation du capitalisme y ont acquis une certain notoriété, principalement en raison de la force qu’ils y déploient occasionnellement contre les médias officiels publics ou privés, les symboles du capitalisme et les policiers.

Mais cette renommée est entachée par la haine et le mépris que leur vouent leurs très nombreux détracteurs : les politiciens, les policiers, les intellectuels de droite, des journalistes, des universitaires ainsi que plusieurs porte-parole du mouvement antimondialisation. Toutes ces critiques s’entendent pour dénigrer les participants aux Black Blocs, et tout autre manifestant ayant recours à la force, les dépeignant comme des individus dénués de convictions politiques et qui ne participent aux manifestations que dans l’unique intention d’assouvir un désir viscéral de destruction. Du politicien au policier, en passant par l’idéologue capitaliste, le bon manifestant, la « porte-parole » du mouvement altermondialiste, l’éditorialiste, le journaliste et même l’analyste communiste, tous partagent ici les mêmes sentiments et les mêmes conclusions. À ce discours unanime ne manque pourtant qu’une voix, celle des personnes ayant participé à des Black Blocs. La réalité devient à la fois plus complexe et plus intéressante lorsqu’on accepte de prêter l’oreille à leurs discours, un effort qui permet de mieux comprendre ce phénomène, ses origines, sa dynamique, ses objectifs, ses faiblesses et ses succès.


--------------------------------------------------------------------------------

Francis Dupuis-Déri a milité dans des collectifs de sensibilité anarchiste au Québec et en France. Il est chercheur en science politique à Montréal. Il collabore au Monde libertaire, et il a signé des articles dans diverses revues (Agone, Réfractions, etc.) ainsi que deux romans à saveur politique.
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buenaventura
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MessageSujet: re   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:48

Les Black Blocs
I - Les Black Blocs par eux-mêmes



COMMUNIQUE AU SUJET DES TACTIQUES ET DE L’ORGANISATION


Véritable petit manuel de combat publié une première fois en décembre 2000, ce Communiqué au sujet des tactiques et de l’organisation est au Black Bloc - en plus modeste bien sûr - ce que sont à une armée d’État les ouvrages L’Art de la guerre de Sun Tzu et De la guerre de Carl von Clausewitz. Les auteurs du communiqué n’hésitent pas à voir grand, puisque leurs conseils organisationnels et tactiques sont pensés en fonction de Blacks Blocs de plusieurs centaines, voire de mille ou même deux milles participants. Le Communiqué discute des opérations de reconnaissance du terrain où se déroulera l’action, des communications, de la mise sur pied et de l’utilisation de forces de réserve, des rapports avec les média, de l’entraînement physique entre les actions, de l’importance d’une sorte d’unité de commandement - « le noyau de facilitation tactique » - dont les membres sont élus et révocables en tout temps, pour préserver l’esprit anarchiste de l’organisation. Cette idée sera ouvertement critiquée par des membres du groupe anarchiste Black Star North, qui voient là une tentative « de reproduire des structures hiérarchiques et militaristes au sein des Black Blocs [1] ». Les auteurs du Communiqué admettent adopter un « ton militariste », mais ils précisent qu’il ne faut pas voir là une invitation à introduire des structures hiérarchiques d’autorité au sein d’un Black Bloc. En juillet 2001, ils proposent d’ailleurs une nouvelle version légèrement modifiée - reproduite ici - suite à des discussions entre des membres du mouvement Anti-Racist Action (ARA) et d’autres du Green Mountain Anarchist Collective qui signaient la première version. Dans cette seconde mouture, ils tentent de préciser leurs propositions tactiques. Très combatif, le texte fait la promotion de manœuvres sophistiquées adaptées au combat de rue contre les forces de l’État et justifie les frappes contre les symboles de l’État et du capitalisme. Toutefois, les expériences passées d’infiltration policière et certaines confusions quant à l’arrimage des Black Blocs du Québec et ceux de la Cote Est des États-Unis dans le cadre des manifestations contre le Sommet des Amériques laissent penser que cette réflexion tactique restera sans doute lettre morte : il est peu probable que des Black Blocs de plusieurs milliers de participants, s’il s’en forme, parviennent à mettre en pratique de telles tactiques. Mais ce texte demeure tout de même exemplaire d’un esprit anarchiste cherchant à s’incarner dans des pratiques politiques et de modes d’action qui, à défaut d’avoir l’ampleur voulue, reste néanmoins adoptés lors des manifestations contre la mondialisation du capitalisme des récentes années. La conclusion du communiqué, le style même, devient presque apocalyptique et messianique : face à un processus inéluctable de répression étatique toujours plus implacable, les militants devront passer à la clandestinité d’où ils lanceront une attaque contre l’État. Cette offensive ne pourra aboutir, selon les auteurs, qu’à une véritable « révolution sociale ».
(FDD)



COMMUNIQUE AU SUJET DES TACTIQUES ET DE L’ORGANISATION [2]


Au Black Bloc, de l’intérieur du Black Bloc
seconde version [3]
juillet 2001 - de quelque part dans le Mid-West
Avertissement : les propos contenus dans ce document s’appliquent spécifiquement aux particularités du mouvement anarchiste en Amérique du Nord. L’analyse et les propositions tactiques contenues dans ce document ne sauraient conserver toute leur pertinence si elles sont appliquées sans avoir été adaptées au préalable de façon substantielle à des situations particulières de lutte en d’autres régions.
Remarques préliminaires à la seconde version
La présente version est le résultat de très longues discussions entre des membres d’ARA et du G-MAC [4]. À la lumière de ces débats, un consensus a été atteint au sujet de certains principes d’organisation révolutionnaire. Des changements importants ont été apportés aux sections portant sur l’utilisation des groupes de réserve, les groupes d’affinité, le noyau de facilitation tactique et d’autres changements d’ordre mineur ont été effectués dans toutes les autres sections. Nous croyons que ces changements renforcent la teneur de nos propositions. Nous sommes prêts, bien sûr, à poursuivre la discussion et à apporter d’autres modifications s’il y a lieu.
En guise d’introduction
Le document qui suit est présenté dans l’intention d’accroître l’efficacité de base de notre mouvement en proposant diverses pratiques tactiques qui, nous l’espérons, seront adoptées par le Black Bloc dans son ensemble. Ce travail est inspiré par notre admiration sans faille envers la capacité et le potentiel créatifs de l’humanité et par notre dévouement sans réserve à la révolution sociale. Certains passages de ce texte sont empreints d’un ton militariste qui ne devrait pas être interprété comme justifiant par la bande des modèles d’organisation arbitraires et hiérarchiques. C’est plutôt la réalité de notre lutte militante qui rend nécessaire le recours à ce type de langage, afin de présenter notre situation et les méthodes que nous devons utiliser pour nous approcher de la victoire de façon objective et le plus précisément possible. Il faut souligner ici que nous ne défendrons jamais la promotion de modèles organisationnels dont l’essence serait incompatible avec ceux adoptés de façon démocratique par les anarchistes et les travailleurs et travailleuses révolutionnaires lors de la Commune de Paris (1871) et de la Guerre civile espagnole (1936-1939). Pour mener à bien la rédaction de ce texte, nous avons réfléchi à nos propres expériences collectives et nous avons étudié l’histoire pour apprendre ce qui peut fonctionner ou non à l’intérieur d’un cadre anarchiste.
Notre intention est de vous présenter une analyse précise, quoique brève, de l’état actuel du mouvement ainsi que les étapes que nous (le Black Bloc) devons franchir afin de faire avancer la cause. Il faut préciser que les propositions qui suivent s’appliquent directement et uniquement au Black Bloc. Par conséquent, toute adaptation de propositions plus militantes (telles celles que l’on retrouve dans la section « Préparations en vue d’une répression accrue de l’État ») à l’ensemble du mouvement anarchiste entraînerait un affaiblissement des efforts si importants accomplis pour structurer la communauté de base. Nous considérons ces efforts comme essentiels pour la cause en général, puisque c’est grâce à eux que nous pouvons gagner consciemment la vaste population à la gauche anarchiste. Notre lutte doit être menée sur tous les fronts.
Finalement, nous vous encourageons à lire ce document et à en discuter au sein de votre collectif et/ou avec d’autres personnes au sein de la communauté Black Bloc anarchiste. Nous espérons que de tels groupes et les personnes intéressées qui sont liées au Black Bloc signeront leurs noms (pas nécessairement leurs vrais noms) au bas de ce document et mettront en pratique les propositions tactiques présentées ci-dessous. Dans l’éventualité probable où ce document est en partie inacceptable pour votre groupe de lutte, nous espérons que ces éléments de désaccord seront discutés, débattus et amendés comme il se doit afin que le Black Bloc atteigne un consensus. Nous demandons ici que les divers journaux et périodiques anarchistes ouvrent leur section de « courrier des lecteurs et lectrices » à cette fin.
LADY, AUGUST SPIES, MUFFIN, D’ACTION ANTI-RACISTE ET DAVID O. (O VAN), X, NATASHA DU COLLECTIF ANARCHISTE DE GREEN MOUNTAIN
Notre mouvement grandit
Au cours de la dernière année et demie (depuis la bataille de Seattle) [5], nous avons assisté et nous avons participé à la maturation d’un vaste mouvement social de protestation ainsi que d’un mouvement révolutionnaire anarchiste, certes plus restreint mais tout de même en expansion.
Huit raisons fondamentales expliquent ce phénomène :
1. La sensation de vide se dégageant d’une pseudo-réalité transformée en marchandise par un néocapitalisme exacerbé aux conséquences inexorables : l’aliénation de masse, l’anxiété et l’Ennui.
2. L’échec continu du système actuel à enrayer la dégradation matérielle (la pauvreté) au sein de certains secteurs de la classe des travailleurs et des travailleuses et des pauvres.
3. La riposte populaire et le réveil des syndicats généralement assoupis face à la tentative avérée de la part des puissances dirigeantes du néocapitalisme d’homogénéiser l’économie et la culture mondiales par l’entremise d’organisations élitistes et centralisées telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce.
4. La réconciliation de contre-cultures jusqu’alors divisées (le « punk » urbain, le « hippy » rural, etc.) permet de s’appuyer sur une base pour diffuser les changements qui surviennent dans la conscience sociale populaire.
5. L’accroissement des moyens de communication au sein de la population a eu pour conséquences de permettre des améliorations organisationnelles et une mobilisation plus efficace auprès des mouvements sociaux contestataires en général et anarchistes révolutionnaires en particulier.
6. L’expérience acquise par les organisations au cours de la dernière décennie a grandement accru la capacité pratique du mouvement dans son ensemble.
7. La génération des enfants des années 1960 et 1970 a maintenant atteint sa pleine maturité. Ceci est un facteur qui ne doit pas être sous-estimé alors que nous voulons construire - et continuer à détruire - à partir de l’endroit même où nos mères et nos pères abandonnèrent la partie.
Et enfin :
8. La répression policière subie aux États-Unis et au Canada au cours de cette dernière année a eu pour effet de radicaliser d’un océan à l’autre et vice-versa des dizaines de milliers de manifestants jusqu’alors sociaux-démocrates.

L’anarchisme et le mouvement dans son ensemble

Alors que le mouvement dans son ensemble a réussi a développer la conscience politique et a obtenir quelques victoires concrètes importantes, tout reste encore trop indécis et malléable pour accorder une confiance aveugle à ses factions les plus visibles (telles qu’elles s’incarnent dans le Réseau d’Action Directe [Direct Action Network]).
En tant qu’anarchistes révolutionnaires, nous devons continuer à détourner le mouvement de ses tendances inconscientes vers l’abstraction spectaculaire et l’abdication social-démocrate tout en y encourageant et en y appuyant les tendances en faveur d’une démocratie participative et directe. Nous devons continuer à agir de la sorte par la diffusion de la théorie anarchiste révolutionnaire et par l’exemple DIRECT, à la fois dans les rues, dans les efforts d’organisation communautaires et dans nos styles de vie. Ceci doit continuer à être la priorité dans les manifestations aussi bien qu’au sein de nos différentes communautés locales.
Tout en procédant de la sorte, nous devons être attentifs à ne pas limiter nos liens dialectiques au mouvement lui-même. En bref, nous devons continuer à solliciter les masses qui n’y sont pas encore intégrées, puisque c’est seulement à travers leur participation directe que le système d’oppression actuel se désintégrera à tout jamais et disparaîtra dans la poubelle de l’histoire.
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buenaventura
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MessageSujet: re   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:49

Le développement du mouvement
Pour toutes les raisons mentionnées, l’année et demie qui vient de s’écouler peut être considérée comme une étape de transition vers la résurgence progressive du mouvement anarchiste révolutionnaire en dépit de certains revers douloureux, tels la disparition de l’organisation Love & Rage ainsi que celle du Fire Cracker Info Shop du Massachusetts. Nous avons pu avancer de deux pas à chaque fois que nous reculions d’un pas, grâce à la situation historique objective et à nos capacités concrètes nouvellement acquises. Cela dit, avant de devenir prétentieux, il faut admettre que nous avons beaucoup, beaucoup d’étapes dangereuses à franchir avant d’atteindre le dénouement de cette épopée.
Nos communautés locales
C’est dans nos communautés spécifiques que nous (Black Bloc et anarchistes en général) pouvons faire progresser le mouvement anarchiste révolutionnaire par une organisation communautaire diligente et utile au sein des affranchis. Pour cela, nous devons fonder des coopératives de travailleurs et travailleuses, des centres communautaires et des journaux. Chaque fois que c’est possible, nous devons également favoriser des créations artistiques anarchistes et des actions politiques directes. Lors de vastes manifestations, c’est par les actions de notre Black Bloc que nous aurons organisé que nous pouvons faire avancer notre mouvement.
Lors de manifestations
C’est en vertu de l’engagement inconditionnel du Bloc que les manifestations sociaux-démocrates sont transformées en performances insurrectionnelles. En nous défendant physiquement contre l’attaque de l’État (la police), nous ajoutons un élément important à un mouvement autrement plutôt timide. Par le fait de défendre des manifestants non-violents contre les assauts de la police (comme durant l’action du 16 avril à Washington, D.C.), nous démontrons le pouvoir extra-symbolique des individus tout en augmentant l’efficacité relative de l’action d’ensemble. En attaquant et en détruisant la propriété privée capitaliste (comme lors de la bataille de Seattle), nous allons au-delà de la rhétorique et nous infligeons dans les faits de vrais dommages matériels aux avant-postes urbains de l’empire oppresseur indésirable et totalement mercantile des nouveaux capitalistes. Par notre méthode, nous transformons l’indécision et la prudence en action VERITABLE.
Des pacifistes de la classe moyenne aisée déclarent que nous sommes dans le tort du fait même de nos principes qui s’incarnent dans l’action. Or, ils devraient se souvenir que le seul but légitime des manifestations de masse est de provoquer un changement social et révolutionnaire nécessaire pour le bénéfice de tous et de toutes. Le but n’est pas, et ne devrait jamais être, de se laisser arrêter et brutaliser au nom de quelque puérile affiliation à Gandhi ou à Martin Luther King Jr. De plus, nous devrions tous réfléchir au fait que l’Inde d’aujourd’hui est dévastée en raison de l’exploitation capitaliste soutenue et que les Noirs américains sont encore traités comme des citoyens de second rang aussi bien par l’appareil d’État que par la ploutocratie. Ces simulacres de justice ne pourront être totalement rectifiés que par un mouvement anarchiste révolutionnaire international authentique et victorieux ayant recours à la fois à des méthodes violentes et non-violentes.
C’est dans ce contexte particulier et très concret que nous luttons. Nous ne devrions pas et n’allons pas compromettre notre haine ou notre amour, car nous compromettrions alors notre objectif qui est d’atteindre l’anarchie, c’est-à-dire une révolution sociale complète qui incarne le rêve d’une humanité entière libérée des chaînes visibles et invisibles.
Nous n’offrons aucunes excuses.
De la nécessité d’améliorer nos capacités tactiques
Les forces de l’État (plus spécifiquement le Federal Bureau of Investigation [FBI] et la police) nous étudient depuis un certain temps. Il est donc absolument nécessaire que nous développions plus avant notre compréhension tactique et nos capacités pratiques dans les rues si nous voulons maintenir et même accroître nos capacités militantes.
À ce sujet, il y a quelques choix fondamentaux que nous devons faire pour relever ce défi :
1. Améliorer l’organisation de la force de combat de rues ;
2. Entraînement physique régulier entre les actions ;
3. Faciliter les attaques préventives ;
4. Préparation pour une intensification éventuelle de l’oppression étatique et pour une transformation du mouvement social de protestation en véritable révolution sociale ;
5. Développer la réflexion théorique et l’éducation sociale et politique à l’intérieur du mouvement et entre les actions.
Pour l’instant, la mobilisation de nos forces se fait de façon si improvisée que notre capacité à combattre les forces de l’État bien entraînées et disciplinées reste limitée. En fait, c’est uniquement grâce à notre dévouement révolutionnaire et à nos constitutions de fer que nous avons été capables de combattre ces forces avec les succès relatifs que nous avons obtenus jusqu’à présent. Nous nous battons par amour, par haine de l’oppression et simplement parce qu’il est juste d’agir ainsi. Les membres des forces de l’État combattent par haine de la diversité et de la libre expression, ainsi que pour toucher leur chèque de paie.
Néanmoins, les agents de l’État vont modifier leurs tactiques actuelles en fonction de leurs expériences sur le terrain et des volumineux rapports d’analyse produits à notre sujet suite à Seattle et à Québec. Il faut donc s’attendre à ce que les forces de l’État atteignent dans un proche avenir un nouveau palier de supériorité à notre égard. Il est par conséquent absolument nécessaire que nous commencions à nous réorganiser de manière à obtenir à nouveau certains avantages pour notre camp.
LA CAPACITE TACTIQUE ACCRUE DE LA FORCE DE COMBAT DE RUE
La mise sur pied d’un noyau élu de facilitation tactique
Nos expériences au cours des dix-huit derniers mois nous ont beaucoup appris au sujet du véritable potentiel du Black Bloc durant les manifestations de masse. A16 [6] a été la preuve de l’efficacité d’un grand Black Bloc allié à des groupes menant des actions directes non-violentes. À ce moment critique de l’histoire, nous avons pu constater que les tactiques combinées d’autodéfense du Black Block et de désobéissance civile de groupes non-violents ont permis d’occuper une grande partie du territoire urbain. J20 [7] a montré comment un Black Bloc compact et entouré de bannières défensives peut inspirer confiance aux manifestants et dissuader de façon efficace les policiers de mener des arrestations ciblées. A20 [8] a montré pour sa part comment un Black Bloc de taille relativement modeste (comme celui du samedi 21) peut se transformer en une importante force de combat lorsque la volonté physique et mentale est active. Cependant, nos expériences ont également permis de révéler certaines faiblesses que nous sommes loin de pouvoir surmonter pour l’instant. En particulier, l’absence d’une structure démocratique de commandement tactique a mis en péril notre capacité d’agir rapidement et de façon décisive. Dans certains cas, ce manque nous a plongé dans l’indécision, en particulier en ce qui a trait aux mouvements. Nous nous sommes retrouvés conséquemment dans des situations dangereuses et certains des nôtres ont ainsi été arrêtés (le lundi du A16). C’est pourquoi nous affirmons que nous devons mettre en place une véritable structure démocratique de commandement tactique qui augmente notre mobilité sans mettre en cause nos principes anarchistes.
C’est en ce sens que nous proposons que le rôle de porte-parole élu des groupes d’affinité soit étendu à celui d’Aviseur tactique (a-tacs). La fonction de cette personne consisterait à faciliter les actions concertées de sa section telles que recommandé par le noyau général de facilitation tactique (le n-tac, qui sera discuté plus loin). De plus, chaque groupe d’affinité devrait aussi élire un remplaçant au cas où le premier a-tac serait dans l’incapacité d’agir à la suite d’une blessure ou de son arrestation.
Tous les a-tacs élus devraient se réunir à huis clos après l’assemblée générale du Black Block où les plans d’action généraux pour la journée devraient avoir été discutés, débattus et adoptés par consensus (le secret est ici nécessaire pour des raisons de sécurité). Au cours de cette réunion des a-tacs, un noyau général de facilitation tactique (n-tac) devrait être élu, à nouveau par consensus. Les membres de ce n-tac devraient agir de façon telle à faciliter les mouvements du Black Bloc en conformité au plan d’action général établi à l’assemblée publique précédente. Suite à la réunion à huis clos, l’identité des membres du n-tac sera dévoilée discrètement par les porte-parole élus (a-tacs) des groupes d’affinité à tous les membres de confiance. Tous les groupes d’affinité dont l’a-tac a été élu au noyau général de facilitation tactique devrait élire un nouveau a-tac pour le remplacer.
Dans les cas où il y a un grand Bloc dans une manifestation de masse, les groupes d’affinité devraient être responsables de positions spécifiques au sein du Bloc, en particulier à l’avant, à l’arrière et sur les côtés (ceci devrait être décidé à l’assemblée générale). Ceci amènera la formation de quatre brigades périphériques principales (voir plus loin pour la discussion sur l’utilisation des brigades). Dans ce cas, il devrait y avoir 12 n-tacs élus. Ces personnes devraient provenir des brigades périphériques dont elles assumeraient la responsabilité (voir plus loin). Les 12 n-tacs devraient être divisés en quatre groupes de trois membres qui devraient se répartir les positions suivantes :
1. Une personne dans la brigade périphérique dont elle est responsable (à l’avant, à l’arrière, à gauche ou à droite du Bloc) ;
2. Une personne près du centre du Bloc, avec les représentants des autres brigades périphériques ;
3. Une personne qui servira d’agent de liaison entre le n-tac du centre et la brigade périphèrique.
En général, toutes les décisions importantes - et en particulier celles concernant les mouvements - devraient être prises par consensus au sein du n-tac du milieu. Pour se faire, il devrait s’appuyer sur les informations fournies par les brigades périphériques et par des informateurs fiables en provenance des unités de reconnaissance.
Pour qu’ils soient en mesure d’agir efficacement et en toute sécurité, ces n-tacs devraient également être accompagnés de personnes leur étant spécifiquement affectées. C’est ainsi que les n-tacs en position dans les brigades périphériques devraient être assistées de deux personnes de leur groupe d’affinité ou non. L’une sera chargée de maintenir la liaison radio avec les équipes de reconnaissance et/ou les autres groupes. La deuxième personne doit être responsable de la sécurité du n-tacs. On doit être conscient du fait que ces personnes seront facilement identifiées par les forces de l’ordre et qu’elles sont susceptibles d’être ciblées et arrêtées. De même, le noyau central des n-tacs doit être assisté d’un certain nombre de personnes avec des radios et d’autres qui assurent la sécurité.
Également, au fur et à mesure que l’action se déroule, il faut interchanger le rôle des membres du n-tac, qu’ils agissent en tant qu’agents de liaison ou qu’ils soient positionnés en périphérie ou au milieu. Cette permutation des rôles permet d’éviter le penchant psychologique à l’autoritarisme qui risque de se développer au sein du noyau central des n-tacs. Il faut rappeler que le rôle de ces personnes consiste principalement à s’occuper des mouvements du Bloc (quelle route emprunter, de quel côté se diriger à un carrefour). En aucun cas elles ne doivent jouer le rôle de généraux ou de leaders.
Il est important ici d’insister sur plusieurs choses. Premièrement, nous ne préconisons pas la création d’une clique permanente d’officiers. Ces postes électifs ne doivent exister que le temps de l’action. Si cette dernière dure plus d’une journée, il serait alors souhaitable d’élire chaque jours d’autres a-tacs et n-tacs. De plus, tous les postes d’a-tac ou de n-tac doivent être révocables en tout temps par l’ensemble du Bloc. Enfin, l’influence que les a-tacs et n-tacs exerceront ne devrait pas dépasser celle qui est liée à la fonction de facilitateur du plan général adopté à l’assemblée générale du Black Bloc. Toute tentative de dépasser ce mandat devrait être une raison suffisante de révocation. Et il est évident, bien sûr, que nous ne préconisons pas la formalisation d’un modèle hiérarchique militaire. Il doit être parfaitement clair que l’ensemble de ceux et celles qui participent à un Bloc se réservent le droit de désobéir à n’importe quel ordre des tacs et même de déserter. C’est ainsi que l’adoption d’une telle structure restera conforme aux principes anarchistes d’organisation. Les milices anarchistes ont reconnu la nécessité de ce genre de structure durant la Guerre civile d’Espagne et nous devrions faire de même.
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MessageSujet: re   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:49

Les groupes d’affinité individuels
Les groupes d’affinité (GA), généralement composés de 3 à 10 personnes, devraient s’organiser de telle façon qu’ils puissent atteindre leurs objectifs lors de l’action en cours. Déterminer l’objectif d’un GA en fonction de l’objectif général permet de mettre sur pied des GA spécialisés.
On suggère qu’il y ait, à l’intérieur de ces GA, une personne munie d’une trousse de premiers soins, même rudimentaire (de la solution saline, du vinaigre, des pelures de citron, de l’eau, des médicaments de secours). Il serait de plus utile que chaque membre du Black Bloc suive un cours élémentaire de premiers soins, ou qu’il ait une connaissance général des pratiques d’aide médicale liées aux manifestations. De la même façon que l’entraînement physique, la connaissance des premiers soins augmentera notre capacité générale de combat.
Il doit être décidé si les GA devraient utiliser une radion et/ou un téléphone cellulaire durant l’action. L’usage de ces outils de communication peut-être utile pour certains GA, mais il est inutile de s’encombrer d’un tel matériel si cela n’est pas nécessaire. La communication peut être perdue, par ailleurs, lorsque l’opérateur manque d’entraînement ou par le brouillage des canaux. Une augmentation de postes de radio ne sera jamais la solution à un manque d’organisation ou d’information ; mais le positionnement et l’utilisation stratégiques du matériel de communication nous permettra toujours d’être plus efficaces. Les rôles des autres personnes dans le GA, en dehors de ceux déjà mentionnés d’infirmier et d’opérateur de radio et/ou de téléphone cellulaire, dépendent du genre et de la fonction du groupe. Les GA doivent en décider eux-mêmes.
Les GA spécialisés comprennent - entre autres - les brigades de ligne de front (défensives), les brigades offensives, les patrouilles de reconnaissance, les brigades anti-propriété, les unités de premiers soins, les brigades de soutien, les groupes d’animation sonore, les brigades de frappes préventives.
Un GA de ligne de front devrait avoir des boucliers et/ou d’autres pièces lourdes d’armure pour être en mesure de former et tenir la ligne de front. Ils pourront demander d’autres porteurs de boucliers à l’intérieur du Bloc en vue de former une solide ligne de défense. Ce GA constituera un point de ralliement pour assurer la position au Bloc. Il ne fera pas partie d’une ligne d’attaque, mais tiendra une position pouvant servir de lieu de repli si l’attaque tourne mal. De plus, ce groupe est bien placé pour surveiller la construction des barricades.
Un GA offensif doit être très mobile et enthousiaste. Les membres de ce type de GA doivent être préparés à la confrontation. Les GA offensifs doivent être également prêts à remplir des besoins tactiques particuliers et si notre présentation de ce groupe s’arrête là, c’est que nous encourageons la créativité.
Un GA de reconnaissance opère à l’extérieur du Bloc, récoltant de l’information. Il reste constamment en communication avec le Bloc principal, le tenant informé des mouvements des forces policières et de leur nombre. Lorsque des faiblesses chez l’adversaire sont détectées, le GA doit en informer le Bloc pour lui signaler les opportunités d’offensive.
Le Bloc devrait avoir son GA d’infirmiers volontaires. Pour une protection idéale, les unités de soins devraient se partager de façon à couvrir tous les côtés de l’ensemble du Bloc. Qu’un Black Bloc ait sa propre unité d’infirmiers volontaires ne signifie pas qu’ils ne porteront secours qu’aux membres du Black Bloc, mais qu’ils se déplaceront avec le Bloc.
Les GA anti-propriété existent également dans notre mouvement. Les rôles joués par ses membres ne doivent pas être dévoilé à ceux qui n’en font pas partie. De même, les informations sur les GA se consacrant à des frappes préventives doivent être tenues secrètes. Toute fuite d’information sur leurs plans ou l’existence même de ces deux groupes ne fera que compromettre leur sécurité.
Il y a aussi plusieurs types de GA de soutien, dont la tâche de l’un d’entre eux consiste à intervenir dans les situations de panique. Il ne devrait pas y avoir plus de quelques GA de ce type pour chaque brigades périphériques (voir plus loin l’utilisation des brigades)
Il peut y avoir également un GA de ravitaillement et de communication responsable de l’apporvisionnement en nourriture et en eau et chargé de distribuer des communiqués aux personnes dans le voisinage et aux manifestants ne faisant pas partie des Black Blocs. L’eau pourra également servir à se nettoyer les yeux au besoin.
Un GA d’animation sonore permet de maintenir l’enthousiasme et la volonté d’agir lorsque la situation l’exige. La musique peut créer des poussées d’énergie et des vagues d’enthousiasme dans le Bloc, tout en envoyant un message de puissance à l’ennemi. La créativité est encouragée dans ce domaine : certains seront stimulés par le son de la cornemuse alors que d’autres seront motivés par des slogans radicaux et entraînants. On devrait continuer à utiliser - et toujours essayer d’améliorer - cette approche humaniste à travers la musique et les slogans. Ceci joue en notre faveur, car le temps n’est sûrement pas venu où l’État utilisera de telles tactiques chargées d’émotions.
Brigades
Un GA doit tenter de faire partie d’une brigade regroupant 5 à 10 GA différents. Chaque Brigade doit avoir son drapeau qui servira de point de ralliement. Ces drapeaux reconnaissables par leurs couleurs ou leurs motifs seront utilisés comme balises. Celles-ci doivent indiquer une position de repli, ou simplement servir de point de repère si quelqu’un s’écarte de son GA. Chaque brigade doit pouvoir fonctionner de façon autonome. Pour être en mesure de le faire, les GA doivent se préoccuper d’entrer en communication entre eux avant leur participation à l’action.
Les brigades se forment naturellement par des relations de confiance entre les individus et les groupes et doivent continuer à le faire ainsi. Cela étant dit, l’assemblée générale du Black Bloc devrait rester un lieu où il est possible d’établir des réseaux ; c’est là qu’on détermine quel genre de GA est nécessaire pour parachever les brigades offensives, défensive et de soutien, de façon à ce qu’elles soient fonctionnelles. Lorsque nécessaire et si elle est en mesure de le faire, une brigade établie à l’avance doit s’adjoindre certains GA spécialisés et incorporer un bon nombre de GA dans ses rangs. Plus les brigades seront équilibrées et autonomes et le mieux ce sera. Plus nombreux seront les GA liés à des brigades fonctionnelles et plus l’action entreprise sera efficace et sécuritaire.
Chaque brigade doit prendre en charge certaines fonctions du Black Bloc considéré dans son ensemble. Les principales options que peuvent choisir les brigades sont les suivantes : 1) Brigades périphériques, 2) Brigades d’appoint, 3) Brigades de réserve (voir plus loin dans la partie intitulée « réserves »). L’organisation de ces brigades et l’attribution de leurs fonctions doivent se faire à l’assemblée générale du Black Bloc, avant la réunion des porte-parole a-tac.
Le Black Bloc comme entité en mouvement doit être délimité par quatre brigades périphériques. L’une à l’avant, l’autre à l’arrière et les deux autres à droite et à gauche. Comme nous l’avons déjà dit, chacune de ces brigades doit arborer un drapeau qui servira de point de ralliement.
Ces brigades périphériques doivent s’assurer de former un périmètre de sécurité couvrant tous les côtés du Bloc. Chacune d’entre elles doit se sentir directement responsable de la position qu’elle occupe (avant, arrière, gauche, droite).
Il est également souhaitable que les membres des différents GA défensifs et offensifs de chaque brigade périphérique travaillent en étroite collaboration lorsque le besoin s’en fait sentir. Par exemple, si le Bloc trouve qu’il est nécessaire de se replier, toutes les personnes qui font partie de la brigade périphérique concernée ainsi que toutes les autres qui disposent d’équipement défensif (comme des boucliers) doivent maintenir leur position à l’arrière et faire face à l’ennemi pour couvrir la retraite contre les balles de plastique, les sacs de pois, etc. De même, durant des manoeuvres offensives, toutes les personnes munies d’équipement offensif devraient se placer à l’avant, ainsi qu’un petit nombre de personnes équipées de boucliers de façon à contrer l’effet des matraques ennemies. Lorsque c’est nécessaire, des renforts apportés par les autres brigades périphériques doivent être prêts à se jeter dans la mêlée. Cependant, cela ne doit être fait qu’en cas d’absolue nécessité car il est souhaitable de maintenir en tout temps un périmètre de sécurité tout autour du Bloc. Tout cela tombe sous le sens, bien sûr.
Les brigades d’appoint devraient prendre position dans les espaces laissés libres par les quatre brigades périphériques. Elles doivent agir de leur propre initiative tout en étant préparées à prêter main-forte aux brigades périphériques si celles-ci sont attaquées. L’une des tâche principale des brigades d’appoint devrait être l’attaque des lignes de défense de l’armée et de la police, quand cela s’avère souhaitable et/ou nécessaire.
Pour atteindre cet objectif, il peut être souhaitable d’appliquer des tactiques déjà utilisées par les Black Bloc allemands (entre autres). Le centre du Bloc peut ainsi être occupé par des formations en lignes droites (de droite à gauche), chaque ligne étant formée par un ou deux GA. Ainsi, des GA composant une brigade d’appoint devraient prendre consciemment position en rangées successives. Cette disposition en lignes renforce la sécurité intérieure et permet par ailleurs au Bloc de mener des offensives répétées et soutenues contre l’ennemi au moment jugé opportun.
Les brigades périphériques doivent accorder une liberté de mouvement aux brigades anti-propriété indépendantes, ou à celles rattachées à une brigade d’appoint, en les laissant sortir du Bloc ou y revenir.
L’organisation ou tout simplement la capacité de lancer de telles manoeuvres devrait souvent venir des n-tacs en collaboration avec les GA, car ce sont les n-tacs qui ont, en général, la meilleure vue d’ensemble du déroulement des opérations et de la situation du Bloc. Ce sont donc des manœuvres tactiques que les n-tacs devraient être prêts à faciliter de manière responsable.
En tout et partout, l’application du modèle des brigades décrit précédemment devrait avoir pour résultat de nous donner une plus grande ouverture tactique que nous n’avions auparavant. De plus, la mise en application de ces capacités tactiques devrait effrayer et démoraliser l’ennemi.
Reconnaissance et communication
Il est nécessaire que le Bloc possède un système sophistiqué de communication et de reconnaissance de combat. La reconnaissance devrait être effectuée par des individus en duo et/ou en groupes d’affinité, à vélo et dotés d’une radio et/ou d’un téléphone cellulaire. Le noyau de facilitation tactique devrait également disposer d’une radio et/ou d’un téléphone cellulaire. Lors de l’action, les équipes de reconnaissance devraient explorer toutes les rues que le Bloc pourrait emprunter et constamment se rapporter au noyau de facilitation tactique. De cette façon, la mobilisation du Bloc pourra être orchestrée par des décisions relativement éclairées et raisonnables.
D’autres éléments de reconnaissance devraient opérer dans des zones d’action qui ne sont pas dans le voisinage immédiat du Bloc, ceci de façon à garder le Bloc informé du déroulement général de la manifestation et à indiquer éventuellement aux membres du n-tac des points chauds où le présence du Bloc est requise.
Les groupes d’affinité individuels qui sont en possession de radios devraient être eux aussi tenus informés du canal sur lequel transiteront les communications de façon à ce que le Bloc dans son ensemble soit tenu informé de la situation générale. De même, les groupes d’affinité qui ne participent pas au Block Bloc mais qui pratiquent la désobéissance civile devraient savoir quel sera le canal radio utilisé et ils devraient connaître les numéros des téléphones cellulaires pour qu’ils puissent appeler le Bloc à la rescousse lorsque c’est nécessaire.
Comme cela fut évoqué plus haut, il est probable que les gens impliqués directement dans les opérations de reconnaissance proviennent de diverses brigades. Cela dit, il est préférable qu’un groupe d’affinité se présente à l’action déjà préparé pour agir en tant que cellule spécialisée pour les opérations de reconnaissance. Il serait souhaitable que ce groupe soit composé de résidants de la ville où se déroule l’action, puisque des individus sont plus efficaces lorsqu’ils patrouillent une zone urbaine qu’ils connaissent déjà. De plus, ceux et celles qui veulent s’occuper des communications doivent savoir se servir des radios. Les codes et les canaux qui seront utilisés ne doivent être discutés qu’avec les membres du Bloc qui ont une radio. On peut appliquer plusieurs tactiques différentes pour les communications. Chaque brigade doit arriver sur les lieux de l’action en ayant déterminé son mode de communication interne.
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MessageSujet: re   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:50

Réserves
Au cours de l’histoire, plusieurs batailles ont été remportées par le déploiement des troupes de réserve utilisées comme force tactique. Cette tactique s’est avérée efficace pour l’armée et la police américaines. L’utilisation de forces de réserve n’est pas une tactique couramment utilisée par le Black Bloc en Amérique du Nord. Il est important que nous envisagions d’utiliser cette tactique pour mieux combattre les fiers-à-bras de l’État.
L’État a toujours eu l’avantage sur nous quand il s’agit d’employer la force brute. Sa capacité à utiliser des forces de réserve en amenant des autobus pleins de troupes fraîches et lourdement équipées constituera toujours une menace pour nous. De notre côté, nous nous battons pendant des heures et des jours avec le même attirail, ne nous accordant aucun moment de répit ou presque. C’est pourquoi il est juste que nous étudions les tactiques employées par les forces de l’État et que nous adoptions celles qui nous paraissent efficaces tout en respectant nos principes anarchistes.
L’utilisation de forces de réserve peut inspirer le Black Bloc pour plusieurs raisons. L’une d’entre elles étant qu’une telle tactique a toujours porté fruit au cours de l’histoire. Essayez de plus d’imaginer l’effet psychologique que l’utilisation de tactiques sophistiquées peut avoir sur les troupes de l’État. Ceci étant dit, il ne faut pas en conclure que des forces de réserve doivent toujours être utilisées lorsqu’un Black Bloc participe à l’action, mais cette possibilité peut toujours être envisagées lors de l’assemblée générale du Bloc. La décision d’utiliser des forces de réserve devrait être prise à l’avance, avant même que l’action ne prenne place.
Quand il y a des forces de réserve, on peut les utiliser lorsque le Bloc est encerclé par la police. Dans ce cas, les brigades de réserve sont appelées pour prendre à revers les positions de la police, provoquant même coup l’encerclement de cette dernière. De plus, les brigades de réserve peuvent être utilisées pour garder une position qui pourra servir de point de repli pour le bloc. Envoyer des petits groupes de réserve peut être la solution idéale pour ajouter des forces pour enfoncer un barrage de police ou s’emparer d’une brigade.
L’armée américaine garde le tiers de ses forces en réserve. C’est la proportion idéale pour une troupe de combat qui veut opérer une percée à un moment crucial d’une bataille. En gardant cela à l’esprit, il serait souhaitable de garder 300 individus en réserve pour un Black Bloc de 1000 individus. De même, pour 2000 individus, il devrait y en avoir environ 600 en réserve. Par contre, on ne devrait pas garder de groupes de réserve pour un Black Bloc de moins de 1000 personnes. Avec un aussi petit nombre, les groupes mis en réserve ne feraient qu’affaiblir le Bloc alors qu’il a besoin de toutes les forces disponibles pour participer à l’action.
Il y a des débats à savoir quel est le meilleur moment pour utiliser des forces de réserve. Sachant cela, il est important d’examiner toutes les options possibles et d’en discuter. Il faut prendre en considération plusieurs facteurs, comme la configuration de la ville (les routes sont-elles larges ou étroites ?), le rapport de force entre le Bloc et la police et le déroulement de l’action (y a-t-il des grandes parties de la ville occupées par des manifestants non-violents ou la police et la garde nationale ont-elles le champ totalement libre ?). Ces questions doivent être débattues lors des assemblées générales du Bloc. La façon de mettre sur pied un groupe de réserve et les moyens de communication à employer devraient être discutés après l’élection de n-tacs à la réunion des porte-parole élus (les a-tacs). Suite à l’élection, ces informations peuvent être précisées à une réunion des n-tacs où seules les personnes directement concernées sont présentes.
Au cours de cette réunion, on devrait décider de l’emplacement des forces de réserves et des procédures de communication par radio et/ou téléphone cellulaire. Cette force de réserve doit maintenir le contact par radion et/ou téléphone cellulaire avec le Bloc en restant en liaison avec les n-tacs. La décision de faire appel aux réserves doit être laissée aux n-tacs. Notez que ceux-ci reçoivent les informations sur l’allure du combat et le besoin de forces de réserve des cellules du Bloc. La décision du n-tac d’appeler des réserves se prend lorsque des groupes à l’intérieur du grand Bloc demandent des renforts. Pouvoir compter sur cet appui est important, considérant les nombreux besoins des membres du Black Bloc participant à l’action.
Le déploiement des réserves (où et combien) doit être laissé à l’initiative des n-tacs. Les détails du déploiement , l’itinéraire à suivre, etc., doivent être laissés aux groupes concernés. Quand il devient important de prendre une décision rapidement, les a-tacs élus des groupes concernés doivent être prêts à faire des suggestions en connaissance de cause (suggestions que les personnes concernées sont libres d’accepter ou de refuser). La position exacte des forces de réserve ne doit pas être connue de tout le Bloc. Les membres du n-tac sont les seuls qui doivent la connaître. On suggère également de décider de cet emplacement à la dernière minute, lorsque les forces de réserve sont prètes à se mettre en place. Cette façon de procéder pourrait permettre d’éviter que l’information vienne aux oreilles de la police par les voies habituelles d’infiltration. Si cette information était connue, elle conduirait presque certainement à des arrestations de groupes isoléés par la police d’État.
Toutes les forces de réserve doivent être divisées en brigades d’environ 50 personnes chacunes et disposées stratégiquement autour de la zone où se déroule l’action. Des brigades de réserve de 50 individus sont souhaitables car ce nombre est assez petit pour préserver une grande mobilité et ne pas trop se faire remarquer (par la police) tout en étant suffisant pour représenter une bonne force de combat. Cette brigade est assez forte pour se frayer un chemin à travers les rangs de la police au besoin (une rangée de 24 de profondeur ou deux rangées de 12 de profondeur chacune), et de se regrouper par la suite au sein du Bloc. Diviser ces forces de réserve en petites unités plus maniables leur permet de répondre rapidement à l’appel. Cette façon de procéder évite l’étape de la division des réserves du Bloc et procure une plus grande sécurité dans l’éventualité où les emplacements occupés sont découverts par les forces de l’ordre (alors qu’il est possible que la position d’une brigade de réserve soit connue, il est peu probable que la police connaisse tous les emplacements).
Comme on l’a mentionné auparavant, il n’est pas nécessaire de rappeler toutes les brigades lorsqu’on a besoin de renfort. La division de ces forces de réserve en plus petites unités permet de faire appel seulement à celles qui sont les plus proches et à celles dont la présence est nécessaire, permettant ainsi une grande rapidité de manoeuvre.
Quand un nombre relativement important de membres des forces de réserve est appelé (trois brigades de 50 personnes, par exemple), elles peuvent converger vers le champ de bataille en provenance d’horizons différents. Cette tactique, quand elle est bien utilisée, peut jeter la confusion chez l’ennemi quant à sa perception de la situation de combat. Il est également possible que cette tactique, bien coordonnée, permette de prendre l’ennemi par le flanc et l’obliger à battre en retraite, voire même le mettre en déroute.
Lorsqu’elles sont inactives, les forces de réserve doivent rester à l’écart pour éviter les attaques éclair, mais sans trop s’éloigner de façon à ce que la police ne puisse pas les isoler avant qu’elles rejoignent le Bloc. Elles peuvent se trouver à une distance de quelques pâtés de maisons, mais de toute façon ceci doit être décidé par les brigades de réserve elles-mêmes, compte tenu des suggestions des n-tacs.
Identifier chaque brigade de réserve par une lettre peut être utile aux n-tacs pour mieux gérer les manœuvres des forces de réserves. Par exemple, les n-tacs savent que la brigade « B » se trouve sur le flanc droit du Bloc. Ces derniers peuvent alors faire appel à cette brigade (simplement en disant « brigade B ») sans avoir à faire de longs discours à la radio et\ou au téléphone cellulaire, donnant ainsi le moins d’information possible susceptible d’être utilisée par les forces de l’ordre. On peut également toujouts craindre la présence d’informateurs parmi nous et le mot « réserve » ne doit jamais être utilisé lorsque l’on communique en public.
Avant de rejoindre le Bloc, ces brigades doivent éviter de se battre, si ce n’est pour se dévendre ou si c’est inévitable. Faire usage de discrétion est vital. Il est souhaitable que les membres des brigades de réserve puissent se métamorphoser rapidement en membres « réguliers » du Bloc. L’accoutrement du Black Bloc doit être porté sous les habits « ordinaires ». Ceci permettra aux membres de la réserve de se fondre dans le Bloc et d’éviter d’être repérés par les hélicoptères de la police et les mouchards de l’État. Quand ils sont appelés en renfort par les n-tacs, les brigades de réserve doivent enlever leurs habits ordinaires pour laisser voir leurs vraies couleurs. Les habits ordinaires peuvent être abandonnés et jetés. Garder des habits de rechange pour plus tard relève d’une décision personnelle. Cependant vous ne devriez apporter avec vous que le strict nécessaire.
Pour que la force de réserve soit efficace, il faut absolument qu’elle puisse se déplacer rapidement. Sans cela, elle pourrait échouer dans sa tentative d’atteindre la scène de l’action et/ou être empêchée de joindre le reste du Bloc au moment où son arrivée pourrait faire basculer le rapport de forces en notre faveur. C’est ainsi que les forces de réserve devraient être organisées à la manière de l’infanterie légère. Elles ne devraient porter qu’un équipement de combat léger et réduit au minimum de manière à ne pas être ralenties. Ceci signifie qu’elles ne devraient pas avoir de sacs à dos, de masques à gaz, de casques, de boucliers, d’armures lourdes (gilets de sauvetage, protecteurs de pectoraux, plastrons de receveur de base-ball, etc.). Elles ne devraient avoir que des foulards imbibés de vinaigre et un minimum d’équipement offensif (aux individus et aux groupes d’affinité de juger de ce qui est nécessaire). Les infirmiers constituent la seule exception à cette règle : ils devraient transporter tout le matériel nécessaire. Pour des raisons évidentes de mobilité, ce serait bien que les membres affectés à la réserve soient équipés de bicyclettes. Celles-ci peuvent servir pour l’attaque et la défense et on doit pouvoir les abandonner. Quand on ne peut avoir des bicyclettes, il est impératif que les membres des GA composant les brigades de réserve soient en bonne condition physique. En effet, ils doivent être capables de courir sur une distance de 2 km puis s’engager dans la bataille. Il faut garder cela à l’esprit lorsque l’on forme les brigades de réserve.
Lorsque ces forces de réserve sauront utiliser correctement leur rapidité et leur force, il est à prévoir qu’elles parviendront à surprendre l’ennemi et à le démoraliser. Le simple fait d’effectuer ces manœuvres relativement sophistiquées devrait mener les troupes ennemies à mettre en doute leur sécurité personnelle et leur apparente supériorité tactique. De tels développements sur la scène de l’affrontement, de tels revirements concrets et psychologiques ne peuvent que produire par eux mêmes un changement du momentum en notre faveur. Bien sûr, ce développement positif ne peut être maintenu et ne le sera que si le Bloc assure rapidement sa cohésion face à une férocité et une brutalité policières croissantes dans le conflit où nous sommes engagés. Mais attention : la férocité et la brutalité policières seront d’autant plus intenses que les forces de l’État auront le sentiment d’être en danger réel en raison même de notre utilisation de tactiques sophistiquées. Chacun doit donc se rappeler que les animaux sont le plus dangereux lorsqu’ils sont acculés dans un coin et qu’ils sentent que leur fin est proche.
Conseils de sécurité supplémentaires : cartes, radios, pièces d’identité, noms, etc.
Bien qu’il soit important que chaque groupe d’affinité (voire chaque individu) possède une carte détaillée de la zone d’opération, il est absolument nécessaire que de telles cartes soient marquées uniquement à l’aide de codes. Lors de l’action R2K à Philadelphie, au moins deux membres du Black Bloc ont été arrêtés lors d’un raid préventif de la police mené environ quarante-cinq minutes après la réunion du Black Bloc (à laquelle ils étaient présents) et une heure et demie avant la manifestation elle-même. Les policiers trouvèrent sur eux des cartes du centre-ville sur lesquelles étaient indiqués au stylo des lieux de replis d’urgence pour le Black Bloc ainsi que des endroits où le Bloc prévoyait concentrer ses actions, marcher pour récupérer du matériel en vue de construire des barricades, etc.
Ces cartes n’étant pas codées, la police a pu obtenir un avantage puisqu’elle connaissait les déplacements prévus par le Bloc avant même qu’ils ne surviennent. Il est impossible de savoir avec exactitude l’impact de cette fuite d’information sur le déroulement des événements des journées d’action (tout comme il est impossible de savoir si la police ne possédait pas déjà ces informations grâce à des informateurs ayant infiltrés la réunion, comme certains l’ont prétendu). Il n’en reste pas moins que cet événement représente une erreur importante en matière de sécurité. Il est donc absolument nécessaire qu’à partir de maintenant toutes les indications sur les cartes soient codées de façon à éviter que ne se reproduise une telle catastrophe.
De plus, toutes les communications radios devraient s’effectuer sur des fréquences décidées à l’avance. En d’autres mots, les fréquences de communication devraient changer continuellement selon des intervalles prévus d’avance de façon à limiter la capacité des forces de l’État d’espionner nos communications. Toute l’information concernant ces fréquences et ces changements de fréquence à intervalles prédéterminés devraient être connue de tous les groupes qui ont un intérêt légitime à vouloir maintenir une communication radio avec nous.
Il devrait également aller de soi que personne ne porte sur soit à aucun moment quelques formes de pièces d’identité que ce soit, y compris son adresse domiciliaire ou son numéro de téléphone. Si vous êtes arrêté en possession de telles informations, cela servira uniquement à vous emmerder.
Enfin, lorsque vous êtes dans la zone de l’action, vous ne devez pas parler de vous même ni de ceux que vous connaissez en utilisant vos vrais noms au complet. Le moins nous rendons public nos identités réelles, le mieux nous nous porterons en ce qui a trait aux actions légales éventuelles et au harcèlement de l’État.
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MessageSujet: re   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:51

Communiqués
Il est important que toutes les actions d’un Black Bloc soient suivies d’un communiqué explicatif qui sera composé, dans la mesure du possible, par un large comité représentatif composé de volontaires des divers groupes d’affinité. Ce communiqué devrait parler des actions en expliquant pourquoi elles ont eu lieu, pourquoi des tactiques et des modes de combat spécifiques ont été développés, et en quoi cette lutte particulière est liée à la marche du mouvement anarchiste dans son ensemble vers un monde libre et créateur.
Pour organiser ceci, une réunion suivant l’action devrait se tenir dans un lieu sécuritaire. Le lieu et le moment d’une telle réunion devraient être prévus avant l’action lors de la réunion des officiers élus-porte-parole (après que toutes les autres questions aient été débattues) ou encore lors de l’assemblée générale de tout le Black Bloc (une fois encore après que toutes les questions aient été débattues).
De tels communiqués sont importants pour atteindre le grand public mais aussi pour contrer la tentative de diabolisation de nos actions de la part de la presse capitaliste (et bien souvent aussi de la part de la presse social-démocrate et communiste orthodoxe).
Il est également important de prévoir, en plus de ce communiqué émis après l’action, un communiqué rédigé au préalable et distribué durant l’action. Là encore, on devrait préciser la raison pour laquelle nous prenons les (nos) rues et il faudrait indiquer les problèmes sociaux globaux qui nous poussent à agir ainsi. La responsabilité de la production et de la distribution de ce communiqué devrait être prise en charge par les différents groupes d’affinité. De même, les GA et/ou le personnel de soutien devraient prendre la responsabilité de distribuer ces communiqués au public et aux médias indépendants de gauche durant l’action. Tous ces communiqués devraient être signés du nom du groupe d’affinité ou de l’individu qui en est l’auteur de façon à souligner leur responsabilité. Toute déclaration anonyme devrait être considérée comme émanant de l’État dans le but de nous discréditer.
Principes anarchistes de commandement tactique
L’idée de mettre sur piedunechaîne de commandement démocratique ne vise pas à diminuer la spontanéité du Bloc, mais simplement à en accroître la mobilité générale et la capacité de combat lorsque la situation l’exige.
Les fonctions principales du noyau de facilitation tactique (n-tac) consisteront uniquement à guider le mouvement du Bloc et à appeler les forces de réserve à se déployer. En ce qui concerne la première fonction, elle devrait limiter les débats qui entraînent despertesdetemps regrettables lorsqu’il s’agit de décider à chaque intersection de la direction à prendre. Nous nous porterons d’autant mieux que nous parviendrons à éviter toute hésitation qui nous fait perdre un temps précieux et qui risque de mettre tout le Bloc en danger d’être encerclé et immobilisé par la police. Considérant la supériorité des forces de l’État en terme d’armement, être immobilisé signifie être vaincu. C’est ce qui est survenu le lundi lors de la manifestation du 16 avril (Washington, D.C.), lorsque la queue du Bloc, alors plus ou moins dissoute dans une masse de manifestants qui n’étaient pas du Bloc, a été coupée du corps du Bloc par la police et arrêtée.
Quant à la fonction relative au déploiement des troupes de réserve, elle peut faire la différence entre une victoire immédiate ou une défaite. Il est donc important que cette fonction soit attribuée au noyau élu de facilitation tactique pour se prémunir contre des agents provocateurs qui pourraient manipuler les forces de réserve, mais aussi pour éviter de perdre du temps en débats tactiques rendus inutiles par le choc d’un conflit direct.
Le modèle d’organisation proposé ici devrait permettre à un Black Bloc relativement petit (sans réserve) d’environ deux cents participants d’être deux fois plus efficace qu’il ne le serait considérant nos capacités actuelles. De même, un Bloc plus important d’environ 700 participants, disposant d’une force de réserve de 300 individus, verra sa capacité tactique accrue de façon importante.
Entraînement physique entre les actions
Il est de la plus haute importance que nous augmentions nos capacités physiques entre les actions grâce à des entraînements réguliers, des exercices de musculation et d’autodéfense. Pour l’instant, le Black Bloc est particulièrement faible à ces différents niveaux. C’est problématique au point où des individus musclés sont parfois soupçonnés d’être des agents infiltrateurs de la police. En fait, puisque nous serons amenés à nous défendre contre les forces de l’État, nous devrions prendre notre conditionnement physique à tout le moins aussi au sérieux que notre ennemi, et encore plus sérieusement que lui si possible. Les forces réactionnaires de la police et de l’armée sont conscientes de l’importance de la force physique pour leur propre efficacité. Nous devrions l’être tout autant.
Actions préventives
Les forces de l’État sont bien connues pour mener des actions préventives contre des manifestants avant leurs actions. Ils nous infiltrent régulièrement et procèdent à des arrestations avant même que les manifestations et les actions de désobéissance civiles ne débutent [9]. Les jours de manifestation, leur mobilisation tactique commence bien avant le lever du soleil. De façon à contrer cet avantage, des groupes restreints de participants aux actions du Black Bloc devraient lancer des actions indépendamment, l’action la plus efficace étant le sabotage d’équipement de la police - ou de la Garde nationale si nécessaire. Si l’un des principaux avantages des forces de l’État réside dans leur mobilité mécanisée, nous devrions conséquemment frapper leurs moyens de transport par des actions clandestines.
De telles actions devraient être coordonnées volontairement par des groupes d’affinité séparés. Ces groupes devraient être en petit nombre par rapport à l’ensemble du Bloc, et ne devraient pas prendre part aux actions du Bloc dans les événements des jours suivants. De plus, l’identité et l’objectif de ces groupes devraient rester absolument secrets pour le Bloc dans son ensemble. Il ne peut y avoir de chaîne de commandement entre ces groupes et le reste du Bloc. Ils doivent agir totalement seuls, de façon volontaire, et selon des modèles d’organisation qu’ils choisiront en autant qu’ils respectent les principes anarchistes.
Une telle action clandestine, effectuée de façon efficace, a la possibilité de perturber considérablement les capacités de l’ennemi et peut donc donner un avantage appréciable au Black Bloc.
Préparations en vue d’une intensification de la répression de l’État
Plus notre mouvement sera fort, plus grands seront les risques que l’État criminalise l’anarchisme en général et le Black Bloc en particulier. En ce moment même, nous devons prendre pour acquis que le FBI a déjà constitué des dossiers pour nombre d’entre nous. Nous devons également prendre pour acquis que plusieurs de nos organisations et collectifs anarchistes locaux sont déjà sous surveillance et que des infiltrateurs travaillent présentement à s’immiscer dans nos rangs. Dans certains cas, nous n’avons aucun doute qu’ils y sont déjà parvenus [10].
De plus, nous devons nous attendre à une réaction de plus en plus violente de l’État à notre égard au fur et à mesure que notre mouvement passera à des étapes plus sérieuses. C’est ce qui est arrivé très clairement vers la fin des années 1960 et nous devons bien comprendre que c’est ce qui arrivera à nouveau. Cette tendance se manifeste déjà clairement. Le tir sur trois manifestants à Göteborg et le meurtre de Carlo à Gênes en constituent des preuves irréfutables.
En tant que révolutionnaires dévoués et dotés d’un sens pratique, nous devons nous préparer à toutes ces éventualités. Ceci n’est pas un jeu. Nous devons donc former des réseaux clandestins qui devraient nous permettre de continuer à exister en tant que force de combat clandestine lorsque les circonstances l’exigeront. Une telle force clandestine doit disposer, entre autres, d’identités d’emprunt, de lieux de retraite de confiance, d’amis placés dans des positions stratégiques, d’accès à du matériel de première nécessité (ex. nourriture, médicaments, etc.). Enfin, cette force doit savoir comment continuer nos activités militantes de façon clandestine.
La réalité est simple : nous devrons être prêts à faire face au défi de l’État par d’autres moyens militants, concrets mais cette fois clandestins lorsque nos actions que nous menons au grand jour s’attireront pour seule réponse les coups de fusil de la police, la mise en détention massive et à long terme de nos militants, ou encore lorsque nos actions ne seront rien de plus qu’une comédie socialement acceptable intégrée au spectacle universel.
De plus, il doit être bien compris que le temps manque pour organiser les ressources nécessaires lorsque surgissent des situations de crise extrême du type de celle qui nous forcerait à passer dans la clandestinité. De même, il sera impensable d’organiser une force de combat populaire d’envergure lorsque surviendra le grand effondrement du système dominant présent. Nous devons donc nous préparer maintenant pour ce que nous reconnaissons comme une conséquence inéluctable de nos actions révolutionnaires. Alors, nous devrons attaquer la tête du Leviathan et nous l’attaquerons à partir de l’ombre, puis à nouveau au grand jour et face-à-face : la révolution sociale est la seule conséquence possible.
Ici, nous aimerions vous rappeler que les armes à feu sont encore légales - c’est du moins ce que dit les textes de loi - et qu’il est facile de s’en procurer aux États-Unis.
Le développement de notre compréhension sociale et politique
Entre deux actions, nous devons pratiquer une autodiscipline en ce qui a trait à nos études soutenues des idées sociales et politiques, tant d’un point de vue pratique que théorique. Le mouvement anarchiste est poussé par « l’instinct de se rebeller », comme le disait Bakounine, mais également par l’émergence consciente d’un peuple révolutionnaire. Les individus qui forment le Black Bloc devraient être des exemples non pas seulement du courage anarchiste dans la lutte, mais aussi de l’éveil de la conscience anarchiste. Nous devrions étudier l’histoire de la Commune de Paris, de l’Ukraine révolutionnaire, de Cronsdat, de l’Espagne ainsi que de la révolte de mai 1968 à Paris. De plus, nous devrions lire les écrits de Bakounine, Kropotkine, Makhno, Emma Goldman, Meltzer, Guy Debord et Bookchin, pour n’en nommer que quelques-uns.
Bref, nous devons élargir nos connaissances de façon à transcender complètement l’endoctrinement oppressif que l’État perpétue à notre endroit depuis le jour de notre naissance. Nous devons exercer notre capacité à comprendre, de manière à développer notre conscience créatrice. Enfin, nous devons tendre à développer plus à fond une théorie anarchiste qui soit directement utile pour analyser et réagir aux modalités du néocapitalisme contemporain, c’est-à-dire la marchandisation radicale et le consommateurisme.
Conclusion
En conclusion, ce communiqué est proposé avec l’intention d’encourager le développement constructif de nos capacités révolutionnaires. Il n’est pas pensé comme une règle à suivre mais bien plutôt comme une proposition qui devrait faciliter un dialogue positif à l’intérieur du mouvement. Ceci dit, nous espérons qu’au moins quelques suggestions présentées seront sérieusement discutées puis adoptées par nos camarades anarchistes du Black Bloc.
Nous vous encourageons à reproduire et à distribuer ce communiqué, en autant que vous ne le faites pas dans le but d’en tirer un profit capitaliste.
En toute solidarité,

LADY, AUGUST SPIES, MUFFIN D’ANTI-RACIST ACTION ET DAVID O, (O VAN), X, NATASHA DU COLLECTIF ANARCHISTE DE GREEN MOUTAIN.
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MessageSujet: re   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:51

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appel pour un black bloc au sommet des amériques
Lors d’une réunion du G20 à Montréal à l’automne 2000, quelques centaines de citoyens se réunissent dans le centre-ville pour dénoncer la mondialisation capitaliste. Un petit Black Bloc intervient alors de façon un peu malhabile : ses membres lancent en direction des policiers des projectiles dont certains tombent sur d’autres manifestants... Le Black Bloc se dissout aussitôt, laissant des manifestants seuls aux prises avec les policiers qui chargent alors à cheval...
Le Black Bloc avait auparavant distribué un appel à former des Black Blocs lors du Sommet des Amériques, qui se tiendra à Québec en avril 2001, et où 34 chefs d’État des Amériques (le Cubain Fidel Castro étant le seul exclu) devaient discuter à huis clos d’une éventuelle zone de libre-échange économique. Cet appel, qui sera également diffusé sur Internet, est révélateur à plus d’un égard. Premièrement, il montre bien qu’il n’y a pas un Black Bloc, mais plusieurs Black Blocs qui se forment à l’occasion d’événements spécifiques et qui restent tous indépendants les uns des autres. Deuxièmement, ce texte au style brouillon met en relief le jugement que les membres de ce Black Bloc portent sur le monde économique et politique qui les entoure. Le ton, très critique, dépeint un monde où la lutte est la seule issue. Au Sommet de Québec, en avril 2001, il y aura effectivement des Black Blocs, mais aussi une grande diversité de groupes d’affinité qui s’en prendront au périmètre de sécurité, aux policiers et à quelques succursalles de banque.
(FDD)
APPEL POUR UN BLACK BLOC POUR LE SOMMET DES AMERIQUES [11]
Les grands de ce monde ont encore décidé de se partager les richesses, notre travail et d’imposer des nouvelles conditions de vie, celles-ci encore plus minables qu’elles ne l’étaient. Les coupures dans les programmes sociaux des dernières années n’étaient que la pointe de l’iceberg ; l’ouverture des marchés sera la seconde phase de ce qui se nomme aujourd’hui néolibéralisme, de ce qu’on appelle quelques fois mondialisation.
L’appel du Black Bloc est un appel à la résistance, à la révolte. Tenons-nous debout face à la menace capitaliste. Agissons, répliquons. Le temps où nous subissions sans pouvoir agir est révolu. Le Sommet des Amériques voudra vendre au plus offrant la population entière d’un continent, la solder à rabais pour les capitalistes de ce monde. Nous serons là, dans la rue, à nous battre pour ce que nous considérons comme nos droits. Nous sommes le Black Bloc, nous serons le Black Bloc à Québec.
Contre le fonctionnement autoritaire et élitiste des Sommets bourgeois, nous sommes la base qui résiste. Formons nos groupes d’affinité, préparons-nous, il n’y a pas une minute à perdre. Résister, c’est exister de nouveau, ailleurs, dans une nouvelle vie, celle que nous avons choisie de créer, pas celle imposée par d’autres, par le haut, par les exploiteurs et les affameurs de ce monde.
L’Amérique est grande, diversifiée, pleine de belles choses et de gens. Le capitalisme veut en faire un vulgaire terrain de chasse au profit, à l’argent. Partout, au Nord comme au Sud, nous savons que mondialisation rime avec destruction. Qu’il s’installe dans notre voisinage une nouvelle usine, et voilà qu’apparaît la pollution, que toute la région devient dépendante de cette grande entreprise, du capitalisme triomphant, d’une seule personne : le patron. Il y a des milliers d’exemples de destruction d’une économie locale, lorsque les grandes corporations viennent s’y installer ; c’est ce qu’on appelle le néolibéralisme.
Mais nous ne voulons pas revenir en arrière. Il est trop tard. La vieille économie, locale et marchande, n’est pas meilleure que la nouvelle économie mondialisée ; elle est simplement d’une autre échelle. Ce qui diffère, c’est que le capitalisme des années 2000 n’est plus réformable. Le retour à l’État providence est impossible. Nous n’avons que deux choix : l’accepter et se résigner, ou le combattre, d’une lutte acharnée mais qui ne pourra qu’être victorieuse si seulement elle s’étend dans la population.
Pour y arriver, nous jouons un rôle important. En tant que Black Bloc, nous incarnons une présence révolutionnaire, nous présentons une alternative pour lutter. L’exemple répété de la résistance et du combat ne peut être que bénéfique. Nous montrons ainsi qu’il n’est pas impossible de vouloir autre chose et que le capitalisme n’est pas éternel, pas plus que l’État ou le patriarcat, que nous combattons de toutes parts.
Voilà pourquoi nous nous organisons aujourd’hui. Nous avons décidé d’appeler à la formation d’un Black Bloc lors de la conférence qui signera [12] les accords de la ZLÉA, accords que nous savons être néfastes. La conférence des Amériques de Québec 2001 sera notre prochain terrain de lutte. Nous nous plaçons dans la même perspective que certaines actions récentes telles que Seattle, Washington, Prague - pour n’en nommer que quelques-unes. Nous ne nous considérons pas comme les dirigeants du mouvement, nous ne faisons que vous proposer de vous organiser aussi. Il ne tient qu’à chacun et chacune de nous de se regrouper de façon autonome, affinitaire, tout en restant unis sur le terrain. C’est l’essence même du Black Bloc.

Formons nos groupes d’affinité.
Oui à l’organisation autonome.
Formons nos Black-Blocs.




NOTES :

[1] Source : www.angelfire.com.

[2] SOURCE : DAVID & X (DU GREEN MOUNTAIN ANARCHIST COLLECTIVE) (DIRS.), THE BLACK BLOCS PAPERS, BALTIMORE, BLACK CLOVER PRESS, 2002 (CONTACT : GREENCOLLECTIVE@CHEK.COM). TRADUCTION DE FRANCIS DUPUIS-DERI ET THOMAS DERI. CE TEXTE EST LIBRE DE DROITS.

[3] La première version date de décembre 2000. Elle est signée par le Collectif Anarchiste de Green Mountain, David O. (O Van), X, J.M, Natasha « quelque part dans les Green Mountains ». Elle circulait sous forme de brochure, sans mention d’éditeur. On pouvait notamment l’obtenir en septembre 2001 chez Bound Together Bookstore-An Anarchist Collective : 1369 Haight, San Francisco).

[4] ARA : Anti-Racist Action ; G-MAC : Green Mountains Anarchist Collective (note de FDD).

[5] Le texte est écrit en décembre 2000 (note de FDD).

[6] Le 16 avril 2000, manifestation à Washington D.C. contre le Fonds monétaire international et la Banque mondiale (note de FDD).

[7] Manifestations de Gênes contre le G8 en juillet 2002.

[8] Manifestations à Québec contre le Sommet des Amériques en avril 2001.

[9] Dans le cas du Sommet de Québec en avril 2001, le groupe Germinal avait été infiltré plusieurs mois à l’avance par deux agents de la Gendarmerie royale du Canada et des membres du groupes en route pour Québec en provenance de Montréal ont été arrêtés au volant de leur voiture deux jour avant le début du Sommet. Les agents provocateurs avaient fournis aux militants du matériel de l’armée canadienne - grenades à concussion et grenades fumigènes - que les policiers saisirent dans la voiture appréhendée (note de FDD).

[10] Au Canada, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) et l’unité de surveillance de l’armée gardent à l’œil les organisations associées de près ou de loin au mouvement d’opposition à la mondialisation du libéralisme. La GRC a ainsi mis sur pied en mai 2001 un Programme d’ordre public qui a pour fonction d’échanger des renseignements avec d’autres corps policiers (et de tester des armes « nonmortelles », tel le poivre de Cayenne, les gaz lacrymogènes, les balles de plastique, etc.). Parmi les groupes sous observation, on retrouve : Amnistie Internationale, Greenpeace, l’Église anglicane et les Raging Grannies, une chorale de vieilles dames qui se joignent aux manifestations pour scander des chansons dénonçant les injustices sociales (Le Devoir, 20 et 21 août 2001). On ne s’étonnera donc pas si d’éventuels participants aux Black Blocs soient sous surveillance... D’ailleurs, lors du procès des membres du groupe Germinal épinglés avant le Sommet de Québec en avril 2001, le procureur de la Couronne a fait témoigner deux agents de la GRC qui avaient infiltré le groupe. En Europe, au début de 2002, le groupe de travail « terrorisme » du Conseil de l’union européenne a associé au « terrorisme » certains actes commis lors des manifestations d’opposition à la mondialisation du libéralisme, sous prétexte qu’elles « terrorisent » la population (no. doc. 5712/1/02-Enfopol 18) (note de FDD).

[11] SOURCE : AGENCE ELECTRONIQUE D’INFORMATION ANARCHISTE A-INFOS : WWW.AINFOS.CA (29 OCTOBRE 2000). CE TEXTE EST LIBRE DE DROITS.

[12] Il s’agissait plutôt de négociations en vue d’une signature en 2005 (note de FDD).
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MessageSujet: back-blok   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:52

Chercheur post-doctoral en science politique au MIT, Francis Dupuis-Déri vient de publier Les Black Blocs - Quand la liberté et l’égalité se manifestent. Véritable réplique à tous ceux qui ne voient dans le Black Bloc qu’un « groupuscule de jeunes voyous », ce livre dresse un portrait de la pensée politique des Black Blocs. Entretien avec un observateur de la frange radicale du mouvement antimondialisation.


Quartier Libre : Comment vous est venue l’idée d’écrire sur les Black Blocs ?

Francis Dupuis-Déri : Ce qui m’intéressait le plus dans le projet était d’essayer de démystifier le discours que l’on entendait tout le temps par rapport à ces groupes-là, qui était un discours discréditant mur à mur. Il suffisait de lire un ou deux des manifestes des Black Blocs, même en n’étant pas d’accord avec ce qu’ils disent, pour réaliser qu’ils ont une réflexion politique, tant par rapport à leur choix tactique que par rapport à leur mode d’organisation ou à leur analyse de la mondialisation capitaliste ou du système politique. Comme j’avais rarement vu une telle unanimité pour discréditer un groupe, pour le ridiculiser et pour dire qu’il était non politique, je me suis dit que ce livre pourrait clarifier un petit peu les enjeux, tant pour le public en général que pour le mouvement antimondialisation, qui ne connait pas nécessairement mieux les Black Blocs.

Q.L. : Qu’est-ce qui identifie les militants des Blacks Blocs, mis à part le fait qu’ils aillent à un rassemblement ?

F.D.D. : Ce qui me semble clair, c’est que le Black Bloc est quelque chose qui n’existe qu’à l’intérieur d’une manifestation. À l’extérieur d’une manifestation, avant ou après, il n’existe plus. D’un point de vue purement technique, ce sont les gens habillés en noir, masqués de noir, et éventuellement avec des drapeaux noirs - parce que ce sont des anarchistes - qui se retrouvent en contingent. Bien sûr, ils ont pu se rencontrer avant ou non et ils ont pu se préparer à des actions directes, ce qui est une chose pouvant les caractériser. Cependant, ce n’est pas parce qu’il y a un Black Bloc dans une manifestation qu’il va nécessairement y avoir une action directe. Ce sont eux qui décident et ils le font entre eux, sans chef. Ils sont responsables de leurs actions.

Q.L. : D’où provient le mouvement des Black Blocs ?

F.D.D. : Originalement, le terme « Black Bloc » vient de la police allemande. Le Black Bloc, plus qu’une organisation, est vraiment une tactique. Le Black Bloc vient des squatteurs en Allemagne qui, au début des années 1980, se faisaient expulser de leur squat. D’une certaine manière, ce sont eux qui ont inventé cette façon d’agir en manif. Puis, vers le début des années 1990, le mouvement arrive en Amérique du Nord. Un de premiers Black Blocs à propos duquel on a un peu d’informations a eu lieu pendant la première guerre du Golfe dans des manifestations pacifistes, où un Black Bloc est passé à l’action. Évidemment, après ça il va y avoir des Blacks Blocs à d’autres occasions. Mais évidemment, là où les Blacks Blocs deviennent célèbres, c’est à Seattle.

Q.L. : Est-ce que prendre part à un Black Bloc équivaut à dire qu’il n’y a plus d’autre moyen que la violence pour changer le système ?

F.D.D. : Dans les Blacks Blocs, c’est certain qu’il y des gens qui sont super critiques face aux moyens non violents et qui disent : « Les non-violents, les réformistes, ce sont des vendus, des lâches ! ». La plupart des gens que j’ai pu interviewer ou que j’ai vus qui sont dans les Blacks Blocs sont cependant pour la diversité des tactiques. Je trouve que c’est une originalité du mouvement, la diversité des tactiques, qui est évidemment en accord avec leur principes libertaires : liberté, égalité, non-hiérarchie. Ils acceptent que chacun ait une capacité politique, un jugement suffisant pour prendre ses actions lui-même et décider quel genre d’action il considère mener à tel moment. La diversité des tactiques implique aussi d’accepter que dans une manifestation, dans un mouvement, il va y avoir des gens qui, pour d’autres raisons, d’autres sensibilités, vont adopter d’autres tactiques.

Q.L. : Qu’est-ce qui explique que cette diversité des tactiques ne soit pas acceptée par les mouvements sociaux « officiels », qui luttent pourtant pour la même chose qu’eux ?

F.D.D. : Il est certain qu’il peut y avoir des raisons morales. Il peut y avoir des gens qui sont moralement contre la violence, alors c’est normal qu’ils condamnent les Black Blocs et leurs alliés. Mais souvent les porte-parole disent : « Ce n’est pas une question de morale, c’est une question de politique. Il faut les dénoncer parce qu’ils nuisent au mouvement. » Beaucoup de ces groupes dépendent de subventions de l’État. Par exemple, le Sommet des peuples, à Québec, était financé par le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec. Lorsque ton argent provient en grande partie de l’État, c’est sûr que s’il y a des gens dans ton mouvement qui posent des gestes illégaux, en tant que porte-parole dont le salaire est financé en partie par l’État, tu as tout avantage à te dissocier d’eux. Je pense que d’une certaine façon, c’est une erreur stratégique. Je pense que les porte-parole des mouvements sociaux pourraient employer un autre type de discours et dire : « Regardez, il y a des gens qui font partie du mouvement et qui sont fichtrement en colère et qui, pour vous, l’État, posent un problème de légalité, de sécurité, etc. Vous avez donc d’autant plus avantage à négocier rapidement avec nous. » C’est une approche machiavélique que pourraient utiliser les réformistes. Ce qu’ils font plutôt est de se dissocier de ces gens, de dire qu’ils ne font pas partie du mouvement, que ce sont pas des gens qui ont une réflexion politique, que ce ne sont que de jeunes voyous.

Q.L. : On entend souvent dire que ces groupes sont infiltrés par la police ou par des agitateurs qui ne servent qu’à justifier la répression policière. Est-ce qu’on a des preuves de ça ?

F.D.D. : Spécifiquement au Québec, il y a deux choses. Premièrement, il y a le groupe Germinal [arrêté avant le Sommet de Québec], qui montre que la police a infiltré des groupes d’affinités, puisque les deux infiltrateurs de la GRC sont allés témoigner au procès. Germinal n’était pas spécifiquement un Black Bloc, mais c’était dans le même esprit. Il y a aussi les gens qui ont organisé, plusieurs mois d’avance, le Black Bloc du Sommet de Québec, qui ont été soit infiltrés, soit espionnés, car il y a eu une descente et ils se sont fait saisir du matériel à la veille du Sommet. Ceci dit, l’avantage avec ces groupes-là est que comme ils ne sont pas hiérarchiques, comme ce sont les gens entre eux qui prennent les décisions, on peut difficilement les décapiter. Par exemple, à Québec, les policiers avaient arrêté Jaggi Singh en pensant qu’ils avaient arrêté le chef, ce qui montre vraiment qu’ils ne comprennent pas comment ça fonctionne.

Q.L. : Est-ce qu’on pourrait qualifier les Black Blocs de guérillas urbaines modernes ?

F.D.D. : Je suis sûr que certains dans le Black Bloc penseraient comme ça, mais la plus grande distinction est que les gens du Black Bloc et leurs alliés n’ont tué personne. On n’a jamais entendu dire qu’ils avaient des armes à feu, des grenades ou autres. Ce n’est pas encore rendu à ce que j’appellerais de la guérilla urbaine et, pour l’instant, ça n’a pas l’air de vouloir le devenir.

Q.L. : Les Black Blocs, semblent très pragmatiques en affirmant qu’ils savent que la révolution n’est pas pour demain. Que pensez-vous de leur vision en la matière ?

F.D.D. : Si ces gens étaient dans les années 1960 ou au début des années 1970, ils écriraient régulièrement dans leurs manifestes qu’il faut faire la révolution. Éventuellement, certains d’entre eux se retrouveraient dans les groupes terroristes des années 1970 : Brigades rouges en Italie, Bande à Baader en Allemagne, actions directes en France, FLQ ici. C’est le même genre de sensibilité, sauf que la différence entre ces deux générations est que la génération actuelle a une réflexion historique. Même si chez certaines personnes on peut retrouver un esprit révolutionnaire, la plupart d’entre elles sont conscientes que le contexte n’est pas révolutionnaire, que la révolution n’est pas pour demain, et ne vont donc pas faire la révolution. À ce niveau, elles ont une maturité et un niveau de réflexion qui est peut-être plus réaliste que celui de la génération qui les a précédées, qui pensait faire la révolution en 1968 et dans les années qui ont suivi. Ça nous donne l’espoir que ces gens ne prennent pas la voie terroriste, car la voie terroriste dans les années 1960-70 se basait sur l’idée que la révolution était à portée de la main et qu’il ne fallait que lui donner un petit coup de pouce. Pour ce que j’en vois, ils sont assez réalistes et ils savent que ce n’est pas ça qui s’en vient. Pour l’instant, ce qu’ils font est de mettre en forme une critique par leurs actions ou leur présence dans les manifs.

Q.L. : Est-ce que la démocratie directe utilisée par les Black Blocs est vouée à être utilisée par d’autres types d’organisations ou est-ce un modèle de prise de décision qui ne peut fonctionner que dans des groupes restreints ?

F.D.D. : Par définition, c’est spécifique à des unités plutôt réduites, mais ça pourrait être diffusé en ayant plusieurs petites unités sur un large territoire. Il peut y avoir plusieurs lieux où ça fonctionne comme ça. Par exemple, une assemblée départementale de professeurs fonctionne sur le mode de la démocratie directe. On n’a pas besoin de révolutionner la société au complet et d’abattre l’État pour se retrouver dans des organisations qui fonctionnent sur ce modèle-là, il suffit de les mettre sur pied. Comme on n’est pas dans une situation révolutionnaire et que, d’après moi, on ne le sera pas avant un bon bout de temps, si des gens veulent fonctionner de façon plus directe, c’est à eux de s’investir, de s’engager ou de mettre sur pied des groupes qui fonctionnent comme ça.

Propos recueillis par Frédéric LEGENDRE
09.04.03
http://www.ql.umontreal.ca/volume10/numero15/interviewe.html
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MessageSujet: re   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:53

Les Black Blocs
II - LES BLACK BLOCS EN DEBAT



SACCAGER OU CONSTRUIRE UN MOUVEMENT

Les Black Blocs et leurs alliés se sont attirés des attaques souvent virulentes de toutes les parties du spectre politique. Plusieurs condamnent les Black Blocs sans pitié, jugeant leurs actions criminelles, amorales ou totalement inefficaces. Le texte repris ici, signé par Michael Albert, critique les Black Blocs de façon nuancée. Il encourage les militants à réfléchir aux leçons de l’histoire du mouvement de contestation de la fin des années 1960. Michael Albert est lui-même un militant influent de la gauche américaine depuis les années 1960, alors qu’il luttait contre la guerre du Vietnam. Il anime notamment l’important site Internet Zmag (www.zmag.org). Il a développé une proposition d’économie d’inspiration libertaire, connue sous le nom d’économie participative (Écopar) [1].
Albert considère les Black Blocs avec sympathie, mais il ne peut s’empêcher d’être critique de leurs actions. Son texte, écrit après Seattle, reste encore aujourd’hui l’une des prises de position critique la plus sérieuse à l’égard du Black Bloc. Sans nier que la violence des Black Blocs soit infiniment moins destructrice que celle du capitalisme, et sans nier qu’il puisse parfois être nécessaire d’avoir recours à la force pour contester l’ordre établi, Albert n’en critique pas moins les Black Blocs pour avoir manqué de jugement à Seattle : leur saccage a sali l’image du mouvement et en a détourné certains citoyens qui étaient peut être prets à s’y joindre. Comme Susan George d’ATTAC, Michael Albert reproche aussi aux Black Blocs d’agir en marge du mouvement et de détourner le message des manifestations par leurs actions violentes. Du coup, les Black Blocs seraient antidémocrates car insensibles aux voeux de la majorité des manifestants [2].
Ce texte - qui doit être lu en parallèle au Communiqué du collectif-ACMÉ - est emblématique des critiques adressées du côté de la gauche modérée aux radicaux des Black Blocs et permet de se faire une bonne idée des débats entourant ce phénomène. Il est intéressant de noter que certains reproches lancés par Albert, concernant, par exemple, le manque de solidarité des Black Blocs avec les autres manifestants, ne pourraient s’appliquer aux manifestations de Washington D.C. ou de Québec, là où précisément les Black Blocs se portèrent à la défense des autres manifestants.
(FDD)
SACCAGER OU CONSTRUIRE UN MOUVEMENT [3]
Voici une contribution au débat post-Seattle qui laisse plusieurs personnes perplexes au sujet des tactiques d’un mouvement social ou politique. En guise d’entrée en matière, il va de soit, je l’espère, qu’en ce qui a trait à la violence, tout le monde s’entend pour dire que la faction violente à Seattle était composée d’abord et avant tout par le Président des États-Unis, son entourage, les autres chefs d’État, les dirigeants de l’OMC, etc. La violence déclenchée par un trait de plume qui provoque la pauvreté surpasse toujours largement celle de la brique lancée dans une vitrine - sans compter que la première entraîne et maintient l’injustice alors que la seconde la combat. De fait, dans un vaste débat public, en ce qui concerne la morale et les faits statistiques, il ressort que la seule violence physique dans les rues de Seattle, mis à part la couverture des médias de masse, était celle perpétrée par la police et la garde nationale et ordonnée par l’État. Sur une échelle de mesure de la violence, le niveau de violence des saccages de vitrines sera toujours largement dépassé par le niveau de violence du poivre de Cayenne, des balles de caoutchouc et des matraques ciblant les citoyens qui voulaient se dissocier des infâmes ordres du jour économiques. Mais l’écart est beaucoup moins marqué sur une échelle de mesure des motivations. Le débat public au sujet des tactiques du mouvement prendra une ampleur démesurée en raison de la désinformation des médias de masse manipulateurs. La question des tactiques à adopter telle qu’elle se pose au sein des mouvements sociaux et politiques retient cependant l’attention en raison de ses implications éventuelles sur les attitudes des militants envers le vandalisme, l’attaque contre la propriété, la désobéissance civile et d’autres tactiques possibles lors de manifestations aussi bien que la participation même à des manifestations. Cela étant dit...
Toute discussion valable au sujet des tactiques à adopter par un mouvement doit porter sur leur efficacité en termes d’élargissement du mouvement et sur leur capacité à permettre de remporter des gains à court terme tout en posant des jalons pour atteindre des objectifs à plus long terme. Évaluer des tactiques consiste à juger de leur capacité à faire prendre de l’ampleur au mouvement ou à le faire décliner et à augmenter ou à diminuer la possibilité d’atteindre immédiatement certains buts.
J’ai déjà participé à des manifestations dans lesquelles le recours au vandalisme découlait naturellement de la logique et des buts de la manifestation elle-même - par exemple, les attaques préparées à l’avance contre les bureaux de recrutement ou les bâtiments du ROTC [4]. J’ai aussi participé à des manifestations où le vandalisme était contre-productif et irresponsable - par exemple, parce qu’il mettait en danger des innocents et parce qu’il atténuait le message et l’esprit de solidarité que voulait véhiculer la manifestation. Qu’en était-il à Seattle ?
Seattle fut la scène d’une très grande manifestation et ceux qui avaient travaillé sans relâche à l’organiser étaient partisans de défilés et de rassemblements légaux ainsi que d’actes de désobéissance civile illégaux mais non-violents. Plus de 70000 personnes prirent part à cette manifestation. Le succès des premiers jours fut extraordinaire et des liens de respect mutuel se tissèrent dans un ensemble de groupes généralement fragmentés (les Tortues et les Teamsters, les Lesbian Avengers et les Travailleurs de l’acier). L’idée que la désobéissance civile irait en grandissant réjouissait les esprits et l’optimisme était contagieux. Il y avait de plus en plus de participants à la manifestation et à la surprise générale, la réunion officielle de l’OMC était déjà sérieusement compromise. La police commença à utiliser des gaz lacrymogènes, des matraques et des balles de caoutchouc. C’est à ce moment que les vandales très bien organisés commencèrent à saccager des vitrines. Après coup, ils se vantèrent qu’aucun d’entre eux n’avait été arrêté ou blessé grâce à leur mobilité et à leur organisation.
Je ne me souviens que trop bien de certaines manifestations des années 1960 au cours desquelles des dissidents surexcités injurièrent et provoquèrent la police puis s’éclipsèrent, laissant les autres manifestants, souvent des familles nullement préparées, faire les frais de la répression policière. J’ai toujours été beaucoup plus impressionné par le courage de ceux qui pouvaient facilement prévoir ce qui allait se passer et qui, au lieu de se défiler, utilisèrent leurs talents pour protéger les manifestants moins bien préparés, que par l’instinct de préservation de ceux qui entraînaient la répression puis quittaient la scène. Au cours des années 1960, cette dernière attitude de la part des vandales était le résultat d’un ensemble d’attentes et d’espoirs erronés. Je suppose qu’il en est de même aujourd’hui.
Imaginons qu’à Seattle, les différents groupes qui apportèrent leur énergie, leurs chants, leur créativité et leur militantisme lors des rassemblements, tout spécialement en participant à la désobéissance civile, ne saccagèrent pas des vitrines pour couronner le tout, mais qu’ils restèrent avec les autres pour les protéger, portant secours aux blessés et à ceux qui souffraient d’émanations de gaz [5]. Ceci aurait couronné leur participation à la manifestation, sinon plutôt positive, par un comportement exemplaire en faveur de leurs camarades, au lieu de ces attaques de vitrines contre-productives. L’anarchisme associé à cette action aurait alors évoqué un militantisme créatif teinté d’humanisme et de solidarité, au diapason avec l’ensemble de l’implication anarchiste dans les manifestations de Seattle.
Est-ce que ceci veut cependant dire qu’il n’y a jamais place pour la confrontation et la destruction de la propriété ? Bien sûr que non, du moins pas de mon point de vue. Ce genre de comportement est approprié en temps et lieux, c’est-à-dire quand il est approuvé par la majorité et qu’il augmente la puissance de la protestation plutôt que de servir de prétexte pour s’en désolidariser ou pour devenir hostile à la manifestation. Jusqu’au moment où le vandalisme débuta, les anarchistes à Seattle apportèrent de l’énergie, de la créativité, de l’art, de la musique et un militantisme souvent nécessaire, du courage et de la détermination à plusieurs lieux de rassemblement. Ils relevèrent le moral des manifestants et jouèrent un rôle très positif en accord avec la ligne de conduite définie par les organisateurs de la manifestation. Le problème ne survint qu’au moment où quelques-uns d’entre eux commencèrent à saccager des vitrines, transgressant ainsi les normes de la manifestation. Et il y a lieu de noter que ce n’est pas seulement le vandalisme qui peut être ou non justifié. Il en va de même de la désobéissance civile, parfois tout aussi malvenue. Elle aussi peut ne pas respecter l’esprit de ceux qui ont organisé une manifestation, de telle sorte que s’engager spontanément dans la désobéissance civile viole la logique de l’événement et contredit ce qui avait été annoncé, ce qui a pour effet de miner la solidarité plutôt que de l’encourager et d’effaroucher les gens qui développaient une attitude de dissident. En d’autres occasions, cependant, la désobéissance civile est nécessaire et elle est même un gage de succès, comme à Seattle, par exemple. Dans le même ordre d’idées, une simple marche de protestation peut parfois être risquée, alors qu’il s’agit de la tactique idéale à adopter dans d’autres cas.
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MessageSujet: re   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:54

En d’autres termes, c’est rarement une question de principes stricts que de savoir quelles tactiques sont justifiées ou non au cours d’une manifestation et vont aider ou non un mouvement à grandir et à se renforcer plutôt que de nuire au mouvement ainsi qu’à sa cause. Tout cela dépend presque toujours de la façon dont la manifestation en question a été organisée et annoncée, qui y participe, quels sont les espoirs et les craintes qui y sont associés, quelles sont les possibilités d’avoir une influence sur les changements sociaux et comment la manifestation et les tactiques employées peuvent être perçues et exercer un effet sur les citoyens qui ne sont pas impliqués. Malheureusement, à partir du moment où des militants adoptent une attitude de vandales, ils ne tiennent pas compte de tous ces facteurs. Vandaliser est bien, pensent-ils tout à leur exubérance, puisque les cibles sont après tout des corporations criminelles.
Leur causer des dommages serait donc un pas vers leur démystification et leur destruction. N’importe qui s’opposant à de telles actions ne peut être qu’un allié des corporations, clament-ils. L’esprit militant ne doit plus chercher à départager la conséquence de diverses tactiques, mais seulement identifier les cibles à attaquer. Or l’acmé [6] de la sagesse ne consiste pas à déduire que McDonald’s et Nike constituent de meilleures cibles que les passants ou une épicerie familiale. En ce qui concerne Seattle, et en dépit d’autres contributions infiniment valables à la manifestation, le nombre relativement minuscule de participants qui sont parvenus à imposer leurs tactiques à une démonstration de masse ont agit de façon antidémocratique. Cela ne devrait pas se reproduire.
Avant même que le saccage ne se produise, les actions de Seattle avaient déjà complètement coupé l’élan de l’OMC. Elles avaient déjà mis en évidence l’esprit créatif des militants, leur sens de l’organisation et leur connaissance. Elles avaient déjà permis de créer des liens et de nouvelles alliances entre différents groupes. Elles avaient déjà réussi à combiner plusieurs types de tactiques créatrices et militantes en un mélange de support mutuel. Les discours aux rassemblements avaient déjà, à plusieurs reprises, démontré les liens évidents entre l’opposition au libre-échange et l’opposition aux libres marchés ainsi qu’entre l’opposition au profit à l’opposition au capitalisme en soi. La table était mise pour que chacun se mette à la tache que nous devons accomplir. Le vandalisme qui vint s’ajouter à tout cela n’a eu aucun effet positif. Il n’a pas permis d’obtenir plus de visibilité utile. Il n’a pas élargi le nombre de personnes participant à la manifestation ni des sympathisants à sa cause. Il n’a pas permis de diffuser plus d’information substentielle ni au centre ni à gauche. Il n’a pas respecté la vaste démocratie. Ce qu’il a fait, par contre, c’est de (a) détourner l’attention des problèmes fondamentaux ; de (b) servir de prétexte à la répression qui autrement aurait été perçue comme frappant une opposition légitime ; et (c) peut-être plus important encore, provoqué le sentiment que la dissidence n’est pas constituée d’acteurs se respectant mutuellement, mais plutôt d’acteurs - ou à tout le moins quelques uns - peu sympathiques et s’arrogeant le droit de violer antidémocratiquement les intentions et les choix de la majorité.
Comprenons-nous bien au risque de nous répéter encore une fois : il ne s’agit pas de décider si le saccage en soit est bon ou mauvais. Supposons que les saccageurs, au lieu de briser des vitrines, aient provoqué un esprit de corps et protégé des individus en aidant les manifestants victimes des assauts de la police. Supposons que des centaines et des milliers d’étudiants et de travailleurs de plus aient rejoint les rangs de la désobéissance civile. Supposons que l’État ait utilisé des gaz lacrymogènes et des charges de policiers à répétition pour annihiler ces efforts. Et supposons, dans ce contexte, qu’une bonne partie des habitants de Seattle et de l’« auditoire » du pays se soient sentis solidaires des manifestants qui enfreignent la loi. Maintenant imaginons, toujours dans ce contexte, que la police charge et que les manifestants, au lieu de fuir, décident de défendre leurs positions. Encore mieux, supposons qu’ils décident qu’il était temps de repousser les policiers. Imaginons que cela ait entraîné des batailles, que des voitures soient renversées, que des barrières soient dressées, etc. Les dommages à la propriété, dans ce genre de mêlées, dépasseraient largement ceux commis à Seattle et les manifestants se seraient sans doute attaqué à d’autres cibles que les entreprises, causant même des dommages à la propriété d’innocents. On peut dire que tout cela n’apporterait rien de bon, mais je dirai que cela produirait une réaction complètement différente et procéderait d’une autre logique que le saccage commis à Seattle. Au lieu de le diminuer, cela augmenterait le nombre de mouvements et de groupes qui s’impliqueraient dans la contestation. Par conséquent il y a un jugement de valeur à faire lorsqu’on décide d’adopter une tactique en particulier.
Une tactique est parfois sage, d’autres fois la même tactique est inappropriée. Ce qui était mauvais en ce qui concerne les militants qui ont eu délibérément recours au vandalisme à Seattle était que (1) en dépit de leurs contributions valables et constructives à la manifestation, leur recours au vandalisme constituait une grave erreur de jugement. De plus, (2) ils ont cru de façon égocentrique que leur seul jugement suffisait à justifier leur transgression scpectaculaire des normes acceptées par les dizaines de milliers d’autres manifestants.
Saccager des vitrines ne suffit pas pour changer la société. Il s’agit plutôt de s’engager dans un processus qui consiste à éveiller les consciences et à former des mouvements pour ensuite obtenir, au profit des différents groupes, des gains qui permettront à leur tour de créer des conditions favorables pour d’autres victoires qui mèneront à des changements permanents des institutions en place. Cultiver la confiance et la solidarité d’un mouvement d’ensemble - et pas uniquement d’un petit groupe d’affinité, mais bien d’un vaste mouvement d’ensemble - est une partie importante de ce programme. La cohérence, la confiance et la solidarité ne sont pas renforcées quand de petits groupes vont à l’encontre du programme d’immense manifestation de façon antidémocratique pour suivre leurs inclinaisons personnelles, même quand ils invoquent des raisons qui semblent valables pour agir de la sorte, ce qui n’est pas le cas en ce qui concerne Seattle.
Le fait que les entreprises soient si méprisables que les attaquer soit justifié si cela a des effets positifs ne veut pas dire que les attaquer soit justifié si cela a des effets néfastes. Quand j’étais étudiant au collège et que je militais contre la guerre du Vietnam, je prononçais de longues conférences devant de vastes auditoires très animés puis je répondais aux questions. C’était une époque agitée et l’on me demandait souvent, par exemple : « Est-ce que vous brûleriez la bibliothèque de l’école si cela pouvait mettre fin à la guerre ? » Ma réponse était toujours à peu près la même : « Bien sûr, sans hésitation. Quel être, même totalement amoral, ne brûlerait pas une bibliothèque si cela pouvait sauver la vie d’un million d’êtres humains ? Mais il n’y a absolument aucun rapport entre l’action de brûler une bibliothèque et celle d’aider les victimes de l’impérialisme américain en Indochine, de même qu’il n’y a aucun rapport entre brûler une bibliothèque et modifier la trame sociale de façon à ce que les États-Unis ne s’engagent plus dans de telles actions. Pire encore, une telle action produirait exactement l’effet contraire et serait bénéfique à ceux qui se livrent à ces odieux bombardements. Pouvons-nous maintenant laisser les faux-semblants de côté et revenir à des questions plus sérieuses et nous demander, par exemple, comme faire comprendre à de nouveaux électeurs les méfaits de la guerre et comment constituer un mouvement de résistance sérieuse et soutenue ? ».
En ce temps-là, c’était souvent des esprits très brillants et très structurés qui se laissaient entraîner dans des groupes du genre de Weatherman [7]. Ce qui était remarquable, c’est que ces mêmes personnes prenaient beaucoup de précautions et agissaient avec prudence dans plusieurs domaines mais invoquaient des professions de foi étranges et alambiquées pour justifier leur choix de mode de vie et de « militantisme ». J’espère sincèrement que nous n’aurons pas à être témoin et à subir une répétition de telles scènes. Les événements de Seattle eurent un retentissement considérable en montrant clairement à des dizaines de millions de personnes qu’il existait une vaste opposition et en faisant prendre conscience aux gens aux États-Unis et dans le monde du rôle joué par l’OMC et en conséquence qu’il était important qu’on s’y arrête et qu’on y réfléchisse. Ils ont permis également de poser les bases pour de futures actions militantes efficaces menées par de nombreux et puissants groupes ayant la volonté de se respecter mutuellement, de former des alliances et de poursuivre ensemble de multiples objectifs et d’adopter des approches tactiques diversifiées. Tout cela fut réalisé non pas grâce au vandalisme, mais en dépit de lui.
Quelques-uns des arguments avancés par les défenseurs du vandalisme me font penser à l’un de mes amis, très brillant et très convaincant, qui vint se faufiler chez moi une nuit de 1969, vers deux heures du matin, avec trois ou quatre autres camarades. Il me dit : « Nous sommes le Viêt-cong, nous avons besoin d’une place pour la nuit... la révolution est imminente, nous sommes l’armée clandestine. Ne t’en fait pas, retourne te coucher. Réveille-toi dans un monde nouveau. » Ils avaient pour excuse à leur délire qu’ils n’avaient pas à leur actif seulement une manifestation : ils étaient au contraire plongés dans le militantisme à plein temps depuis des années. Leur entourage était presque exclusivement formé de leurs amis engagés dans le mouvement Weatherman et ils s’étaient bâti un monde artificiel reposant sur des espoirs, de la rage, du désir, de la paranoïa, des souhaits et des rationalisations abstraites tellement détachées de la réalité qu’ils en devenaient complètement incapables d’être des agents de changement positif de la société tant qu’ils étaient dans cet état d’esprit. C’était dans bien des cas les esprits les plus brillants et les meilleurs cœurs de ma génération.
Ceux qui lisent cet essai ou d’autres à propos de Seattle ou encore qui y étaient et qui resentent de la colère à l’égard des militants qui se sont livrés au vandalisme doivent donc faire bien attention : ne soyez pas impitoyables et ne commettez pas l’erreur simpliste de croire que les vandales étaient par essence des individus apolitiques, sans idéaux, insensibles, indifférents ou, pire encore, des agents de police. La vie n’est pas si simple. Ceux avec qui vous n’êtes pas d’accord ne sont pas toujours des êtres répugnants. Dans la très grande majorité des cas, il s’agit de gens qui participent au mouvement et même des meilleurs parmi ceux qui y participent. Pour tous ceux qui encouragèrent le vandalisme ou y prirent part, il ne sert absolument à rien de discréditer ceux qui n’y participèrent pas, et vice versa. Il existe un malentendu des deux côtés, mais la distance à franchir pour atteindre l’unité et pour progresser est moindre que l’écart qui séparait les « tortues » et les Teamsters avant Seattle. Nous devrions tous êtres capables de combler ce fossé et de nous mettre d’accord sur les raisons et les motifs qui nous poussent à choisir une tactique - sans pour cela être toujours d’accord, bien sûr, sur le choix et les jugements portés sur chacune des tactiques en particulier - et spécialement de respecter les choix collectifs au cours des manifestations. Cela étant fait, nous pouvons aller à Philadelphie, New York, San Francisco, Chicago, Denver, Miami, Los Angeles, Boston, Cleveland, Atlanta, Minneapolis, Détroit,... en étant unis et sans avoir peur les uns des autres.
J’espère que ceux qui ont pris part au vandalisme ne verront pas dans cet essai une façon de dénigrer leurs aspirations et leurs potentialités. Je souhaite plutôt que vous considériez sérieusement qu’avec les meilleures intentions du monde, vous ne faîtes peut être que répéter par erreur un acte de l’histoire du mouvement des années 1960 - l’acte le plus triste et le moins utile - et qu’en réagissant, vous évitiez les tentations et la confusion qui ont ensorcelé plusieurs des meilleurs éléments de ma génération.



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MessageSujet: re   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:54

COMMUNIQUE DU BLACK BLOC DU 30 NOVEMBRE
PAR LE COLLECTIF ACME

Pour plusieurs, la « Bataille de Seattle » marque à la fois la naissance du mouvement « antimondialisation » et des « Black Blocs ». Le 30 novembre 1999, des dizaines de milliers de citoyens vont manifester et parvenir à perturber le protocole officiel d’une importante rencontre de l’Organisation mondiale du commerce. Les policiers interviennent de façon particulièrement brutale alors que des citoyens forment des Black Blocs et s’en prennent à des commerces et à des banques. Les images de policiers en tenue antiémeute, lourdement armés, ainsi que celles de citoyens masqués, vêtus de noir et brandissant des drapeaux noirs, vont faire le tour du monde et susciter de vifs débats.
Le Collectif ACMÉ, un groupe d’affinité ayant participé aux Black Blocs de Seattle, a rédigé et diffusé via Internet un communiqué par lequel il explique les motivations du groupe. Le Collectif ACMÉ répond à plusieurs critiques, contre-vérités et mensonges émis par les détracteurs des Black Blocs suite à la Bataille de Seattle. Ce texte est en quelque sorte le premier écrit majeur rédigé par et pour les Black Blocs.
Le Collectif ACMÉ critique les manifestants « non-violents » pour leur hypocrisie. Il rappelle que la plupart des membres du Black Bloc connaissaient non seulement les enjeux économiques, politiques et culturels liés à la mondialisation capitaliste mais qu’ils ont aussi participé à l’organisation des manifestations. Il réplique également à l’accusation régulièrement adressée à des Black Blocs selon laquelle leurs membres viendraient d’« ailleurs ». À Seattle, on leur reprochait d’être des résidants d’Eugène, une petite ville de l’Orégon... À Gênes, on dira qu’il y avait finalement bien peu d’Italiens parmi les Black Blocs... Curieux argument, qui fonde la légitimité d’une manifestation sur l’enracinement des participants à un territoire précis. Le Collectif ACMÉ précise que ses membres venaient d’un peu partout, dont Seattle.
Le groupe justifie enfin la destruction de la propriété privée : « Nous prétendons que la destruction de la propriété n’est pas une action violente à moins qu’elle détruise des vies ou provoque des souffrances. D’après cette définition, la propriété privée - particulièrement celle des entreprises multinationales privées - est en elle-même infiniment plus violente que n’importe quelle action menée contre elle. » Le Collectif ACMÉ saura s’attirer la sympathie de certains anarchistes, dont ceux de la Fédération des communistes libertaires du Nord-est Américain (NEFAC) qui diffusera une « Déclaration de solidarité avec le “Black bloc anarchiste” de Seattle », dans lequel sont cités de longs extraits de la critique violence qu’exerce la propriété privée et le capitalisme [8].
(FDD)


COMMUNIQUE DU BLACK BLOC DU 30 NOVEMBRE
PAR LE COLLECTIF ACME [9]

Un communiqué en provenance d’une des sections du Black Bloc du 30 novembre à Seattle

Le 30 novembre 1999, des groupes d’individus formés en Black Blocs ont attaqué plusieurs grandes compagnies qu’ils avaient pris pour cibles dans le centre-ville de Seattle. On retrouvait parmi celles-ci (pour n’en nommer que quelques unes) : Fidelity Investment (actionnaire majoritaire d’Occidental Petroleum, le fléau de la tribu U’wa en Colombie) ; Bank of America, US Bankcorp, Key Bank et Washington Mutual Bank (institutions financières qui jouent un rôle clé dans l’accroissement de la répression organisée par les grandes compagnies) : Old Navy, Banana Republic et GAP (entreprises de la famille Fisher, qui ont saccagé les forêts du Nord-Ouest des États-Unis et réduit en esclavage les travailleurs des usines à sueur) ; Nike Town et Levi’s (dont les produits trop chers sont fabriqués dans les usines à sueur) ; McDonald’s (colporteur esclavagiste de fast-food et responsable de massacres d’animaux et de la destruction des forêts tropicales transformées en pâturage) ; Starbucks (colporteur d’une drogue récoltée à des salaires de famine par des fermiers obligés au cours du processus de détruire leurs propres forêts) ; Warner Bros (cartel de média) et Planet Hollywood (parce que c’est Planet Hollywood).
Cette activité dura plus de cinq heures et consista à défoncer des devantures et à casser des portes et des vitrines. Des frondes, des distributeurs de journaux, des marteaux, des pinces-monseigneur et des pieds-de-biche furent utilisés de façon stratégique pour accéder aux biens des entreprises multinationales (l’un des trois Starbucks et Nike Town furent pillés) et pour les détruire. Des œufs remplis de solution de gravure à l’eau-forte, des ampoules de peinture et des canettes de peinture en aérosol furent aussi utilisés.
Le Black Bloc était un rassemblement librement organisé de groupes d’affinité et d’individus. Ils se répandirent dans le centre-ville commercial, attirés par des boutiques mal protégées aux enseignes symboliques et poussés par la vue des policiers en formation. Contrairement à la grande majorité des manifestants arrosés de poivre de Cayenne, de gaz lacrymogène et atteints par des balles de caoutchouc à plusieurs reprises, la plupart des membres de notre section du Black Bloc ne subirent pas de blessures sérieuses parce qu’ils évitaient d’affronter la police et se déplaçaient constamment. Notre esprit de corps et de solidarité était impressionnant : nous sommes restés entre nous, en rangs serrés et en surveillant mutuellement nos arrières. Ceux qui étaient attaqués par les bandits fédéraux étaient libérés par des membres du Black Bloc qui réagirent rapidement et de façon organisée.


La police de la paix

Malheureusement, la présence et l’entêtement de la « police de la paix » étaient très dérangeants. À pas moins de six occasions, de soi-disant militants « non-violents » ont attaqué des individus qui s’en prenaient à la propriété des entreprises multinationales. Quelques-uns de ces militants soi-disant non-violents allèrent même jusqu’à se tenir devant le supermarché Nike Town pour le protéger contre le Black Bloc qu’ils repoussèrent. De fait, ces soi-disant « gardiens de la paix » représentèrent une menace bien plus grande pour les membres du Black Bloc que les « gardiens de la paix » en uniforme accrédités par l’État et notoirement violents (des policiers en civil se sont même servis de la couverture des militants policiers de la paix pour prendre en embuscade ceux qui voulaient pratiquer la destruction de la propriété des multinationales).
Riposte au Black Bloc
La riposte au Black Bloc a mis en lumière les luttes intestines au sein de la communauté des « militants non-violents » ainsi que certaines de leurs contradictions. Premièrement, notons l’hypocrisie de ces militants « non-violents » qui s’en sont pris violemment aux manifestants masqués et vêtus de noir (plusieurs s’étant faits harcelés même s’ils n’avaient pas touché à la propriété des entreprises). Notons, de plus, le racisme de ces militants privilégiés qui peuvent se permettre d’ignorer la violence que subit, au nom des droits de la propriété privée, la nature et la plus grande partie de la société. Plusieurs des membres les plus opprimés de la communauté de Seattle se sont mobilisés parce qu’ils ont été inspirés par les saccages de vitrines, résultat qui n’aurait pu être obtenu aussi facilement par le défilé de n’importe quels costumes de tortues de mer ou de marionnettes géantes (sans vouloir minimiser l’effet de ce genre d’actions dans d’autres communautés).
Dix mythes à propos du Black Bloc
Voici quelques réflexions qui permettront de dissiper les mythes à propos du Black Bloc du 30 novembre.
1. « C’est une bande d’anarchistes de la petite ville d’Eugène [10] ». Bien que quelques-uns peuvent être des anarchistes d’Eugène, nous sommes venus d’un peu partout aux États-Unis, y compris de Seattle. De toute façon, la plupart d’entre nous sommes parfaitement au courant des enjeux locaux de Seattle (par exemple, l’occupation récente du centre-ville par quelques-unes des multinationales les plus infâmes).
2. « Ce sont tous des disciples de John Zerzan ». Un ramassis de rumeurs a circulé selon lesquelles nous étions des disciples de John Zerzan, un auteur anarchoprimitiviste qui prêche la destruction de la propriété. Bien que quelques-uns d’entre nous peuvent apprécier ses écrits et ses analyses, il n’est en aucune manière notre chef ni directement, ni indirectement, ni philosophiquement, ni autrement.
3. « Le squat public est le quartier général des anarchistes qui ont détruit des propriétés le 30 novembre ». En fait, la plupart des squatters de la « zone autonome » sont des résidants de Seattle qui ont passé presque tout leur temps dans le squat depuis son ouverture le 28 novembre. Bien qu’ils puissent se connaître, les deux groupes ne se recoupent pas et on ne peut certainement pas dire que le squat est le quartier général de ceux qui ont détruit la propriété des entreprises.
4. « Ils ont envenimé la situation le 30 novembre et ils ont provoqué l’utilisation des gaz lacrymogènes sur des manifestants passifs et non-violents ». Pour répondre à cette accusation, il suffit de noter que l’utilisation de gaz lacrymogènes et de poivre de Cayenne et les tirs de balles de caoutchouc contre les manifestants ont débuté (à notre connaissance) avant même que les Black Blocs commencent à détruire la propriété. De plus, il faut éviter d’établir une relation de cause à effet entre la répression policière et quelque mode de protestation que ce soit, qu’elle soit accompagnée ou non de destruction de la propriété. La police est chargée de protéger les intérêts de la clique des riches et on ne peut imputer la violence à ceux et celles qui protestent contre ces privilégiés et leurs intérêts.
5. La critique inverse : « Ils ont réagi à la répression de la police ». Bien que cela représente une image un peu plus positive du Black Bloc, elle n’en est pas moins fausse. Nous refusons d’être faussement représentés comme une force purement réactionnaire. Bien que certains puissent ne pas saisir la logique du Black Bloc, il s’agit dans tous les cas d’une logique proactive.
6. « C’est une bande de garçons adolescents en colère ». Cette affirmation est totalement fausse, sans compter qu’elle révèle une inquiétante propension à discriminer selon le sexe et l’âge. La destruction de la propriété n’est pas le fait de machos bourrés de testostérone qui se défoulent et qui incitent à la violence. Ce n’est pas non plus le résultat d’une colère déplacée et réactionnaire. Il s’agit plutôt d’une action directe qui prend pour cible les intérêts des grandes corporations de façon spécifique et stratégique.
7. « Ils veulent seulement se battre ». Cette affirmation est totalement absurde, mais permet de passer sous silence l’âpreté avec laquelle les « gardiens de la paix » nous combattent. De tous les groupes engagés dans l’action directe, le Black Bloc est probablement celui qui avait le moins intérêt à se battre avec les autorités et nous n’avions certainement aucun intérêt à nous battre avec les autres manifestants anti-OMC (malgré de profonds désaccords au sujet des tactiques).
8. « C’est une bande d’émeutiers chaotiques, désorganisés et opportunistes ». Bien que plusieurs d’entre nous puissions passer des jours à discuter au sujet du sens à donner à l’adjectif « chaotique », nous n’étions certainement pas désorganisés. L’organisation était peut-être fluide et dynamique, mais elle était serrée. En ce qui concerne l’épithète « opportuniste », il faut se demander qui, parmi les milliers de personnes présentes à Seattle, ne voulaient pas profiter de l’opportunité offerte pour faire avancer leur cause. La question se pose alors à savoir si nous avons ou non contribué à créer cette opportunité et la plupart d’entre nous y ont très certainement contribué (ce qui nous amène au prochain mythe).
9. « Ils ne connaissent pas les véritables enjeux » ou « ce ne sont pas des militants qui ont travaillé à cela ». Bien que nous pouvons ne pas être des militants professionnels, nous avons tous travaillé en vue de cette convergence à Seattle pendant plusieurs mois. Certains d’entre nous ont travaillé dans leur ville et d’autres se sont rendus à Seattle plusieurs mois à l’avance. Nous avons certainement été responsables de la venue de plusieurs centaines de manifestants qui descendirent dans les rues le 30 novembre, et seulement une très petite minorité d’entre eux avait un lien quelconque avec le Black Bloc. La plupart d’entre nous ont étudié les effets de l’économie globale, de la manipulation génétique, de l’extraction des ressources naturelles, des politiques de transport, des pratiques du travail, de l’élimination de l’autonomie des autochtones, des droits des animaux et des droits de la personne, et nous avons milité dans ces domaines depuis plusieurs années. Nous ne sommes ni mal informés, ni inexpérimentés.
10. « Les anarchistes masqués entretiennent le secret et sont antidémocratiques parce qu’ils veulent cacher leur identité ». Abordons cette question de face (avec ou sans masque) : nous ne vivons pas présentement en démocratie. Nous tenons à vous rappeler, au cas où les événements de cette semaine n’ont pas suffi à vous ouvrir les yeux, que nous vivons dans un État policier. Les gens nous disent que si nous étions persuadés d’avoir raison, nous ne nous cacherions pas derrière un foulard ou une cagoule. On prétend que « la vérité finira par triompher ». Bien que cela constitue un but fort louable, cela ne colle pas du tout à la réalité présente.
Ceux qui représentent le plus grand danger pour les intérêts du Capital et de l’État seront persécutés. Quelques pacifistes souhaiteraient que nous acceptions ces persécutions allègrement. Nous ne sommes pas si moroses. D’autres nous disent que c’est un sacrifice qui en vaut la peine. La persécution est pour nous notre lot quotidien et inévitable et nous chérissons les quelques libertés dont nous disposons : nous ne croyons pas que nous avons le privilège d’accepter la persécution comme un sacrifice. Accepter l’emprisonnement comme une forme de gloire trahit une mentalité de privilégiés du « premier monde ». Nous croyons que l’attaque de la propriété privée est nécessaire si nous voulons rebâtir un monde utile, salubre et agréable à vivre pour tout un chacun. Et ceci en dépit du fait que l’attaque à la propriété privée se traduit dans ce pays par des charges criminelles pour toute destruction de propriété de plus de 250$.
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MessageSujet: re   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:55

Les motivations du Black Bloc
Puisque nos masques ne peuvent être transparents, le but premier de ce communiqué est de rendre les motivations du Black Bloc plus transparentes et de percer l’aura de mystère qui l’entoure.
À propos de la violence contre la propriété
Nous prétendons que la destruction de la propriété n’est pas une action violente à moins qu’elle ne détruise des vies ou provoque des souffrances. D’après cette définition, la propriété privée - particulièrement celle des entreprises multinationales privées - est en elle-même infiniment plus violente que n’importe quelle action menée contre elle. On doit distinguer entre propriété privée et propriété personnelle. Cette dernière est fondée sur l’utilité alors que la première s’appuie sur le commerce. La prémisse de la propriété personnelle implique que chacun d’entre nous possède ce dont il ou elle a besoin. La prémisse de la propriété privée implique que chacun d’entre nous a quelque chose dont quelqu’un d’autre a besoin ou veut avoir. Dans une société fondée sur les droits de la propriété privée, ceux qui sont en mesure de posséder de plus en plus ce dont les autres ont besoin ou veulent avoir exercent un plus grand pouvoir et donc un plus grand contrôle - généralement pour accroître leurs profits - sur ce que les autres pensent désirer ou avoir besoin. Les partisans du « libre échange » souhaitent pousser cette doctrine jusqu’à sa conclusion logique : un réseau de quelques industries monopolistiques qui exerceraient un contrôle absolu sur la vie de tous. Les partisans de l’« échange équitable » voudraient voir ce processus atténué par des règlements gouvernementaux votés pour imposer quelques standards humanitaires. En tant qu’anarchistes, nous condamnons les deux attitudes. La propriété privée - et par extension le capitalisme - est violente et répressive en soi et ne peut être réformée ou atténuée. Personne ne peut être aussi libre ou aussi puissant qu’il le serait dans une société sans hiérarchie tant que le pouvoir est concentré entre les mains de quelques dirigeants d’entreprises ou détourné vers un appareil régulateur destiné à atténuer les désastres créés par ces derniers.
Quand nous brisons une vitrine, notre but est de détruire le mince vernis de légitimité dont se parent les droits de la propriété privée. En même temps, nous exorcisons ce réseau de relations sociales violentes et destructrices qui s’incarne presque partout autour de nous. En « détruisant » la propriété privée, nous convertissons sa valeur d’échange limitée en une valeur d’utilité accrue. Une vitrine de magasin devient un passage qui laisse pénétrer un peu d’air frais dans l’atmosphère oppressante d’un commerce (au moins jusqu’à ce que la police décide de gazer aux lacrymogènes une barricade voisine). Une boîte distributrice de journaux devient un outil pour libérer ce genre de passage ou constituer une petite barricade pour revendiquer un espace public ou encore pour donner l’avantage du terrain lorsque l’on se tient dessus. Une grosse poubelle sur roulettes peut servir de source de chaleur et de lumière ou encore d’obstacle à une émeute de policiers [11] en phalange. La façade d’un édifice devient un tableau d’affichage pour inscrire les idées brassées pour un monde meilleur.
Après le 30 novembre, beaucoup de gens ne regarderont plus jamais la vitrine d’un magasin ou un marteau de la même façon. On a multiplié par mille les utilisations potentielles de l’espace urbain. Le nombre de vitrines brisées n’est rien en comparaison des tabous renversés - tabous créés par l’hégémonie des corporations et destinés à maintenir nos œillères pour nous dissimuler à la fois tout le potentiel d’une société débarrassée d’elles ainsi que les violences commises au nom des droits de la propriété privée. Les vitrines cassées peuvent être placardées (en gaspillant un peu plus nos forêts) et remplacées éventuellement. Mais avec un peu de chance, ce renversement des tabous se poursuivra encore longtemps.
Contre le Capital et l’État,
LE COLLECTIF ACMÉ

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pourquoi étions-nous à gênes ?
En juillet 2001, l’assassinat du manifestant Carlo Giuliani par un policier qu’il menaçait en brandissant un extincteur a malheureusement contribué à la notoriété des manifestations contre le G8. Giuliani n’est pas la première victime des manifestations contre la mondialisation du capitalisme. Quelques semaines auparavant, les policiers avaient tiré à Göteborg des balles réelles sur la foule, blessant trois manifestant, dont l’un très griévement. Dans les pays en voie de développement industriel, plus de dix manifestants dénonçant le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont été tués par des policiers ou des militaires en 2000 et 76 en 2001 [12]. La mort de Giuliani, par sa visibilité médiatique sur le front occidental, créa toutefois une véritable onde de choc. Plusieurs se sont identifiés à la victime. Cela a provoqué des commentaires acerbes chez certains sympathisants des Black Blocs. Le Collectif de réflexion sur l’air des lampions note ainsi que « l’attitude des représentants de la gauche institutionnelle à propos de la violence n’est pas aussi claire qu’ils voudraient bien nous le faire croire. Ils savent faire montre, à certains moments-clés, d’une ambivalence toute teintée d’opportunisme. [...] Ils traitent les Black Blocs et les autres militants radicaux comme des lâches et des voyous irresponsables dont le but est de transformer les manifestations en émeutes. Mais dès qu’un de ces militants radicaux et anonymes est tué, son meurtre fait l’objet d’une récupération cynique : ce militant devient l’indispensable martyr de la brutalité policière et l’on explique son recours aux actions violentes en invoquant la misère sociale [13] ». Par une sorte d’ironie du sort, Giuliani ne faisait pas partie des Black Blocs, pourtant identifiés depuis plusieurs années déjà comme les plus violents du mouvement. Ceci dit, des Black Blocs étaient présents à Gênes. Des participants d’un groupe d’affinité ont rédigé un communiqué diffusé sur Internet. Si ce texte reprend plusieurs éléments de l’argumentaire que l’on retrouvait dans les communiqués précédents émanant des Black Blocs, il se distingue toutefois par l’importance qu’il accorde au problème du patriarcat. Il souligne à deux reprises la distance que ceux et celles qui l’ont rédigé entendent observer par rapport à un idéal révolutionnaire. Ils participent toutefois clairement à l’esprit anarchiste, lorsqu’ils déclarent : « Nous ne cherchons pas à trouver une place au sein des discussions entre les maîtres du monde, nous voulons qu’il n’y ait plus de maîtres du monde. »
(FDD)


POURQUOI ETIONS-NOUS A GENES ? [14]
Communiqué d’un groupe affinitaire
actif au sein d’un Black Bloc actif à Gênes le 20 et 21 juillet 2001

Pour mettre en pratique massivement notre contestation d’un monde que nous refusons dans sa totalité (le monde de toutes les dominations, de toutes les oppressions, de toutes les exploitations).

QU’AVONS-NOUS FAIT A GENES ?
Nous nous sommes attaquéEs à ce qui faisait partie intégrante de la bonne marche des dominations étatiques, capitalistes et patriarcales : banques, agences immobilières, concessionnaires automobiles, stations essence, agences de voyages, panneaux publicitaires (en particulier, mais pas seulement, ceux utilisant le corps des femmes comme des vecteurs de marchandisation), etc.
Nous avons ici et là empêché la police de prendre le dessus sur les manifestantEs, de façon à ce que les rues soient nôtres, soient celles de la subversion, le plus longtemps possible au cours de ces journées.
QUE VOULONS-NOUS ?
Nous pensons que la mise en place d’une société dans laquelle chacunE aurait le pouvoir de diriger sa propre vie comme il/elle l’entend (ou en tout cas, une société qui le permette, une société sans hiérarchie, une société qui soit vecteur d’émancipation collective et individuelle) n’est pas envisageable sans la destruction complète des oppressions qui sont à la base des sociétés patriarcales et capitalistes occidentales. Si nous avons conscience que casser des vitrines, brûler des banques, même pour plus de cent millions de francs français de dégâts, ne révolutionnera pas le monde, nous pensons que c’est un moyen concret de déstabilisation des pouvoirs en place, et nous espérons également que cela puisse être la démonstration d’une colère qui doit se généraliser si nous voulons un jour ou l’autre vivre pleinement nos idées.
Nous ne cherchons pas à trouver une place au sein des discussions entre les maîtres du monde, nous voulons qu’il n’y ait plus de maîtres du monde. Nous ne reconnaissons aucune légitimité aux protagonistes du G8, comme nous n’en reconnaissons aucune à ceux de l’Union Européenne, de l’OMC, du FMI, de la Banque Mondiale, etc. Les chefs d’Etats ou de multinationales sont les plus hauts responsables de la dépossession de notre propre pouvoir sur nos vies. Ce n’est pas avec eux que l’on doit discuter de nos envies et de nos désirs puisqu’ils représentent des remparts à ceux-ci.
Nous ne voulons pas une amélioration du système politique, social et économique en place, nous voulons son remplacement par un ou des systèmes de vie collective autogérés, au sein desquels chacunE a son mot à dire, dans lesquels l’entraide est le but (et non la concurrence). À notre avis, les propositions de réformes du système capitaliste mondial ne sont que de naïves illusions qui permettent à celui-ci de perdurer grace à quelques semblants de « démocratie ». Concrètement, les réformes proposées par quelques groupes politiques et/ou associatifs (taxe Tobin, revenu garanti, etc.) ne changent rien aux rapports sociaux actuels et ne font qu’accroître la soumission massive des populations aux pouvoirs politiques.
CE QUE NOS DETRACTEURS ONT TOUT INRERET A FAIRE CROIRE :
Que nous sommes des irrésponsables haineux-haineuses venuEs sans aucun autre objectif que « tout casser ». Que nous ne sommes que des jeunes hommes en manque d’émotions fortes, de décharges d’adrénaline, etc.
Nous pourrions nous contenter de répondre qu’il y avait une présence importante de femmes dans les black blocs, mais là n’est pas vraiment le propos : au sommet du G8, il n’y avait pas beaucoup de femmes et personne n’a semblé s’en plaindre. Le propos de telles critiques est de sous-entendre qu’en dehors de la destruction de biens matériels nous n’avons rien à proposer. Pourtant, en tant que groupe d’action au sein d’un black bloc, nous avons exprimé de nombreuses idées à l’aide de bombes de peintures sur les murs de la ville, et nous en avons lu énormément, écrites par d’autres : anarchie, autonomie ouvrière, lutte des classes, autogestion, refus du capitalisme, des banques, des frontières et des Etats, du patriarcat, du sexisme, de la marchandisation des femmes, de l’homophobie et de la lesbophobie, pour la libération animale, les squats, la libération de la Palestine, l’action directe, slogans « straight-edge » (refus de l’alcool, du tabac et de toutes autres drogues), etc.
Lors de ces journées émeutières, au sein de notre groupe d’affinité, nous avons voulu fonctionner sur un mode égalitaire. Les médias, comme les grandes organisations pacifistes, nous disent « casseurs aux méthodes masculines ou militaires ». Curieusement, il y avait dans notre groupe affinitaire plus de femmes que d’hommes, et nous ne pourrions dire qui aurait pu faire office de Général... Même si beaucoup de décisions avaient à être prises rapidement, nous avons tenté d’écouter la voix de touTEs, en particulier de celles et ceux qui se sentaient le moins rassuréEs. Quant au discours pseudo-féministe tentant de nous convaincre que la « casse » est une affaire d’hommes, que veut-il dire exactement ? Que la manière non-violente d’utiliser son corps est bien plus cohérente pour des antisexistes ? Etre passive et victime, douce et modérée, sont pourtant des clichés féminins contre lesquels beaucoup de femmes se battent depuis très longtemps. En tant qu’oppriméEs, notre moyen de lutter n’est pas de nous noyer encore plus dans notre misère et d’adopter un discours misérabiliste qui attendrira éventuellement l’opinion publique pendant une semaine.
Si nous avions des raisons politiques bien précises de pratiquer la destruction de biens matériels, nous ne cacherons pas que briser directement les obstacles quotidiens à notre bien-être est un sentiment jouissif. Nous n’attendons pas le Grand soir ; nous voulons dépasser les plaisirs normés et les peurs que ce vieux monde nous impose, et c’est bien parce que nous vivons dans un monde monotone et effrayant, composé de devoirs, de « droits », de supermarchés et de flics, que le détruire se doit d’être jouissif. La destruction de biens matériels est la démonstration en actes qu’il y a des problèmes politiques et sociaux. De toute façon, la « casse » est pour nous une tactique réfléchie et adaptée à la situation, elle va bien au-delà du « défouloir pour violents ». Les objets, vitrines, enseignes cassés ne sont pas pris au hasard. Ils sont ciblés en fonction de l’impact qu’ils ont sur notre vie quotidienne. Nous les détruisons parce qu’ils sont parmi les atouts de nos sociétés « spectaculaires marchandes », parce qu’ils représentent notre propre destruction.
Que nous avons été manipuléEs, par des forces politiques « au-dessus » de nous, notamment par la police. Que nous avons été infiltréEs par la police.
Ce que nous avons fait à Gênes, nous avions prévu de le faire. Et manifestement, comme prévu, la police ne nous a pas aidé. Dès qu’elle en avait la possibilité, la police s’attaquait violemment aux black blocs. C’est grâce à des réactions tactiques, stratégiques, que nous avons pu éviter de nous faire massacrer (solidarité de groupe, jets d’objets sur la police, barricades, mobilité et mouvements de foule, etc.). Nous ne nions pas la possibilité que des policiers « déguisés » se soient infiltrés dans certains black blocs. Il semblerait logique qu’il y ait eu des policiers infiltrés dans tous les cortèges. Certains, par exemple, se faisaient passer pour des journalistes ou des ambulanciers. C’est un moyen de contrôle bien connu pour identifier et étudier les manifestantEs et leurs agissements. Par rapport à cela, notre but est bien évidemment de les repérer et de les faire dégager.
A Gênes, nous avions prévu de nous attaquer à des bâtiments représentant diverses formes de pouvoir. Nous nous sommes exécutéEs avant que de quelconques provocations policières puissent avoir lieu. Nous l’assumons entièrement et tenons à faire remarquer que si la police a bien évidemment participé directement aux violences de ces deux jours, c’est en s’attaquant aux manifestantEs, de toutes parts. La violence policière s’est exprimée massivement sur quelques km2 à Gênes, de la même manière qu’elle le fait quotidiennement partout ailleurs. Pas besoin de manifester contre le sommet du G8 pour ça.
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MessageSujet: re   black-blok EmptyDim 3 Avr - 13:55

Que les blacks blocs, « une minorité de manifestantEs », ont gâché la fête.
Le but des manifestantEs était, pour la quasi-totalité, de rentrer dans la zone rouge, de perturber le sommet du G8. Nous avons à notre façon perturbé le sommet du G8. A Gênes, les maîtres du monde voulaient être tranquilles. Vingt mille policiers devaient leur assurer la paix sociale. Cela n’a pas fonctionné du tout puisque ces milliers de sbires n’ont pu s’empêcher de tuer une personne, d’en blesser plus de six cents, d’en arrêter et d’en torturer des centaines... Diaboliser les black blocs est très utile pour certains partis et organisations politiques, qui par contre coup sont les seuls détenteurs d’une légitimité à manifester. Mais la division manichéenne des manifestantEs en « gentilLEs pacifistes » et en « méchantEs casseurs et casseuses » ne peut que faire le jeu du pouvoir, qui n’a pourtant pas fait de détail quand il s’est agi de réprimer le plus brutalement possible. Cette division est d’autant plus incohérente lorsqu’elle provient de personnes dites de gauche, qui soutiennent certaines luttes armées comme celle au Chiapas. Est-ce que c’est parce que nous, occidentaux et occidentales, nous souffrons moins du capitalisme que d’autres et que certaines femmes sont moins ouvertement opprimées, que notre tentative d’ébrécher le système est moins légitime ?
D’autre part, nous tenons à rappeler que plusieurs milliers de manifestantEs ont pris part à la destruction de biens matériels et aux affrontements avec la police, que ce soit de façon préméditée ou spontanée. Il ne s’agit pas d’une « minorité » de personnes, pas plus en tout cas que les autres cortèges n’étaient des « minorités », chaque groupe ayant sa manière d’agir.
Enfin, Bush a reproché aux manifestantEs de prétendre représenter les pauvres. Pour ce qui nous concerne, qu’il se rassure, nous ne représentons que nous-mêmes. Mais c’est déjà énorme, et plus nous serons nombreux et nombreuses à parler et à agir contre ce vieux monde, plus Bush aura de raisons de trembler au fond de sa Maison Blanche... La révolte contre ce monde n’est pas minoritaire, encore moins anecdotique, elle s’exprime partout à travers le monde, dans les écoles, les cités, les rues, etc.

(Rédigé début août 2001)


--------------------------------------------------------------------------------

ANNEXE
conseils tactiques et pratiques
Cette liste de conseils tactiques et pratiques est parue dans le mensuel Le Couac, dans son édition d’avril 2001, sous le titre « Sommet des Amériques : Les policiers sont prêts, ne les décevez pas ! ».
Le 19 avril, première journée du Sommet officiel et des affrontements entre citoyens manifestants et citoyens en uniforme, de très nombreuses photocopies de cette liste avaient été colées sur les murs de la rue Saint-Jean, à Québec. Le samedi, elles avaient toutes été arrachées... Cette liste est reproduite ici car elle est révélatrice de l’état d’esprit des manifestants avant et pendant les grandes manifestations « antimondialisation ».

Avant l’action
• Prévoir des plans d’action et des points de rencontre en fonction de la tournure des événements.
• Prévoir avec votre groupe d’affinité la stratégie a adopter en cas d’arrestation (accepter de s’identifier ou non, etc.).
• Choisir une personne qui restera en retrait de l’action et qui aura en sa possession vos noms et numéros de téléphone ainsi que ceux des personnes à contacter si vous êtes arrêté.
• Peu importe ce que vous choisissez de porter pour vous protéger, soyez conscient qu’un masque à gaz, par exemple, peut intimider les autres manifestants et faire de vous une cible privilégiée pour les policiers.

Pendant l’action
• Évitez de vous retrouvez seul (si le groupe se disperse, restez en sous-groupes).
Au poste ou en prison
• En cas d’arrestation, vous n’êtes tenu que de dévoiler votre nom, date de naissance et adresse.
• Lors de l’interrogatoire, ne jamais donner d’information cocnernant d’autres personnes.

Conseils pratiques
• Si vous avez des cheveux longs, attachez-les. Cela offrira moins de prise aux policiers...
• Évitez les boucles d’oreille et autres bijoux.
• Vêtements confortables - mais pas trop amples - qui couvrent bien tout votre corps.
• Pour vous protéger les yeux contre le poivre de Cayenne et les gaz lacrymogènes, portez des lunettes de ski ou de natation avec lentilles anti-buée et un foulard imbibé de vinaigre. Le masque à gaz offre tout de même une meilleure protection.
• Portez des gants si vous voulez relancer aux policiers les cannettes de gaz lacrymogène ou de poivre de Cayenne qu’ils vous auront généreusement lancés les premiers...
• Inscrivez les numéros de téléphone importants (avocats, maman, etc.) sur votre bras à l’encre indélibile.
• Dans les poches : de la monnaie pour téléphoner ou prendre l’autobus. À éviter : votre canif et votre drogue (vous ne voulez tout de même pas que les policiers fument votre « stock »).
• Choisissez des souliers confortables. Vous pourriez avoir à courir ; laissez vos talons hauts chez vous !

Sac à dos
• Nourriture : prévoyez un gouté à haute teneur en énergie (barres tendres, noix, etc.). Beaucoup, beaucoup d’eau !
• Vêtements de rechanges (si vous avez été aspergé au poivre de Cayenne ou au gaz lacrymogène) et peut-être un imperméable.
• Papier et crayon.
• Prévoyez des serviettes sanitaires et des tampons (rappelez-vous qu’en prison, vous ne pourrez pas aller aux toilettes quand vous voulez ; privilégiez les serviettes).
• Trousse de premiers soins : bandages, bandelettes de gaze, pansements adhésifs, comprimés contre la douleur et les maux de tête. Si vous devez prendre des médicament (diabète, asthme, etc.) assurez-vous d’en avoir en quantité suffisante.

Si vous êtes aspergés de poivre de Cayenne ou de gaz lacrymogène
• Avant : Lavez vos vêtements, cheveux et peau avec du savon biodégradable (sans produit chimique). Évitez tout type de crème hydratante et lotion.

• Pendant : Rincez les yeux avec la solution d’eau et Maalox, du coin intérieur de l’oeil vers l’extérieur, la tête en arrière et légèrement tournée du côté de l’œil à rincer. Si vous portez des lentilles cornéennes, faites-les enlever immédiatement par une perosnne qui n’a pas été aspergée. Pour la bouche, crachez, ne pas avaler, se moucher, rincer avec de l’eau ou avec la solution d’eau et de Maalox.

• Après : Prenez une douche tiède et lavez tous vos vêtements avec du détergent à lessive non biodégradable. Pour les yeux et la bouche : solution à base d’eau et de liquide anti-acide (Maalox) que vous devrez mélanger dan sune bouteille dans une proportion 1/1.



NOTES :

[1] Pour une introduction à ce modèle économique, voir : Normand Baillargeon, Les Chiens ont soif. Critiques et propositions libertaires, Montréal, Comeau & Nadeau, 2001, p. 163-178.

[2] Voir le Communiqué du collectif-ACME reproduit dans ce livre, pour une réplique à M. Albert.

[3] MICHAEL ALBERT, « ON TRASHING AND MOVEMENT BUILDING », SUR LE SITE INTERNET : WWW.ZMAG.ORG/ON_TRASHING.HTM. MERCI A M. ALBERT POUR NOUS AVOIR ACCORDE LA PERMISSION DE REPRENDRE CE TEXTE. TRADUCTION DE THOMAS DERI ET FRANCIS DUPUIS-DERI.

[4] Reserve Officers Training Corps - le Corps d’entrainement des officiers de réserve (note de Fdd).

[5] C’est précisément la tactique qu’adoptèrent, du moins en partie, les Black Blocs à Washington D.C. lors de manifestations contre le Fonds monétaire international et la Banque mondial, en avril 2000, et à Québec, lors des manifestations contre le Sommet des Amériques, en avril 2001 (note de FDD).

[6] Sans doute une pointe ironique décochée à l’intention de la section « ACME » du Black Bloc de Seattle, qui a rédigé et diffusé un communiqué justifiant les attaques contre la propriété privée (voir le texte reproduit dans ce livre) (note de FDD).

[7] Groupe terroriste de jeunes américains blancs actifs vers 1970. Les membres étaient issus de groupes radicaux non-terroristes tels que le Students for a Democratic Society (note de FDD).

[8] Voir sur Internet : www3.sympatico.ca/emile.henry/blacbloc.htm.

[9] Collectif ACMÉ, N30 Black Bloc Communique by ACME Collective : A Communique From One Section of the Black Bloc of N30 in Seattle, www.zmag.org/acme.htm. Traduit de l’anglais par Thomas Déri et Francis Dupuis-Déri. Ce texte est libre de droits.

[10] Plusieurs commentateurs ont laissé entendre que les participants au Black Bloc venaient d’une petite ville d’Orégon nommée Eugène, où ils auraient été sous l’influence de John Zerzan, un auteur anarcho-primitiviste (note de FDD).

[11] L’expression anglaise est « rioting cops », ou « policiers menant une émeute », qui évoque le concept d’« émeute policière » (note de FDD).

[12] Voir le site Internet , les documents « States of Unrest I », « States of Unrest II » et « States of Unrest III ».

[13] Collectif de réflexion sur l’air des lampions, « Le faux débat sur la violence dans les manifestations anti-globalisation », et .

[14] CE TEXTE SE RETROUVE SUR PLUSIEURS SITES INTERNET, DONT : WWW.AINFOS.CA ; WWW.CNT-2EME-UR.ORG ; WWW.1LBERTAIRE.FREE.FR ; HTTP ://PERSO.CS3I.FR/DO/.
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biblio....

Les Black Blocs
Quelques pistes pour poursuivre le débat


Ouvrages collectifs ou numéros spéciaux de revues contenant plusieurs communiqués et manifestes :

Collectif, Des Black Blocs pas vraiment sans Gênes, Grenoble, éditions Zanzara athée (pour information : http://infokiosques.net/zanzara).
Collectif, Gênes, 19-20-21 juillet 2001, multitudes en marches contre l’Empire, Éditions REFLEX, Paris, 2002.
Darkveggy, Black Blocs, au singulier ou au pluriel... Mais de quoi s’agit-il donc ?, Éd. Turbulentes et éditions Zanzara athée .
David et X (du Green Mountain Anarchist Collective) (dir.), The Black Blocs Papers, Baltimore, Black Clover Press, 2002 (contact Internet : [Email]).
F. Dupuis-Déri (dir.), Les Black Blocs : La liberté et l’égalité se manifestent, Montréal, Lux (1ère édition), 2003.

Voir aussi :

« Appel pour un Black Bloc au sommet des Amériques »,
source : Agence électronique d’information anarchiste A-infos : www.ainfos.ca (29 octobre 2000).
Evian 2003 - Il faut éliminer le G8, mais pas seulement, éditions Zanzara athée.
« Lausanne : des blacks & pinks témoignent et revendiquent »,
source Internet : http://www.paris.indymedia.org.
« Pourquoi étions-nous à Gênes ? Communiqué d’un groupe affinitaire actif au sein d’un Black Bloc actif à Gênes le 20 et 21 juillet 2001 », diffusé sur plusieurs sites Internet : www.ainfos.ca ; www.cnt-2eme-ur.org ; http://perso.cs3i.fr/do/.
Seattle 30/11/99, Du bon usage de la théorie, Éd. Turbulentes et éditions Zanzara athée.

Voir aussi :

Collectif de réflexion sur l’air des lampions, « Le faux débat sur la violence dans les manifestations anti-globalisation »,
diffusé sur plusieurs sites Internet : www.ainfos.ca et www.bibliolib.net.

Articles d’analyse sur les Black Blocs

« Le Black Bloc à Québec : Une analyse », source Internet : www.cnt-2eme-ur.org/HTML/DOSSIERS/B...
Michael Albert, « On Trashing and Movement Building », source Internet : www.zmag.org/on_trashing.htm.
F. Dupuis-Déri, « Penser l’action directe des Black Blocs », Politix, décembre 2004.
Lyn Gerry, « Linguistic analysis of the Black Bloc Communique : Refutation of the claims that the N30 Black Bloc communique is “proof’ that they are agents provocateurs” », source Internet : www.infoshop.org.
Guerre de klasses et bande passante, « Gênes : police infiltrée par le Black Bloc ou le contraire », source Internet : www.ainfos.ca/01/aug/ainfos00242.html
Jérôme Montes, « Mouvements anti-mondialisation : La crise de la démocratie représentative », Études internationales, vol. XXXIII, n° 4, décembre 2001.
Geoffrey Pleyers, « Des black blocks aux alter-activistes : Pôles et formes d’engagement des jeunes altermondialistes », Lien social et politique, n° 51, printemps 2004.

Étude sociologique sur les « émeutes politiques » du mouvement altermondialiste

Clément Barette, La pratique de la violence politique par l’émeute : Le cas de la violence exercée lors des contre-sommets » (Mémoire de Diplôme d’études approfondies en sociologie politique), Université Paris I - Panthéon-Sorbonne, 2002.

Quelques ouvrages et articles généraux sur le mouvement altermondialiste

Eric Agrikoliansky, Olivier Fillieule, Nonna Mayer (dirs.), L’altermondialisme en France : Genèse et dynamique d’un mouvement social, Paris, Flammarion, janvier 2005.
Florence Aubenas et Miguel Benasayag, Résister, c’est créer, Paris, La Découverte, 2002.
Morjane Baba, Guérilla Kit : Ruses et techniques des nouvelles luttes anticapitalistes, Paris, La Découverte, 2003.
Donnatella della Porta et H. Reiter, 2002, « Mouvement « antimondialisation » et ordre public », Cahiers de la Sécurité Intérieure, n° 47.
F. Dupuis-Déri, « En deuil de révolution ? Pensées et pratiques anarcho-fatalistes », Réfractions, n°13, automne 2004.
Patrick F. Gillham et Gary T. Marx, « Complexity & irony in policing and protesting : the World Trade Organization in Seattle », Social Justice, vol. 27, n° 2, 2000.
Pierre-Édouard Guerinet, Le sommet du G8 de Gênes : La contestation et ses images - entre spectacle de la violence et fête obligatoire, Éditions La lézarde [Email]).
Tim Jordan, S’engager ! Les nouveaux militants, activistes, agitateurs..., Paris, Autrement, 2003.
Tom Mertes (dir.), A Movement of Movements : Is Another World Really Possible ?, Londres, Verso, 2004.
Eddie Yuen, Daniel Burton-Rose, George Katsiaficas (dirs.), Confronting Capitalism : Dispatches From a Global Movement, New York, Soft Skull press, 2004.

Voir aussi le dossier spécial « Revenir aux luttes », Agone, no. 26/27, 2002.

Numéros spéciaux de revues sur l’anarchisme et la « violence »

« Anarchisme, non violence, quelle synergie ? », revue Alternatives non-violentes, n° 117, hiver 2000/2001.
« Violence, contre violence, non-violence anarchistes », Réfractions, n° 5, printemps 2000.

Quelques films sur les manifestations du mouvement altermondialiste

Berlusconi’s Mouse Trap - Genova 19-21 July 2001, produit par Aarqkrip-Indymedia Irland, 2002.
Vue du Sommet, de Magnus Isaacson, Office National du Film, Canada, 2001.
Zones grises, de David Nadeau et Nicolas Bélanger, Québec, productions Hoboygays et Paysdenvie, 2002.
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MessageSujet: ...   black-blok EmptyVen 15 Avr - 1:48

Updated: December 25, 2004

Black blocs have been in the news often in recent years as militant protests grow against capitalism, the state, and war. This series of web pages attempts to explain what black blocs are, who does them, their history, and how to do organize one. There are also many misconceptions out there about black blocs, which we will try to address.

A black bloc is a collection of anarchists and anarchist affinity groups that organize together for a particular protest action.The flavor of the blackbloc changes from action to action, but the main goals are to provide solidarity in the face of a repressive police state and to convey an anarchist critique of whatever is being protested that day.

Black Block FAQ
What is a black bloc? Is the black bloc an organization? Why black blocs? Are black blocs just for anarchists? How did black blocs originate? Does the black bloc promote violence? Why do black blocs attack the police? What is "unarresting?" Why does everybody wear black? Do you have to wear black?

How do we organize a black bloc?
Coming soon.

Black Bloc Calls and Texts
N30 Black Bloc Communique (Seattle 1999)

Do you have more pictures?

Yes, click here.

What are some common anarchist criticisms of the black bloc?

For starters, check out Jim Bray's (Working)Start of Critique of Black Bloc Technique.

I'm a journalist who would like to talk to anarchists. Who can I contact?

Please send an e-mail to chuck@tao.ca

Further reading?

"The Subversion of Politics: European Autonomous Social Movements and the Decolonization of Everyday Life" by George Katsiaficas (Humanities International Press).

A few notes about the RACB
Anarchist Black Bloc Press Release
Anarchist! Get Organized!
Jim Bray replies to Chuck0
Further listening?

A16 - Interview with Black Bloc member Flint Jones
A16 - Interview with anarchist organizer Chuck0
The Black Bloc Papers: An Anthology Of Primary Texts From The North American Anarchist Black Bloc 1999-2001

GREEN MOUNTAIN ANARCHIST COLLECTIVE

Black Clover Press
All the communiques from Seattle to Quebec City, together with a host of other commentaries, debates, comments and responses. All tied together with introductions and analysis from David and X of the Green Mountain Anarchist Collective.

Order from AK Press.

Upcoming blocs
No black blocs are scheduled at this time.
Pictures from past blocs

Black bloc in Sacramento at Biodev Conference - June 2003


Black bloc in Washington, DC - April 2003


Black Block at DNC Protests in Los Angeles (2000)


Black Block at DNC Protests in Los Angeles (2000)


May Day 2000 Black Block March in Chicago


May Day 2000 Black Block March in Chicago


A16 Black Bloc Washington DC


A16 Black Bloc Washington DC


1999 - Scene from Black Bloc at Millions for Mumia (Philadelphia)


Anarchists during A16



www.infoshop.org/blackbloc.html
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MessageSujet: ...   black-blok EmptyVen 15 Avr - 1:49

<Version 4.2 - January 31, 2004

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Frequently Asked Questions
General
What is a Black Bloc?

A black bloc is a collection of anarchists and anarchist affinity groups that organize together for a particular protest action.The flavor of the black bloc changes from action to action, but the main goals are to provide solidarity in the face of a repressive police state and to convey an anarchist critique of whatever is being protested that day.

Is the black bloc an organization?

The black bloc is a TACTIC, not a group or organization. Just like there cannot by the "Civil Disobedience Group," neither can the black bloc be an organization. Some people are under the mistaken impression that one can join the "black bloc organization." There is no standing black bloc organization between protests. There is the anarchist movement which always exists (and has been around for over a century). You can think of the black bloc as just a temporary collection of anarchists that represent a contingent in a protest march. The black bloc is a tactic, similar to civil disobedience.

Why a black bloc?

There are several reasons why some anarchists do black blocs at demos. These reasons include: 1) solidarity - a massive number of anarchists provides cover against police repression and it demonstrates the principles of working class solidarity; 2) visibility - the black bloc as gay pride march; 3) ideas - a way to present an anarchist critique of the protest du jour; 4) mutual aid and free association - provides a visual example of how affinity groups can come together in a larger group and articulate common goals; and 5) escalation - a method for ratcheting up a protest so that it goes beyond mere reformism and appeals to the state to remedy injustice.

Does the black bloc promote violence?

Again, the black bloc is a tactic used at major protest actions. The tactics used by a given black bloc are decided by those in the bloc. There isn't always agreement within the bloc about tactics, but there is tolerance of different tactics.

Why do black blocs attack the police?

During your typical street demonstration, the police inevitably show up and start causing problems. People might be exercising their rights to march down the street, or they might be hanging out in front of some building, but the cops can be counted on to show up and start causing problems. When you see violence in the streets during protests coming from protesters, most of the time this is in response to police violence. The police have attacked numerous black blocs without provocation and some participants in these black blocs have opted to fight back.

Secondly, because the police are in the way. While most anarchists oppose police brutality and seek an end to policing and prisons, our main targets are the rich and powerful. Since the police are the violent face of capitalism--in other words, the guard dogs for the rich--they are on the frontlines when the anarchists show up to pursue our class war against the rich.

Does one have to wear black to be in a black bloc?

No. Black is the color of anarchism, which is one reason it is called the "black" bloc. Anarchists wear black to dramatize the color of our politics. Black is also worn during street demonstrations because it helps provide anonymity. With the terrorist police forces videotaping and recording every protest, the only way some of us can participate is to wear black, including the black masks.

Isn't the black bloc just a bunch of young hooligans?

Black blocs have been comprised of people of many different ages. While participants in black blocs tend to be young--reflecting the demographic of most protesters--there have been quite a few people over the age of 30 in black blocs. There have been reports of black bloc participants who are in their 50s and 60s.

When people accuse the black bloc of being "young hooligans" they are engaging in ageism and in the process of marginalizing people because they choose to engage in a tactic that sometimes involves property destruction and violence. A few activists can't accept the fact that other activists actually do engage in property destruction. Dismissing the black bloc as "young hooligans" is a feeble attempt to deny the agency and politics of those that engage in black bloc tactics. The unstated assumption in this accusation is that those who are engaged in the black bloc "are going through a phase they they will grow out of."

Do all black blocs do property destruction?

It depends. The black bloc that marched in Seattle during the N30 anti-WTO protests is the one that put black blocs on the international radar. They engaged in a variety of activites, including property destruction.This was not mindless and adolescent vandalism--it was done for political reasons. By the way, not all members of the N30 black bloc were from Eugene Oregon. If you have more questions about anarchists at the Seattle protests, see our special FAQ.

Why do black bloc members wear masks?

Anarchists using the black bloc tactic wear masks for many reasons. The main one is the fact that the police videotape activists for their "Red" files. The police do this surveillance and information-gathering to frighten moderate activists from participation in protests and social struggle. The police do this even when there are laws against it (see red squads). Masks promote anonymity and egalitarianism. Instead of a "leader" yelling instructions to a protest group via a megaphone, those in the bloc make decisions among themselves. They also protect the identities of those who want to engage in illegal acts and escape to fight another day. Finally, as Subcommandante Marcos once wrote: "There are some black bloc anarchists who don't wear masks during blocs. These are usually the folks who are "out of the closet," so to speak.

What are some typical black bloc tactics?

Tactics vary from black bloc to black bloc. Some common ones include unarresting and arm-linking. Unarresting is where the bloc frees people who don't want to be arrested. This usually works if you outnumber the cops. It also works because most cops are shocked that activists would try and free someone. Arm linking, or locking, helps a bloc maintain cohesion and makes it harder for the police to disperse members. It's kind of like a police formation, although more fluid and organic.

History
Where do black blocs come from?

The black bloc tactic originated in Germany during the 1980s. It was a term coined by the police to describe the militant squatter youth and Autonomen who fought them in the streets. The first black bloc in North America was organized for the Gulf War protests (1991).

What are some examples of past black blocs in North America?

The black bloc wasn't invented in Seattle in 1999. There have been numerous black blocs at demos throughout the 1990s. One of the biggest was the 1999 black bloc at Millions4Mumia in Philadelphia, which numbered around 1500-2000. This was a good example of a nonviolent black bloc whose purpose on that day was to show solidarity for Mumia Abu-Jamal and to remind the Leftists in the movement that they shouldn't take us for granted (in fact several post-M4M articles in the Left press completely ignored the anarchist presence at Millions 4 Mumia).

A brief listing of notable black blocs

1992- Washington, DC - Black bloc during anti-Gulf War Protest. Windows of World Bank smashed.
1992 - San Francisco - Columbus Day - BB marches to protest 500 years of First Nations genocide.
1999 - April 24 - Philadelphia - 1500-2000 anarchists march in black bloc during Millions 4 Mumia march.
1999 - November 30 - Seattle - Black Bloc engages in some "anarchist shopping" in downtown business district
2000 - April 16 & 17 - Revolutionary Anti-Capitalist Bloc (RACB) at the A16 anti-IMF/World Bank protests in Washington, DC. Around 700-1000 participated on A16
2000 - May Day (May 1) - Black blocs in New York City, Chicago, and Portland, Oregon. The New York black bloc takes several pre-emptive arrests.
2000 - August 1 - Philadelphia - Street actions during GOP convention
If you'd like to learn more about the history of black blocs, click here.
Genoa
Wasn't the black bloc at the 2001 G8 protests in Genoa, Italy, organized by the police?

Anarchists from around the world organized and participated in black blocs at the 2001 G8 protests in Genoa, Italy. However, the Italian police also organized a fake black bloc using undercover police officers and neo-fascists from around Europe. These fake black blocs attacked other protesters, set cars on fire, and vandalized small businesses. It is suspected that the police organized these fake blocs to drive a wedge between moderate and militant protesters. Another goal may have been to demonize anarchists as "terrorists" in the eyes of the general public.

Criticism
What are some common anarchist criticisms of the black bloc?

For starters, check out Jim Bray's (Working)Start of Critique of Black Bloc Technique.

Further resources
Do you have more pictures?

Yes, click here.

I'm a journalist who would like to talk to anarchists. Who can I contact?

Please send an e-mail to chuck@tao.ca

Further reading?

"The Subversion of Politics: European Autonomous Social Movements and the Decolonization of Everyday Life" by George Katsiaficas (Humanities International Press).

A few notes about the RACB
Anarchist Black Bloc Press Release
Anarchist! Get Organized!
Jim Bray replies to Chuck0
Further listening?

A16 - Interview with Black Bloc member Flint Jones
A16 - Interview with anarchist organizer Chuck0
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MessageSujet: ...   black-blok EmptySam 3 Juin - 11:12

Une affection bâclée : Dupuis-Déri et les blacks blocs

La notoriété récente des blacks blocs, leur présence spectaculaire à
chaque manifestation d’une certaine ampleur des opposants à la
mondialisation (Gènes, Québec, Seattle, Prague) les interrogations sur
leurs motivations ainsi que la complaisance intéressée des médias
devaient nécessairement déboucher sur des livres. Au Québec un
politologue universitaire s’en est chargé[1] il y a quelques années.
Entre analyse sociologique et survol politique, l’auteur explorait la
stratégie et les principes anarchistes des blacks blocs. Il est
pertinent de revenir sur son analyse, même avec quelques années de
décalage, car ce petit livre illustre parfaitement l’ignorance, la
confusion et la prétention d’une pensée sociale qui ne s’embarrasse ni
des apports de l’histoire ni de possibles effets retours sur tous ceux
qui seraient séduits par les blacks blocs. Il est regrettable que cet
opuscule ait été écrit par un universitaire qui par ailleurs donne un
cours sur l’éthique alors que ces thèses en sont si totalement
dépourvues. Il est tout aussi regrettable que cette analyse puise
passer
pour une lecture radicale ou révolutionnaire d’un moment historique
particulier. Cette lecture parasite n’a, au contraire rien de radicale,
elle est l’expression d’une pensée morte dont l’expression embrouillée
est un moment nécessaire à la récupération de tous les combats et de
toutes les formes de résistance qui sont liés à ces luttes . De cette
façon, l’aliénation se perpétue sans mal : ceux qui se réclament
maintenant de l’anarchisme (cette idéologie qui a échouée en Espagne au
siècle dernier) ne propageant plus que des idées fausses.
Les blacks blocs sont nés d’une forte mobilisation d’individus
inorganisés autour des squats autonomes de Berlin ouest dans les années
80. Pour défendre des expulsions les squats du quartier de Kreutzberg,
ils utilisaient alors une tactique et une stratégie de convergence
rapide sur les lieux de l’affrontement mêlant solidarité active dans
l’action (priorité à la libération des arrêtés, premiers soins,
regroupements rapides et harcèlement) et résistance afin de lutter
efficacement contre les groupes tactiques policiers. Cette mini
guérilla
urbaine était adaptée à un quartier de Berlin où les autonomes
allemands
étaient majoritaires, remarquablement motivés et parfois protégés par
les habitants, eux-mêmes notamment les immigrés (majoritairement turcs)
et une frange importante des marginaux (artistes, chômeurs) de la
société berlinoise. Les groupes autonomes en RFA, en Italie et en
France, le mouvement punk en Angleterre, certains groupes à Madrid et à
Barcelone vont généraliser ces types d’actions offensives et
coordonnées
et, parallèlement, leurs critères de groupe et d’identification vont
évoluer vers des modes vestimentaires où le noir et le port des masques
vont se généraliser dans les manifestations pour tenter de générer un
certain anonymat des manifestants. La tentation de la violence incarnée
dans la rage et la haine ou dans le geste de révolte spontané (casse de
vitrines, incendies ciblés de banques, jets de pierres, pillage) va
devenir la marque distinctive de ces groupes. À ce sujet, il aurait
été
nécessaire que l’auteur indique le contexte révolutionnaire et social
dans lequel sont nés ces groupes autonomes et l’influence de ces
conditions d’émergence sur leur pratique et leur théorie. Il aurait
alors compris combien la tentation du terrorisme (souvent en arrière
plan lorsqu’on prône la violence sociale) de la pratique comme culte,
était considérable dans les années 70/80 en Europe. Elle ne fut écartée
qu’en partie en France (Action Directe) et après des débats difficiles
parmi les organisations les plus radicales alors qu’en Italie et en RFA
le terrorisme recouvrait peu à peu toutes les perspectives de la lutte
comme de la critique. Manipulés, infiltrés, détournés de leurs
objectifs
révolutionnaires, les activistes des Brigades rouges, de Prima Linea,
de
la RAF, et de tant d’autres groupes enfermés dans une logique
clandestine ont servi à atomiser considérablement un mouvement social
alors d’une certaine ampleur. Sur le continent
américain, les Weatherman ont joué le même rôle tragique d’une façon
encore plus isolée. Le militant américain Michael Albert a raison de
souligner, dans sa contribution à ce livre, que se sont souvent les
meilleurs parmi nos camarades qui avaient choisis la lutte armée, nous
rajouterons que par rejet viscéral de la théorie ils ont voué leurs
vies
à l’apologie désespérée de la “ pratique ”. Une des leçons de cette
fausse guerre aura consisté au moins à montrer la nécessité d’une
praxis
et non le fétichisme d’une lutte suicidaire, la réapparition cyclique
du
sacrifice.
Les conditions ont changé, la répression et le contrôle social se
sont
renforcés en partie à cause des effets du terrorisme de ces années-là,
mais la stratégie des Black bloc continue à colporter les illusions et
la fable de cette opposition extra parlementaire littéralement en écho
du pouvoir. Cette stratégie, si elle s’étend, conduit tout droit vers
l’exclusive d’une pratique érigée en dogme. Michael Albert a raison de
s’en inquiéter et de rappeler l’impasse dans laquelle se sont détruits
les Weatherman aux U.S.A. Maintenant que nous pouvons tirer partie de
l’enseignement de cet engrenage, de l’action directe au terrorisme,
nous
observons qu’il a été aussi un constat d’impuissance généralisé face
aux
impasses historiques du mouvement ouvrier et à la recomposition
nécessaire de sa praxis. L’insurrection devenue impatience solitaire et
apologie systématisée de la violence révolutionnaire a privilégié
l’urgence du désir, la réalisation du “ beau geste ”dont rien ne
garantit la pertinence de l’angoisse obsessive. Les textes des blacks
blocs cités dans le livre de Dupuis-Deri relèvent de l’incantation
subversive, de la magie du geste, d’une perception immédiate fermée à
son propre sens, d’un discours romantique et révolutionnaire qui est le
rêve de la chose mais non la chose elle-même. Aucune autre perspective
que cette stratégie de lutte, que la présence de gestes répétés issus
de
la souffrance du manque ne définit la différence et la cohérence de
leur projet historique. Or “ il n’est pas douteux, pour qui examine
froidement la question, que ceux qui veulent ébranler réellement une
société établie doivent formuler une théorie qui explique
fondamentalement cette société. ”[2] Voici une violente vérité qui
échappe à l’entendement des Blacks blocs comme à l’auteur du livre. Ou
plus récemment à Baillargeon dans son dernier morne livre[3].
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MessageSujet: ...   black-blok EmptySam 3 Juin - 11:12

Dans la première partie de l’ouvrage, l’auteur définit les groupes
qui
se réclament des blacks blocs non comme une organisation, ce qu’ils ne
sont pas en effet, mais comme un rassemblement informel de groupes
libertaires rassemblés autour d’une tactique de lutte. Chaque groupe
élabore librement la fameuse diversité des tactiques en fonction des
impératifs de la situation et des modalités des mots d’ordre, des
objectifs et des moyens d’y parvenir. La démocratie directe entre les
membres du groupe est la norme. Chacun(e) s’y exprime dans le respect
des principes anti-autoritaires et égalitaires anarchistes. L’accent
est
mis en permanence sur l’autonomie et le libre choix de chaque personne
dans l’élaboration de sa stratégie. Une fois posés les termes de
l’existence pratique de ces groupes affinitaires, l’auteur décrit leurs
pratiques insurrectionnelles dans le cadre des manifestations
anti-mondialisation. Il en développe les conséquences et les limites en
fonction des réactions des médias et des autres groupes de manifestants
(ATTAC et les altermondialistes notamment).
Sa vision des blacks blocs semble un joli conte de fée. Des
discussions
agitées ont en effet suivies les mobilisations anti-mondialisation, les
stratégies utilisées ayant trouvées plus que des limites : des
impossibilités. Ces analyses ont aussi libérés des frustrations
longtemps contenues. La démocratie interne des groupes a été souvent
vécue sous la forme d’un nivellement par le bas de la participation de
tous et par des spécialisations : de la parole, de l’action, de
l’organisation. Parallèlement, la posture romantique du héros radical,
la rhétorique du sacrifice, sacrifice au groupe, aux nécessités de la
lutte, ont été vécus comme la mise en place de systèmes compensatoires
au détriment d’une véritable réflexion théorique et pratique. Avec
toutes ces réserves, il s’est agi alors de poser les termes d’un
véritable débat d’orientation, de chercher à théoriser et à remettre en
cause des vérités installées dans l’évidence, d’y retrouver un élan
propulsif du moment que les
gens étaient prêts à lutter pour elles.
Dans cette première partie du livre, nous notons la complaisance avec
laquelle la problématique de la violence est débattue, justifiée sans
véritable pertinence révolutionnaire, du seul point de vue
spectaculaire, comme un syndrome généralisé et juste à tout moment de
la
pratique sociale. La violence existe quotidiennement dans la guerre
sociale actuelle. Les révolutionnaires doivent y répondre mais non par
une dimension anecdotique de la révolte qui n’exprime qu’une perception
immédiate privant la critique radicale d’une violence cohérente qui
soit
un réel dépassement de l’impuissance. Le rapport de forces est négligé,
l’expérience de la répression, les nombreuses arrestations et
emprisonnements récents sont oubliés. Les enseignements de l’histoire
concernant cette stratégie violente et fragmentaire de la pratique
rebelle sont occultés. La conduite de la lutte sous les drapeaux du
vandalisme, de la provocation, de l’envie d’en découdre sans véritable
plan qui vaille autre que la spontanéité sont données comme les règles
du jeu des blacks blocs. Bonnes sur le terrain des manifestations de
rue, il serait illusoire de vouloir généraliser celles-ci partout sans
un minimum de réflexion critique. Les Blacks blocs ont élaboré une
stratégie de survie dans les manifestations efficace pour eux. Mais il
semble qu’en dehors du terrain balisé de la manifestation de rue
commencent les difficultés à maintenir leurs thèses, indéfendables
ailleurs que sur un terrain réactionnel. Reste la rage mais la rage
n’est pas une stratégie limpide, elle pourrait devenir aveuglante et
verser dans une technique activiste dont l’efficacité semble plus
épanouie sous les caméras des TV, aidée d’une très trompeuse impunité
des groupes radicaux que les services spéciaux de la police infiltrent
si aisément. La matière de cette colère, son image ramenée trop
explicitement à ce qu’en attendent les médias masquent la vérité de la
substance révolutionnaire, réduite à l’oppositionnel, à la dépendance
et
finalement peu différente car réduite dans ce qu’elle préfigure (voir
le
texte Communiqué au sujet des tactiques et de l’organisation p. 87 et
suivantes du livre de Dupuis-Deri) à la violence d’état ou aux
stratégies militaires.

La conjoncture historique, l’autonomie comme conscience, la théorie
du
mouvement réel, la cohérence expérimentale de ces nouvelles formes de
regroupement stratégique, la nécessité d’une pratique renouvelée, tous
ces détails ne sont jamais abordés du point de vue de la critique dans
ce livre mais seulement repoussés très loin, dans l’écho simplifié
d’une
expression radicale et non d’un point de vue qui tendrait à devenir
unitaire. “ L’accent mis sur la gestualité rebelle occultait à ses
chroniqueurs la mutilation produite : jamais on n’aura rassemblé
autant
de préceptes d’activisme et d’aventure pour masquer les mésaventures du
spontanéisme, partout où celui-ci se postulait comme le court circuit
capable d’abolir magiquement le manque à soi réciproque de théorie
pratique et d’auto conscience critique. ”[4] Au fond, ce qui intéresse
Dupuis-Déri, c’est de montrer que le zèle activiste des blacks blocs ne
doit pas dérouter les organisations réformistes (p.53 et suivantes-
chapitre anti-mondialisation). Au contraire, derrière le visage de
cette
violence, se dissimulent des gestes qui font avancer l’histoire et que
les réformistes pourraient et devraient récupérer à leur profit. En
vérité, cette interprétation n’est pas dépourvue d’humour involontaire.
Ce sens commun de l’honnête rentier politique, éternelle duplicité de
la
récupération, est toujours soucieux de légalité, là où même les
organisations réformistes, dans leur conscience simple, prennent pour
argent comptant leur condamnation dans les intentions des blaks blocs
qu’on sait assez subversives pour s’affronter durement à leurs services
d’ordre.

La deuxième partie du livre, Les Blacks Blocs par eux-mêmes, comprend
des documents ayant circulés à peu près tous sur le net et le texte
critique du militant américain Michael Albert. Ces documents n’ont rien
de véritablement inédit, toutefois ils nous inspirent un certain nombre
de commentaires. D’une façon générale, la sympathie de l’auteur envers
les Blacks blocs augmente la valeur de reconnaissance de leurs faits
d’armes, de leurs pensées. Elle renforce la rumeur spectaculaire de
leur
efficacité en tant que groupe. Qu’en est-il vraiment ? Les textes
proposés et attribués aux blacks blocs sont d’une indigence théorique
et
critique totale. Par exemple le texte ( Communiqué au sujet des
tactiques et de l’organisation p. 87) qui décrit l’organisation
révolutionnaire idéale va jusqu’à proposer une très militaire structure
de commandement basée sur des principes anarchistes entretenant (on ne
sait trop comment) la fameuse spontanéité anarchiste. Nous signalons
aux
auteurs de ce texte désolant que les conditions historiques et sociales
ont largement changé depuis la Colonne de fer de Durruti. On ne saurait
sacrifier, sous prétexte d’une efficacité qui reste à prouver, à la
prudence et à la vision claire du rapport de force actuel. Un peu de
bon sens suffirait parfois à clarifier la pensée.
La mise en place de structures clandestines ou semi-clandestines
basées
sur la seule exigence d’une stratégie toujours plus efficace mérite
qu’on s’attarde au moins au niveau théorique à la prise de risques dans
un livre qui entend traiter de ce sujet. Mais ici, il n’y a aucune
analyse critique, aucune objectivité, aucune perception des limites de
l’attitude proposée. Seul le texte de Michael Albert commente avec une
bienveillante compréhension, la dérive suicidaire qui attend ceux parmi
les Blacks blocs qui seraient les plus impatients, les plus en colères
pour accélérer la venue du Grand Soir. Dupuis-Déri qui « s’intéresse
aux
questions d’éthique que soulèvent les actes de désobéissance et de
contestation politiques, qui s’inspire des théories de l’éthique
délibérative pour penser la légitimité de ces actions directes [5] »,
ce
professeur donc aurait du poser quelques gardes fous aux textes de ces
Blacks blocs. Gardes fous explorant leur idéologie pour mieux en faire
sentir les passions intérieures exacerbées. La criminalisation du
mouvement anti-mondialisation, les exemples de manipulation (le Groupe
Germinal au Québec par exemple) sont restitués au niveau de la pure
surface journalistique. Il aurait été judicieux de se demander en quoi
les membres du groupe Germinal ont fait preuves d’inconscience et de
naïveté, quelles étaient leurs prédispositions – jeunesse,
enthousiasme,
confusion théorique- pour constituer la cible du SCRS, en quoi
étaient-ils manipulables, etc.
L’absence de critique solide, une certaine indulgence, aboutit en
conclusion, à proposer l’idéologie des Blacks blocs comme une
alternative crédible et efficace de lutte. Nous y voyons avant tout des
actes groupusculaires, une sorte d’anticipation et d’espoir dans
l’avènement d’une guérilla pour le moment sans moyen, une colère
subversive aux batailles fictives qui peuvent conduire aux sordides
tragédies vécues en Italie, en RFA et en Espagne. Le temps du
terrorisme, de l’action directe anarchiste, des Netchaïev et Ravachol,
Bonnot, etc.… est révolu. Il faut inventer d’autres gestes, d’autres
vérités qui soient gagnantes et symbolisent la vie, non le nihilisme et
le désespoir. La naïveté et la confusion des arguments avancés (se
procurer des armes p.129, la logique proactive des groupes p.168, la
gauche anarchiste – qu’est ce qu’une gauche anarchiste dont les deux
termes conceptuels s’annulent?- p.89, l’exemple direct d’un style de
vie p. 93) rappellent les pratiques des communautés thérapeutiques, ces
bases révolutionnaires, lieux d’utopies concrètes, mises en place en
Italie par les autonomes des années 80 afin d’expérimenter de nouveaux
rapports humains, des stratégies de lutte et de survie abordées comme
une préfiguration du communisme réalisé. Elles se sont toutes terminées
en désastre humain. Quand ce ne furent pas la drogue et les suicides,
la
police s’en est occupée avec une rare détermination en les assimilant
avec des bases terroristes. Ces enclaves “ libérées ” se sont avérées
des pièges encore plus archaïques que la théorie qui était à leur
origine pour toute une frange jeune et insuffisamment préparée à faire
face à ce genre de mystifications.
Les blacks blocs, du moins ceux des communiqués proposés par le livre
de
Dupuis-Déri, passent beaucoup de temps à se justifier (p.178-179 par
exemple). C’est du moins une interrogation en négatif de la légitimité
de leurs stratégie.

Enfin, le spectacle, le show de cette lutte fragmentaire fait partie
du
mythe des Blacks blocs. Les médias (Dupuis-Déri a été lui-même
commentateur pour R.D.I., une chaîne de Radio Canada) ont largement mis
en scène la caricature de ces blacks blocs dont la sincérité a été
constamment dévoyée en une apologie de la brutalité et de la “ casse ”,
bonne à augmenter les taux d’écoutes et à faire frémir les bourgeois.
C’est avec le soutien des TV, les interviews complaisantes (BB2, BB3
(?)
dans cet ouvrage), la tendance à s’insérer comme un élément
esthétiquement présentable du spectacle, la séduction d’un vedettariat
passager, que l’image publique des Blacks blocs progresse en clameurs
et
confusions du spectre du chaos. Ce qui manque dans ce livre c’est une
dimension critique tournée vers l’histoire. Encore faut-il en être
capable, c’est vrai. Les blacks blocs admirent les grands mythes
anarchistes (La commune de Paris, l’Ukraine révolutionnaire, l’Espagne
de 36, Mai 68), mais ils ont manifestement à découvrir les théoriciens
et les activistes qui ont rendu possibles ces évènements ou qui les ont
interprétés du point de vue de la révolution. À commencer par Debord
qu’ils recommandent pourtant (p.130) et qui écrivait dans la société du
spectacle, thèse 93 : les anarchistes, qui se distinguent explicitement
de l’ensemble du mouvement ouvrier par leur conviction idéologique,
vont
reproduire entre eux cette séparation des compétences, en fournissant
un
terrain favorable à la domination informelle, sur toute organisation
anarchiste, des propagandistes et défenseurs de leur propre idéologie,
spécialistes d’autant plus médiocres en général que leur activité
intellectuelle se propose principalement la répétition de quelques
vérités définitives.

Debord avait anticipé ce qui ne peut manquer d’arriver : la
déliquescence des Blacks Blocs. Il avait aussi prévu, mais c’était sans
doute plus facile, la médiocrité des commentateurs. Ce livre en est une
bonne illustration.


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